Affaire Jubillar : "Et si on lui avait coupé le doigt ?", la question qui a créé le malaise au procès
Un moment de gêne palpable dans la salle d’audience. La semaine dernière, devant les assises du Tarn, le cinquième jour d'audience du procès de Cédric Jubillar s’est ouverte sur le témoignage de l’ancien procureur de Toulouse. Mais la journée a surtout été marquée par les auditions de deux experts ingénieurs en téléphonie, qui ont relancé les interrogations autour du mystérieux déverrouillage du téléphone de Delphine.
Le 16 décembre 2020 à 6h52, soit plusieurs heures après la disparition de Delphine Jubillar, une trace d’activité est détectée sur son téléphone. L’appareil est déverrouillé manuellement pendant 16 secondes. L’origine de ce geste intrigue : qui, ce matin-là, a manipulé le téléphone de l’infirmière disparue ?
Son téléphone déverrouillé après sa disparition
Le téléphone de Delphine Jubillar n’a jamais été retrouvé, mais les données de ses comptes Google permettent d’en retracer partiellement l’usage dans la nuit du 15 au 16 décembre. Les experts ont donc travaillé à partir des données Google issues de ses deux comptes Gmail. Selon eux, le téléphone est resté immobile à plusieurs reprises durant la nuit mais à minuit 07 et 1h22, des déverrouillages sont détectés.
À 1h34 du matin, une trace indique que la caméra du téléphone a été activée. Puis, à 6h52, une nouvelle trace apparaît : le téléphone est à nouveau activé. Deux minutes plus tard, à 6h54, une autre donnée, étrange, s’ajoute : un "Discover vide", jamais reproduit depuis. Selon l’expert, il s'agit d’une donnée liée à une publicité comme le précise Midi Libre.
Le téléphone éteint “proprement” à 7h48
À 7h48, le téléphone se coupe définitivement. Mais pas brutalement. Il a eu "le temps de prévenir le réseau", selon l’expert. Cela signifie qu’il a été soit éteint manuellement, soit mis en mode avion, soit que la batterie s’est vidée. Quant aux données de géolocalisation, elles montrent que le téléphone n’aurait pas bougé d'un secteur situé autour de la maison du couple dans la nuit du 15 au 16 décembre.
Au fil des auditions, les experts en téléphonie rappellent que le Huawei de Delphine pouvait être déverrouillé par empreinte digitale. Une méthode qu’elle utilisait souvent, selon les avocats des parties civiles citant des amies de l’infirmière.
"Et si on lui avait coupé le doigt ?"
C’est à ce moment que Me Laurent Nakkache-Haarfi, qui représente la sœur et un des frères de la disparue, interpelle un expert. “Si quelqu’un coupe le doigt de Delphine, peut-on déverrouiller son téléphone ?”. L’expert répond : “Je ne sais pas trop si ça ne fait pas longtemps qu’il a été coupé ça doit marcher mais je ne sais pas répondre du tout.” Cela n’a évidemment jamais été testé.