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Pour de nombreuses personnes, la perte d’un animal domestique est semblable à celle d’un être cher. Cet ami à quatre pattes est bien souvent un membre à part entière d’une famille, avec lequel on a partagé dix, quinze, parfois vingt ans de notre vie. Alors, comment faire quand c’est l’heure de lui dire au revoir ? C’est après avoir été confronté à la perte de son chat que Cédric a décidé de fonder Animémoire, une entreprise qui propose des services funéraires animaliers. "Au décès de mon chat, il y a quelques années, mon vétérinaire n’a pas réellement proposé de solution, seulement une incinération, a priori collective, donc je n’ai pas trop eu le choix, explique-t-il. Je trouvais que le manque d’informations était assez étrange, donc j’ai mal vécu la disparition de mon chat. A ce moment-là, je me suis dit que je ne devais pas être le seul donc je me suis renseigné et j’ai décidé de monter cette société, il y a huit ans maintenant". Il est l’un des seuls professionnels du secteur à avoir dédié son travail aux animaux de compagnie.
"On essaie de rassurer au maximum les propriétaires"
Avant de créer Animémoire, Cédric a travaillé dans l’immobilier et dans le graphisme. Désormais, le trentenaire accompagne les propriétaires d’animaux domestiques dans leur deuil, un moment toujours douloureux. "On s’occupe de tous les animaux domestiques, donc à 90% des chats et des chiens mais on a aussi tout ce qui est nouveaux animaux de compagnie, comme des hamsters, des lapins, des souris beaucoup. Il nous est arrivé d’avoir des animaux un peu plus rares comme des tortues, des poissons, des oiseaux. On a aussi eu un cochon une fois, pas un animal de ferme, vraiment un animal domestiqué". Alors qu’il touche au plus près l’intime des maîtres de ces animaux, Cédric convient qu’il y a un petit travail psychologique dans son métier : "C’est beaucoup d’écoute, on essaie de rassurer au maximum les propriétaires, mais aussi de les renseigner du mieux possible, au téléphone, sur place… On les accompagne du mieux possible pendant toute la phase d’organisation et de prestation".
Au quotidien, Cédric s’adapte aux désirs des propriétaires et propose de nombreux services. "On propose tout ce qui est incinération, individuelle ou collective. Si elle est individuelle, cela signifie que l’animal est incinéré seul, donc le propriétaire a la possibilité de récupérer les cendres. Lorsqu’elle est collective, et inclue donc plusieurs animaux en même temps, nous conservons les cendres et les dispersons ensuite au jardin du souvenir de Villepinte", explique le fondateur d’Animémoire. L’inhumation est également possible, elle peut avoir lieu dans un cimetière animalier ou dans un jardin privé, à condition de respecter la réglementation.
Qui sont les personnes qui font appel à lui ? "Il n’y a pas du tout de profil type, assure Cédric. Au début, quand j’ai commencé ce métier, je pensais avoir à faire à des personnes d’une catégorie assez aisée mais en fait pas du tout. Je me retrouve autant avec des étudiants qui vivent en banlieue parisienne qu’avec des familles aisées dans de riches quartiers parisiens. C’est vraiment très éclectique, il y a tout type de propriétaires, de tout type d’âges". Cédric passe ses journées dans sa voiture, entre le cimetière d’Asnières et le crématorium de Guyancourt, en fonction des animaux dont il doit s’occuper. Un quotidien rythmé par la perte des propriétaires et leurs envies pour le dernier au revoir à leur animal.
"Je reçois plus de remerciement que de tristesse"
Comment se déroule exactement ce service funéraire ? "Je propose habituellement de venir chercher l’animal sur le lieu du décès, de faire l’incinération dans la journée et de ramener l’urne. Pour les personnes qui souhaitent assister à la crémation ou à l’inhumation, on propose aussi de venir les chercher à leur domicile et de les raccompagner ensuite", explique le professionnel. Au quotidien, Cédric travaille avec deux cimetières animaliers de la région parisienne, celui d’Asnières (Hauts-de-Seine) et celui de Villepinte (Seine-Saint-Denis). Généralement, les propriétaires d’animaux domestiques choisissent l’incinération car "c’est beaucoup moins onéreux et plus rapide mais c’est aussi une question de choix personnels". Pour un chat, lorsqu’il s’agit d’une incinération, sans l’achat d’une urne, la prestation s’élève de 194 à 344 euros, selon les critères choisis. Pour une inhumation, il est nécessaire d’acheter une concession annuelle, comme pour les humains, qui coûte entre 120 et 150 euros l’année. De son côté, Animémoire s’occupe "du creusement, du cercueil, de la prise en charge chez le vétérinaire, du petit panneau qu’on fait graver au nom de l’animal". Le tout, pour un prix minimum de 700 euros, qui varie également selon les prestations choisies.
Le métier de Cédric n’est pas commun et étonne régulièrement ses interlocuteurs. De son côté, il le fait avec passion depuis huit ans. Ce qu’il préfère dans cette profession pas comme les autres ? "Le contact avec les propriétaires, les discussions, l’organisation de la cérémonie, explique-t-il. C’est vrai que, souvent, à la fin d’une incinération ou d’une inhumation, les propriétaires me remercient d’avoir organisé et rendue plus simple cette période, qui est assez compliquée pour eux". Il a lui-même été étonné de ce métier dans lequel il s’est lancé : "Je pensais que ça allait être pesant car je côtoie la mort tous les jours mais, en fait, je reçois plus de remerciements que de tristesse donc c’est assez gratifiant". Il assiste souvent à des moments de vie, qui sont souvent émouvants mais parfois étranges.
"L’animal est un membre de la famille à part entière"
En fréquentant des inconnus dans des moments intimes et douloureux de leur vie, Cédric est souvent touché par l’émotion. Comme lorsqu’il est allé chercher deux chiens "chez une propriétaire, à un an d’intervalle, qui m’expliquait que c’était les chiens de sa fille, qui était sauveteuse en mer et qui était décédée lors d’une intervention". Il décrit une situation un peu compliquée, "parce que la propriétaire a eu l’impression de dire au revoir, une deuxième fois, à sa fille. Les chiens étaient tout ce qui lui restait d’elle". Il assiste aussi à des scènes plus étranges, comme une cérémonie de bonze tibétain pour un chien. Parfois, aussi, les propriétaires laissent de l’argent, de vrais ou faux billets, pour payer le passage de leur animal vers l’au-delà. D’autre fois, c’est de la nourriture.
A écouter Cédric, on sent qu’il est avant tout dans l’empathie avec les maîtres qui le sollicitent, jamais dans le jugement, toujours dans la compréhension. "Pour moi, un animal est un membre de la famille à part entière donc les phases de deuil sont exactement les mêmes. Evidemment, on sait qu’on prend un animal pour lui survivre donc on est plus ou moins conditionné à cette situation mais la phase de deuil est la même", conclut-il. Alors pour ceux qui ont besoin d’un accompagnement après la perte de leur animal, sa porte est ouverte.