Agirc-Arrco : comment le gouvernement veut ponctionner le pactole des retraites complémentaires du privéIllustrationIstock
L'État lorgne sur les réserves de l'Agirc-Arrco depuis plusieurs semaines. Comment le gouvernement souhaite-il ponctionner le pactole des retraites complémentaires du privé ?
Sommaire

Alors que l’Agirc-Arrco vient de prendre plusieurs grandes décisions concernant son avenir avec la fin des négociations avec ses principaux partenaires sociaux, l’Etat entend désormais établir une ponction sur des réserves devenues particulièrement convoitées. En effet, l’Agirc-Arrco dispose actuellement d’un capital de 68 milliards d’euros : une somme d’argent désormais mise en jeu par le gouvernement, qui espère ponctionner sur ce montant pour financer la revalorisation des petites pensions. Explications.

Agirc-Arrco : des nouvelles majeures à retenir

Il y a quelques années, la santé financière de l’Agirc-Arrco était en grand danger, si bien que le régime de retraite complémentaire avait décidé de mettre en place le très discuté malus pour rétablir son équilibre. Depuis ce laps de temps, les finances du régime sont revenues au beau fixe avec, notamment, un cumul financier, qui atteint la somme rondelette de 68 milliards d’euros. Rappelons que l’Agirc-Arrco verse 87 milliards d’euros de retraites chaque année à 13 millions de retraités.

Suite aux récentes négociations avec ses partenaires sociaux, l’Agirc-Arrco a pris des décisions majeures pour l’avenir du régime. Il a notamment décidé de revaloriser les pensions de 4,9%afin de soulager des retraités rudement impactés par l’inflation et ainsi relancer leur pouvoir d’achat. