Retraite progressive : peut-on la cumuler avec le chômage ?
Mesure importante de la réforme des retraites de 2023, la modification de l'éligibilité à la retraite progressive a été pensée pour séduire davantage de seniors en fin de carrière. Ce dispositif permet de réduire son activité professionnelle tout en percevant une partie de sa pension, offrant une transition en douceur vers un départ définitif avec au bout du parcours, un nouveau calcul des droits. Cette "retouche" n'est pour l'instant pas menacée par la suspension votée à l'Assemblée.
Un accès unifié à 60 ans depuis septembre
L'une des évolutions majeures, confirmée par un décret récent, concerne l'âge d'entrée dans le dispositif. Auparavant, la retraite progressive était accessible deux ans avant l'âge légal de départ fixé à 64 ans minimum, ce qui créait des situations variables selon l'année de naissance. Pour toutes les pensions ayant pris effet depuis le 1er septembre 2025, cet âge est unifié à 60 ans (au lieu de 62 ans donc), quel que soit l'âge légal de départ de l'assuré.
Cette ouverture à 60 ans reste cependant soumise à conditions. Comme le précise la CNAV, pour avoir accès à la retraite progressive à 60 ans, il faut avoir atteint cet âge, mais également justifier d'une durée d'assurance d'au moins 150 trimestres auprès de tous les régimes de base confondus.
Une activité partielle strictement encadrée
Pour les salariés, la condition la plus importante réside dans l'organisation du temps de travail. L'activité doit être comprise entre 40 % et 80 % de la durée légale ou conventionnelle du travail, comme le précise le site du service public. Pour un salarié aux 35 heures, cela correspond à 14 heures minimum et 28 heures maximum par semaine. Toute activité en dessous de ce fameux seuil de 40 % entraîne la suspension du versement de la pension.
La fraction de retraite versée est alors calculée pour compenser la perte de salaire. Selon l'Agirc-Arrco, le principe est le suivant : la part de la pension servie est inversement proportionnelle à la quotité de travail restante. Ainsi, le calcul de la part de retraite progressive pour un mi-temps est simple : la caisse de retraite versera 50 % de la pension qui vous serait due à cette date. Exemple un poli plus compliqué, donné par la CFDT :
- Pour 25 heures de travail par semaine dans une entreprise qui adopte les 35 heures hebdomadaires :
- la quotité de travail est de : 25/35 x 100 = 71,4285 arrondi à l’entier le plus proche, soit 71 % ;
- le pourcentage de fractionnement à appliquer au montant entier de la retraite progressive est de : 100 - 71 = 29 %.
L'avantage majeur de cette période d'activité réduite est qu'elle permet de continuer à accumuler des trimestres et des points pour sa retraite définitive. Le salarié peut même, avec l'accord de son entreprise, opter pour la surcotisation : cotiser sur la base d'un salaire à temps plein pour ne pas pénaliser le montant final de sa pension.
Cumuler pension et allocation chômage n'est pas permis
Le passage à temps partiel nécessite l'accord de l'employeur, qui auparavant, y rechignait souvent, rappelle le syndicat. Toutefois, "la loi 2023-270 du 14 avril 2023 de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2023 (sic)", encadre désormais plus strictement le refus de l'employeur pour un passage en temps partiel dans le cadre de la retraite progressive. Celui-ci doit le justifier par une incompatibilité avec l'activité économique de l'entreprise. En l'absence de réponse de sa part dans un délai de deux mois, la demande du salarié est considérée comme acceptée.
En revanche, une clarification s’impose : l'incompatibilité de la retraite progressive et de l'allocation chômage ARE (allocation de retour à l'emploi) est totale. Le dispositif impose de conserver une activité professionnelle, même réduite, tandis que l’ARE est strictement destinée aux personnes privées d'emploi. Un senior de 60 ans ayant ses 150 trimestres devra donc choisir entre ces deux statuts.