Ces produits importés à ne surtout pas consommer

Publié par Matthieu Chauvin
le 18/04/2025
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Une étude commandée par Greenpeace France publiée jeudi 17 avril dresse la liste des produits alimentaires que nous importons dont l'impact est le plus néfaste pour l'environnement. Il y en que nous pouvons cultiver nous-mêmes, d'autres dont nous pouvons nous passer vu les conditions dans lesquelles ils sont produits et acheminés dans l'Hexagone. Voici lesquels.

Et si, vu le contexte actuel de hausse des prix continue, auquel s'ajoute la guerre commerciale imposée par Donald Trump, la France faisait ce que ses dirigeants avaient annoncé entre la pandémie de Covid-19 et le début de la guerre en Ukraine : relocaliser la production de certains produits et réduire l'imporation d'autres, en l'occurence pour ce qui est de notre sujet, les denrées alimentaires. Certes, certaines dont nous allons vous parler, épices, arachides, huiles ou fruits ne pourraient sans doute pas être cultivées sous nos latitudes. Mais il serait sage, sinon de s'en passer, d'en faire des raretés. Car de leur culture au bout du monde à leur exportation dans l'Hexagone, ces denrées prisées provoquent des ravages humains comme écologiques.

La France et le commerce équitable : une farce ?

La volonté d'instaurer le commerce équitable dans nos échanges est-il une réalité ? Et celle de réduire notre empreinte carbone ? Il semblerait que non, d'après une étude de 52 pages publiée le 17 avril par la coopérative Le BASIC, "spécialisée dans l’analyse des impacts des modes de production et de consommation sur la société et l’environnement, en particulier dans l’alimentation et l’agriculture." Commandée par Greenpeace et Max Havelaar France ainsi que l'Institut Veblen, elle dresse un constat accablant dès son introduction :

"L’empreinte écologique des importations françaises est considérable : filières gourmandes en eau, déforestation liée à l’extension des terres agricoles, pollution des eaux, émissions de gaz à effet de serre… Ces filières d’importation sont également souvent associées à des violations des droits fondamentaux des travailleurs, à l’accaparement de terres, et à des conditions de travail qui restent préoccupantes : travail des enfants, travail forcé et salaires ou revenus insuffisants sont des réalités encore trop fréquentes."

Importations françaises: un constat alarmant

Le rapport poursuit : "Les chiffres sont alarmants : les travailleurs et les agriculteurs de six filières (agricoles, ndlr) perçoivent moins de 60 % d’un revenu vital, et des milliers d’hectares de forêts sont sacrifiés chaque année pour répondre à la demande française." La mondialisation heureuse, telle que la souhaite Emmanuel Macron, ce n'est pas pour tout de suite. C'est dans doute pour cette raison et face à la fronde de nos agriculteurs que notre président avait fait machine arrière sur les accords de libre échange du Mercosur, quand même validés par Bruxelles sous l'impulsion d'Ursula Von der Leyen, la Présidente de la Commission européenne. Car ce que veulent les consommateurs, ce sont des prix bas. Peu importe le coût humain et écologique tant que cela se passe à l'autre bout du monde. Les Français aussi ont une responsabilité, à vouloir manger tout et n'importe quoi tout au long de l'année en dépit des saisons.

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Aussi, Greenpeace, Max Havelaar France et l'Institut Veblen demandent "décideurs" :

  • "d'appliquer rigoureusement les textes européens RDUE, CS3D et Règlement Travail Forcé, sans délais et sans les détricoter
  • de rejeter l’accord Mercosur, incompatible avec les objectifs européens en matière de justice sociale et climatique
  • de soutenir activement la certification écologique, sociale et équitable des importations françaises dans les denrées sensibles."

Retrouvez dans notre diaporama ci-dessous les produits importés par la France ayant le plus d'impact sur les problèmes soulevés (pollution de l'eau, émissions de CO2, déforestation, travail des enfants...). Cet impact a été calculé par l'étude sur une échelle de 1 (le plus faible) à 21 (le plus important) en fonction de tous ces critères.

La banane : 5/21

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jalgaon, india - may 25, 2017   farmer with banana bunch
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L'étude pointe que :

"La banane est le fruit le plus consommé en France. Produite principalement en Amérique latine, sa culture est marquée par une forte intensité d’intrants chimiques et par des conditions de travail souvent difficiles, voire précaires, pour les ouvriers agricoles. Ceux-ci ne perçoivent qu’une part marginale du prix de vente au consommateur final. La filière banane illustre ainsi les tensions entre prix bas imposés par la grande distribution, pressions sur les droits sociaux et impacts environnementaux durables".

