Pourquoi vous allez recevoir plus d'amendes ces prochaines années

Publié par Matthieu Chauvin
le 08/09/2025
Panneau de signalisation radar
Istock
Illustration
Si vous ne respectez pas à la lettre le Code de la route ces quatre prochaines années, vous risquez bien de recevoir une pluie de contraventions dans votre boîte aux lettres. En effet, la Sécurité routière s'apprête à lancer un programme spécial très ambitieux, aidé notamment par l'intelligence artificielle, qui vise à optimiser l'efficacité des radars automatiques entre autres mesures. On vous explique tout.
 

Voilà qui ne va pas apaiser la colère populaire qui gronde. Les radars automatiques, cibles récurrentes de dégradations volontaires, particulièrement pendant la révolte des Gilets jaunes en 2018 et 2019, vont bientôt dégainer plus vite que leur ombre, et surtout de façon massive. L'objectif est bien entendu de faire baisser l'accidentalité et la mortalité sur les routes de France, mais aussi - surtout ? - de générer un maximum d'amendes, donc de rentrées fiscales...

La Sécurité routière veut des radars qui rapportent plus

L'information est une exclusivité de nos confrères de l'Argus, qui ont pu consulter une série de documents la semaine dernière. La Sécurité routière, dans la continuité des recommandations qu'elle avait portées au budget 2025, s'apprête à lancer une véritable chasse aux automobilistes et motards qui va durer... 4 ans, de 2026 à 2030 ! En effet, nous apprennent nos confrères, celle-ci vient, par l'intermédiaire son "bras armé" en matière de radars, le Département du contrôle automatisé (DCA), de mettre sur le marché un "triple appel d'offres" qui vise à renforcer l'efficacité des machines à verbaliser

Dans cet appel d'offres, on peut lire : "Ceci concerne tous les travaux visant à étudier et définir de nouveaux dispositifs (radars, systèmes associés), les faire évoluer, concevoir des expérimentations, les suivre et étudier toute technologie innovante permettant d’améliorer ou d'optimiser les dispositifs."

L'intelligence artificielle va verbaliser les usagers de la toute

Le magazine révèle que la Sécurité routière a été très déçue par les derniers radars tourelles installés ces dernières années, censés "repérer automatiquement" une quinzaine d'infractions, ce qui n'a jamais été le cas (ils se sont limités aux excès de vitesse et feux rouges grillés... mais pas simultanément, ironisent nos confrères). Un sacré gaspillage d'argent public ! 

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Aussi, les autorités contre-attaquent. Dès 2025, elles demandaient "l’extension de l’usage de l’intelligence artificielle, pour améliorer les performances du contrôle automatisé" rappelle l'Argus. D'après qui, la liste complète des infractions qui seront désormais détectées grâce à cette technologie, est encore inconnue.

Souriez : vous serez bientôt filmé

La photo est dépassée. Le futur de la verbalisation pour la Sécurité routière, c'est bien la vidéo. "Les nouvelles fonctionnalités des radars s'orienteront inéluctablement vers les preuves vidéo filmant la voie publique, ainsi que la collecte de données techniques, parfois à caractère personnel " indique le Département du contrôle automatisé (DCA).

Pour les fabricants, il ne s'agira plus de limiter leurs innovations à une technologie toujours plus poussée, mais aussi de pouvoir répondre aux exigences de la réglementation sur la vie privée des personnes, comme celles exigées par la CNIL par exemple. Aussi, le DCA leur demande de "proposer les évolutions réglementaires sous forme de rapports d'analyse, d’avant-projets de textes argumentés et d'études d'impact préliminaires." Nul doute qu'ils sauront s'adapter vu les sommes en jeu...

Le PV vidéo : une sanction juridiquement délicate

En effet, l'Argus précise : "Filmer en continu l’intérieur des habitacles pour traquer, par exemple, l’usage de la ceinture ou le non-port de la ceinture va nécessiter tout un tas d’autorisations administratives afin de protéger les données à caractère personnel et de verbaliser les contrevenants."

Mais le DCA, encore une fois, s'en remet aux fabricants de radars pour anticiper en "amont d'un projet les évolutions juridiques à proposer afin que le dispositif technique dispose des autorisations pour entrer en service." Car, il existe un poil à gratter : les avocats spécialisés dans la contestation des infractions routières, qui ont beaucoup de succès, parce qu'ils obtiennent souvent gain de cause. Pour parer ces professionnels du retrait de PV, "le programme radars" de la Sécurité routière devra réfléchir à "constituer un moyen juridique opposable aux contrevenants."

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