Arnaque en ligne : 7 astuces pour repérer un faux site géré par l'IA

“C’est officiel : une nouvelle amende entre en vigueur dès la semaine prochaine !” ; “Ce nouvel équipement à installer de toute urgence sous peine d’amende” :  en quelques secondes, vous avez cliqué sur un article qui a attiré votre attention dans votre fil d’actualité. Le sujet paraît important, la photo est réaliste, le ton est sérieux. Pourtant, rien n’est vrai : ni la nouvelle loi, ni l’amende, ni même le média qui vous en parle.

Depuis plusieurs mois, ces faux sites générés par intelligence artificielle prolifèrent sur la toile. Leur but est d’attirer votre attention à tout prix, pour générer du trafic, faire de la publicité et, dans le pire des cas, vous rediriger vers des arnaques. 

Un phénomène qui échappe à l'œil averti de Google

Ces sites ne sont pas créés au hasard. Ils s’appuient sur des failles dans les algorithmes de recommandation, notamment Google Discover, présent sur de nombreux téléphones Android. Ce service pousse automatiquement certains articles vers les internautes, parfois sans vérification suffisante.

Selon le journaliste d’investigation Jean-Marc Manach, qui a enquêté sur ce phénomène pour le média Next, plus de 4 000 faux sites d’information créés par l'IA ont été identifiés, dont environ 150 qui apparaissent régulièrement dans les suggestions de Discover. Grâce à cet outil, ces publications peuvent générer des dizaines de milliers de vues par jour, et jusqu’à plusieurs millions d’euros de revenus publicitaires en quelques mois. Malheureusement, à chaque fois qu’un site frauduleux est détecté et supprimé, d'autres prennent rapidement sa place.

Camping-cars, haies, impôts : ces sujets plébiscités par les robots

Les sujets traités ne sont pas choisis au hasard. Ils concernent des préoccupations du quotidien des Français : retraite, fiscalité, sécurité, jardinage… Ces derniers mois, les "vérificateurs" de TF1info ont par exemple repéré une vague d’articles mensongers autour des camping-cars : nouvelles obligations imaginaires, amendes fictives, rumeurs de contrôles abusifs. Tout était faux, mais malheureusement suffisamment crédible pour tromper des milliers de lecteurs, dont certains élus.

L’ancien eurodéputé Gilbert Collard a par exemple relayé une fausse information selon laquelle les haies dépassant deux mètres devaient soi-disant être taillées sous peine d’amende, à partir du 26 juin 2025. En réalité, la législation sur ce sujet, issue du Code civil de 1881, n’a pas changé.

Ces signes qui doivent vous alerter

Ces faux sites sont souvent rachetés à bas prix ou récupérés après la faillite d’entreprises. Ils sont ensuite reconfigurés avec des outils d’IA, capables de produire automatiquement des dizaines d’articles par jour. Les contenus sont truffés de faux noms de journalistes, de photos de profils générées artificiellement, et de témoignages inventés de toutes pièces.

Si certaines procédures ont permis de faire fermer ces sites, la régulation reste encore difficile. En Espagne, une loi, adoptée en mars 2025, impose aux entreprises de signaler clairement les contenus générés par IA. En cas de manquement, elles risquent jusqu’à 35 millions d’euros d’amende ou 7 % de leur chiffre d’affaires mondial. Pour faire respecter ces règles, Madrid a créé l’AESIA, première autorité publique européenne dédiée à la régulation de l’intelligence artificielle. 

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