PER : l'avantage fiscal est-il aussi intéressant pour les petits revenus ?
Un mécanisme de déduction est très inégalitaire ? Pour les contribuables aux revenus modestes, ce qui ressemble à un avantage peut rapidement se transformer en piège à la sortie. Planet fait le point sur les vérifications essentielles avant d'ouvrir un Plan d'épargne retraite (PER).
La mise en garde sur le "piège" de la déduction fiscale
Malgré sa popularité croissante, le PER fait l'objet d'analyses de plus en plus critiques concernant son principal atout : la déduction des versements de votre revenu imposable. Des économistes et gérants de patrimoine rappellent que cet avantage fiscal pour le PER destiné aux petits revenus est souvent un mirage. En effet, le bénéfice est directement proportionnel à votre tranche d'imposition.
Le mécanisme, régi par l'article 163 quatervicies du Code général des impôts, favorise mécaniquement les contribuables les plus fortunés. En effet, plus votre taux marginal d'imposition (TMI) est élevé, plus l'économie d'impôt réalisée sur vos versements est importante.
Un rendement fiscal faible pour les petites tranches
Pour comprendre le problème, il faut se pencher sur le barème progressif de l'impôt sur le revenu. Selon les données de l'administration fiscale pour 2024, les tranches sont de 0 %, 11 %, 30 %, 41 % et 45 %. L'économie d'impôt que vous réalisez correspond au montant versé multiplié par votre TMI. Ainsi, pour 1 000 euros versés, un contribuable dans la tranche à 30 % économise 300 euros d'impôts, tandis qu'un contribuable à 11 % n'économise que 110 euros. Une personne non imposable, elle, n'économise rien du tout.
Le véritable risque se cristallise à la sortie. En cas de retrait en capital, l'argent que vous avez déduit à l'entrée sera soumis au barème de l'impôt sur le revenu. La question de l'imposition du PER à la sortie pour les faibles revenus devient alors centrale : si vous avez faiblement économisé à l'entrée (TMI à 11 %), mais que votre capital est taxé à la sortie, même à 11 %, le gain final de l'opération fiscale est nul, voire négatif si votre situation a évolué.
L’alternative méconnue : l’option de la "non-déduction"
Face à ce constat, une solution existe mais demeure largement ignorée : il est possible de choisir de ne pas déduire ses versements de son revenu imposable. Le choix entre déduction et non-déduction dans un PER devient donc une étape essentielle, en particulier pour les épargnants faiblement fiscalisés. Mais quel est l’intérêt de renoncer à cet avantage immédiat ?
L’atout principal se joue à la sortie : le capital épargné sera totalement exonéré d’impôt sur le revenu au moment de sa récupération. Seules les plus-values seront imposées, le plus souvent via le prélèvement forfaitaire unique de 30 %. Dans ce contexte, la question de l’arbitrage entre PER et assurance-vie pour un "petit" épargnant prend tout son sens.
Le PER non déductible devient alors un véritable concurrent, tout en conservant ses propres atouts, comme la sortie anticipée pour l’achat de la résidence principale. Il est donc crucial de consulter votre avis d’imposition afin de déterminer quel placement retraite convient le mieux à un TMI de 11 % ou moins.