Coronavirus : la méthode innovante d’un médecin pour limiter sa propagationIllustrationIstock
INTERVIEW. Pour lutter contre la pandémie de Covid-19, le docteur Laurent Carius, spécialiste ORL et Chirurgien Cervico Facial à Cergy (Val-d'Oise) teste un nouveau processus : le circuit-court. En quoi cela consiste-t-il vraiment ? Est-ce praticable à l'échelle nationale ? Faisons le point.
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Action citoyenne. Alors que 21 008 personnes sur 44 450 cas confirmés étaient hospitalisées le 30 mars 2020, selon les dernières données publiées par le ministère de la Santé, le pic de la pandémie de coronavirus n’est pas encore atteint en France.

Les hôpitaux, encore en manque de matériels en tout genre, malgré les commandes effectuées par le gouvernement, sont surchargés. Pour tenter de les désengorger et limiter par la même occasion l’expansion du Covid-19, nombreux sont ceux à se mobiliser. C’est le cas du Dr Laurent Carius, spécialiste ORL et Chirurgien Cervico Facial à Cergy, das le Val-d'Oise. "Je suis par la force des choses très impliquée dans cette pandémie qui s'aggrave et cherche comme mes confrères à apporter ma modeste participation à la Lutte que nous devons organiser jusqu'à l'éradication de ce processus aussi soudain que ravageur", confie-t-il à Planet.

C’est pourquoi il teste une nouvelle façon de procéder via un circuit-court et une structure localisée.

Coronavirus : des structures de proximité comme solution

"J'ai créé une structure de proximité (CORONA 95) en vue d'intervenir au plus proche de mon cabinet de consultation situé au C.Cial des Trois Fontaines à Cergy, faisant de notre quartier le centre de nos préoccupations. Cela afin d’éviter le nomadisme des patients, source de contamination et d'extension du processus", explique le médecin Humanitaire, qui a apporté son aide en Haïti après le séisme survenu en 2010 et l’épidémie de Choléra.

"Au lieu d’aller à l’hôpital, je fais venir les gens directement dans mon local professionnel dédié à la crise de coronavirus, de façon à limiter les contacts au maximum avec d’autres patients ", détaille-t-il.

"Entre les patients et les praticiens, le circuit doit être le plus court possible et notre organisation se base sur ce principe ", ajoute-t-il.

Covid-19 : un seul intervenant au centre du dispositif

"En tant que médecin ORL, via ce circuit-court, je réalise à la fois, l’examen clinique, le diagnostic différentiel et un prélèvement systématique, que l’OMS nous demande de faire, grâce à du matériel que j’ai pu obtenir par mes relations", indique le Dr Laurent Carius.

Il emmène ensuite lui-même le prélèvement au laboratoire, afin que le patient présumé infecté n’aille pas contaminer d’autres personnes dans les salles d’attente du médecin biologiste, et inversement.

"Ce circuit-court me permet d’être au centre du dispositif. Je traite ainsi le patient de A à Z pour limiter le nombre d’intervenants et le risque d’augmentation de contamination", assure-t-il.

Lorsque les personnes ne peuvent en revanche pas se déplacer, le spécialiste se rend alors directement au domicile des patients. "Je me suis ainsi rendu compte que 80% des patients suivis étaient infectés. En suivant le parcours normal (médecin, Samu, urgences Ndlr), ils auraient donc pu infecter autrui."

Ce mécanisme doit pouvoir se faire au niveau local, dans chaque quartier français. C’est pourquoi il entend convaincre le corps médical à y adhérer. Il a d’ailleurs déjà démarché différents laboratoires, qui le suivent dans cette expérience.

Coronavirus : ouvrir des espaces dédiés à l’accueil des patients

"C’est un travail de solidarité. Car nous sommes tous unis contre un même ennemi, le coronavirus", déclare le Dr Laurent Carius. "Lorsque les médecins comprendront l’intérêt d’aller dans cette direction de circuit-court, personne ne pourra reculer face à cette efficacité certaine. Il y a un choix à faire. J’ai choisi d’être le plus proche possible du patient. Ils doivent être pris en charge localement".

Pour cela, beaucoup de choses doivent être mis en place. Il estime ainsi qu’il faudrait "profiter" du confinement et de la fermeture de nombreux établissements (écoles, gymnases, etc.), pour accueillir les patients localement. "Ce n’est pas, certes, une solution miracle, mais une réflexion", note-t-il. Toutes les idées innovantes et éclectiques doivent être, selon lui, examinées par les élus et le corps médical, pour avancer .