Dépendance et vieillissement : la colocation intergénérationnelle, une solution ?Istock
En vieillissant, de nombreuses personnes ne peuvent plus ou ne veulent plus rester seules chez elles. Parmi les solutions possibles, la colocation intergénérationnelle permet aux séniors de vivre avec des étudiants ou de jeunes actifs. Pierre a sauté le pas pour son père, il nous raconte.
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Une étape redoutée. Les grands enfants qui ont encore la chance d’avoir leurs parents auprès d’eux savent qu’ils auront un jour des décisions difficiles à prendre. Santé déclinante, perte d’autonomie, peur de la solitude… Avec l’âge, certains ne peuvent plus ou ne souhaitent plus rester seuls chez eux.

Quelles sont les solutions existantes, quand l’Ehpad n’est pas une option ? La semaine dernière, Planet vous présentait le béguinage, qui permet à des séniors de vivre en communauté, dans un esprit d’entraide et de partage. Une lectrice témoignait également auprès de nous de sa vie dans une colocation médicalisée pour seniors, après avoir quitté son logement.

Colocation intergénérationnelle : maintenir son parent chez soi

En choisissant une de ces deux options, les personnes vieillissantes sont dans l’obligation de quitter leur logement, ce qui peut parfois être un déchirement plus qu’autre chose. Il existe une troisième option, quand on ne veut pas laisser son parent seul chez soi :la colocation intergénérationnelle.

Partout en France,le site Colibree propose aux personnes de plus de 60 ans d’héberger chez elles des étudiants ou de jeunes actifs de moins de trente ans. Une solution qui permet de créer du lien entre les générations et d’améliorer son pouvoir d’achat, car le prix de la location est bien souvent moins cher que pour d’autres biens sur le marché.

Pierre* [le prénom a été changé, NDLR] a fait les démarches pour son père, aujourd’hui âgé de 98 ans. Interrogé par Planet, il explique que ce dernier "perdait son indépendance" et que ses quatre enfants souhaitaient absolument "le maintenir à domicile, parce qu’on pensait que c’était des meilleures conditions que dans des établissements spécialisés". Atteint de la maladie d’Alzheimer, le nonagénaire avait besoin de garder ses repères, son environnement de tous les jours, sa maison.

Au moment où il inscrit son père sur la plateforme, Pierre donne certains critères à Colibree. Il fallait notamment que la personne soit indépendante - car la maison de son père est un peu isolée – qu’elle sache cuisiner, qu’elle fasse un peu de ménage et qu’elle soit disponible.Les horaires de présence, le prix et la disponibilité ont également été discutés en amont. Avec ses frères et sœurs, il a rencontré plusieurs personnes, jusqu’à trouver la colocataire qu’il fallait à son père.

Colocation intergénérationnelle : "Ça a sorti mon père de sa solitude"

Le père de Pierre a eu besoin d’une phase d’adaptation, après l’arrivée de sa colocataire, du fait notamment de sa maladie. Une fois qu’il a accepté cette nouvelle présence, le nonagénaire l’a poussée "àparticiper de plus en plus à sa vie au quotidien, à manger avec lui par exemple et ils ont plutôt sympathisé". Vivre avec une autre personne, même si elle avait soixante ans de moins, a permis au père de Pierre de "sortir de sa solitude et de ses angoisses, surtout la nuit".

Avant l’arrivée de sa colocataire, le sénior était accompagné le jour, mais seul la nuit, ce qui était inquiétant pour les enfants en cas de problème. "Il y a quand même eu un temps d’adaptation qui a été plus ou moins long,il a fallu plusieurs semaines, voire un ou deux mois avant que tout se stabilise". Après cette expérience, il donne ses conseils à ceux qui veulent sauter le pas pour leurs parents.

Colocation intergénérationnelle : "Ce sont souvent des étudiants"

La santé du père de Pierre ayant décliné, il a dû quitter sa maison pour rejoindre un Ehpad, à la fin de la colocation. "Les jeunes qui viennent sont souvent des étudiants donc dès qu’ils décrochent leur diplôme il faut renouveler la colocation, avec une nouvelle personne, donc on repart parfois dans des démarches compliquées et il faut être sur place pour rencontrer les candidats", explique-t-il à Planet.

Il tient aussi à rappeler que le logement à son importance : "Mon père vivait dans une maison avec plusieurs chambres et c’est pour cela que c’était possible. Chacun avait sa salle de bain, une partie privative, ce qui était confortable pour la colocation", ajoute-t-il, avant de conclure : "C’est important d’avoir de l’espace pour que chacun ait une relative intimité".