Sources : Basic, Max havelaar, Institut Veblen et Greenpeace France

Le thé : 6/21

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2017 sept 5 tea estate, nandi hills, kenya african woman picking tea
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L'étude pointe que :

"La filière thé est marquée par des inégalités sociales profondes, notamment dans les grandes plantations d’Inde, du Sri Lanka et du Kenya. Le travail est souvent mal payé, peu protégé, et effectué dans des conditions précaires. Les producteurs indépendants rencontrent des difficultés à accéder aux marchés, et les grandes exploitations concentrent une partie importante des revenus."

Sources : Basic, Max havelaar, Institut Veblen et Greenpeace France

La tomate : 6/21

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focused african american man engaged in harvesting tomatoes at vegetable farm working with trolley full of boxes with harvest
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L'étude pointe que :

"Les tomates importées consommées hors saison en France proviennent majoritairement de pays tiers, où leur culture sous serre repose sur une main-d’œuvre peu protégée. Cette filière se caractérise par des conditions de travail précaires : faibles salaires, contrats instables, exposition aux produits chimiques, et manque d’accès aux droits sociaux fondamentaux. La pression exercée par les marchés européens sur les prix accentue la vulnérabilité des travailleurs."

Sources : Basic, Max havelaar, Institut Veblen et Greenpeace France

La noix de cajou : 6/21

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the red cashew fruit is a pear-shaped drupe with a juicy, acidic pulp and a single kidney-shaped nut that is the source of the cashew nut
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L'étude pointe que :

"La noix de cajou est cultivée en Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire, Bénin, Burkina Faso), mais une grande partie de sa transformation est externalisée en Asie. Cette situation prive les producteurs africains de la valeur ajoutée de la filière. Le décorticage, souvent confié à des femmes, est un travail physiquement éprouvant et parfois dangereux en raison de l’exposition à l’acide contenu dans la coque, qui peut provoquer des brûlures chimiques sur la peau, des irritations respiratoires et des lésions oculaires. L’absence de protection individuelle adéquate aggrave ces risques."

Sources : Basic, Max havelaar, Institut Veblen et Greenpeace France

Le jus d'orange : 7/21

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bebedouro, sao paulo, brazil, july 30, 2004  a farm worker as he picks oranges from a tree during a harvest in bebedouro, sao paulo state
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L'étude pointe que :

"Le jus d’orange consommé en Europe provient majoritairement du Brésil, premier producteur mondial. Les travailleurs saisonniers y sont souvent confrontés à des conditions de travail précaires  : rémunérations insuffisantes, absence de sécurité de l’emploi, longues heures de travail et exposition aux pesticides. Environ 80  % des 420  000 travailleurs de l’industrie brésilienne du jus d’orange sont des saisonniers sans sécurité d’emploi. De plus, l’utilisation intensive de pesticides dans les plantations d’oranges brésiliennes soulève des préoccupations environnementales et sanitaires."

Sources : Basic, Max havelaar, Institut Veblen et Greenpeace France

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L'avocat 7/21

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farmer is checking the avocado fruits for ripen and disease blemish during harvest season for tropical fruit farm and plantation
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L'étude pointe que :

"L’avocat est devenu un produit emblématique du commerce mondialisé. Produit principalement au Mexique, au Pérou et au Kenya, il est associé à de forts impacts environnementaux : consommation d’eau élevée, déforestation, perte de biodiversité. Des tensions sociales et foncières existent également, notamment autour de l’accès à l’eau et à la terre. Sa production illustre les contradictions entre demande croissante et insoutenabilité écologique dans certaines zones."

Sources : Basic, Max havelaar, Institut Veblen et Greenpeace France

Le café : 11/21

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african employers are working with coffee beans production at washing center
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L'étude pointe que :

"Le café est l’une des boissons les plus consommées au monde, mais aussi l’une des cultures agricoles les plus consommatrices d’intrants chimiques. Dans les principaux pays producteurs (Brésil et Vietnam), sa production est intensive, mécanisée, fortement dépendante des engrais de synthèse et des pesticides, qui finissent par contaminer les ressources en eau. "

" La culture du café en monoculture entraîne :

  • des pertes massives d’azote et de phosphore dans les sols ;
  • le lessivage des engrais vers les cours d’eau lors des fortes pluies ;
  • l'accumulation de produits phytosanitaires dans les nappes 
  • dans certaines régions caféières, les concentrations de nitrates dépassent largement les normes de potabilité de l’OMS."

Sources : Basic, Max havelaar, Institut Veblen et Greenpeace France

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