Fin de la viande française ? Pourquoi la crise sanitaire cache peut-être un plan bien plus radical

Publié par Stéphane Leduc
le 13/12/2025
illustration représenant un enterrement de village avec un corbillard suivi par un troupeau de vache
New Planet Media
La crise de la Dermatose Nodulaire Contagieuse (DNC) provoque l'abattage de milliers de bovins, suscitant la colère des éleveurs. Si le gouvernement justifie cette stratégie par la santé animale, des voix dénoncent une coïncidence troublante avec les objectifs climatiques de la SNBC, visant une réduction drastique du cheptel d'ici 2050.

Depuis plusieurs semaines, la polémique sur la gestion de l'épidémie bovine enfle dans les campagnes françaises. Ce mardi, la colère gronde alors que le nombre de foyers infectés continue de grimper. 

L'inquiétude est palpable dans les étables depuis l'apparition, fin juin 2025, des premiers cas de Dermatose Nodulaire Contagieuse (DNC). Face à ce virus transmis par des insectes piqueurs, l'État applique une tolérance zéro. 

Mais derrière l'urgence sanitaire, certains syndicats redoutent que cette crise ne serve un agenda climatique bien précis : celui de la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC).

Un protocole radical : abattre pour éradiquer

La méthode employée par les autorités sanitaires est jugée brutale par une partie de la profession. Dès la détection d'un seul cas positif dans une exploitation, la règle est celle du "dépeuplement total". En clair, l'intégralité du troupeau est euthanasiée, y compris les animaux sains. 

Selon les chiffres du Ministère de l'Agriculture rapportés en décembre 2025, plus de 3 000 bovins ont déjà été abattus dans 108 foyers distincts.

L'objectif affiché par le gouvernement, soutenu par la FNSEA au nom de la sauvegarde des exportations, est de conserver le statut "indemne" de la France. 

Ce label est crucial pour maintenir les exportations de bétail et éviter une fermeture durable des marchés internationaux. Le gouvernement estime qu'une endémie pourrait coûter jusqu'à 20% du cheptel à long terme. 

Cette stratégie de dermatose nodulaire contagieuse et d'abattage bovin systématique passe mal.

Les chiffres de la colère : l'ombre du climat

C'est ici que la crise sanitaire percute la politique environnementale. Des organisations comme la Coordination Rurale ou la Confédération Paysanne s'interrogent sur le lien entre crise DNC et objectifs climatiques. Ils accusent l'exécutif de profiter de l'aubaine pour accélérer la décrue du nombre de vaches en France, pointant du doigt les documents de la Stratégie Nationale Bas Carbone.

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Ce document de référence, piloté par le Ministère de la Transition Écologique, fixe des trajectoires claires pour atteindre la neutralité carbone. Il prévoit, par rapport à 2015, une baisse de 25 % du cheptel bovin laitier et de 33 % du cheptel bovin viande d'ici 2050. 

Si l'exécutif dément toute volonté de "traduction législative" de ces chiffres via la crise sanitaire, la coïncidence alimente la méfiance. Cette trajectoire SNBC de réduction du cheptel bovin en France est perçue par beaucoup comme une menace existentielle pour la filière.

Des importations en hausse et un bilan carbone menacé

Au-delà des chiffres, ce sont les conséquences de l'abattage systématique DNC sur l'élevage qui inquiètent. Pour les éleveurs touchés, c'est souvent le travail de sélection génétique de plusieurs générations qui part à l'équarrissage. 

La détresse psychologique est réelle, certains craignant davantage "les décisions administratives que la maladie elle-même", comme le rapporte un député à l'Assemblée nationale.

Le paradoxe écologique est également soulevé. Réduire la production nationale pourrait ne pas servir le climat si la consommation ne baisse pas au même rythme. C'est le phénomène de "fuite carbone". De fait, les importations de viande bovine ont déjà bondi de 28% en trois ans.

Le consommateur risque ainsi de se retrouver avec de la viande importée, moins tracée, tandis que la production locale s'effondre. 

Enfin, la question de l'abattage de bovin vacciné contre la DNC reste un point de crispation majeur : détruire des animaux protégés pour des raisons administratives semble, pour beaucoup, une aberration écologique et économique.

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