Gaz russe : l’UE approuve l’arrêt progressif des importations d’ici 2028
C’est une étape décisive dans l’émancipation énergétique de l’Europe. Lundi 20 octobre, les ministres de l’Énergie des Vingt-Sept ont approuvé, à la majorité qualifiée, l’interdiction des importations de gaz naturel russe d’ici la fin 2027, conformément à une proposition de la Commission européenne.
En coupant ce lien énergétique, Bruxelles entend priver Moscou d’une source de financement majeure de sa guerre contre l’Ukraine. Si l’UE a déjà cessé d’importer pétrole et charbon russes dès 2022, le gaz restait une faille dans sa stratégie de sanctions. Il représentait encore 19 % des achats européens en 2024.
Un calendrier en trois étapes
L’interdiction sera progressive : dès janvier 2026, tout nouveau contrat sera interdit. En juin, ce sera au tour des accords à court terme. Puis, d’ici fin 2027, les importations liées à des contrats à long terme devront cesser. Un calendrier pensé pour laisser le temps aux pays les plus dépendants de s’adapter.
La Hongrie et la Slovaquie mises en minorité
Si la plupart des États membres ont soutenu la mesure, la Hongrie et la Slovaquie s’y sont opposées, invoquant leur dépendance au gaz russe. “Pour nous, l'approvisionnement en énergie n'a rien à voir avec la politique” et n'a “rien à voir avec la Russie”, a dénoncé Peter Szijjarto, ministre hongrois des Affaires étrangères auprès de RFI.
Vers une adoption définitive avant 2026 ?
Le texte doit encore être négocié avec le Parlement européen. De son côté, le Parlement de Strasbourg souhaite aller plus vite : les commissions de l’Industrie et du Commerce ont adopté un texte demandant une interdiction complète dès janvier 2026. Le Danemark, qui préside le Conseil, espère un accord final d’ici fin 2025.
Depuis le début de la guerre, la Russie a vu ses exportations de gaz vers l’Europe s’effondrer : elles représentaient 45 % des importations européennes en 2021, contre 19 % aujourd’hui. Mais cela reste un cinquième des volumes. En 2024, l’UE a encore acheté 52 milliards de mètres cubes de gaz russe.
Dans ce contexte, le Parlement veut inclure l’interdiction du GNL russe dès 2026 dans un futur “19e paquet” de sanctions. La Commission propose aussi d’en finir avec ces importations d’ici fin 2026, un an plus tôt que la date actuellement votée par les États membres.
Au-delà des frontières de l’Union, la pression s’intensifie. Le président américain a exhorté les Européens à cesser leurs achats d’énergies fossiles russes. “L'Europe doit passer à la vitesse supérieure. Elle ne peut pas continuer à agir comme elle le fait actuellement. Elle achète du pétrole et du gaz à la Russie alors qu'elle est en conflit avec ce pays. C'est embarrassant pour elle”, a lancé Donald Trump à l'Assemblée annuelle des Nations unies à New York.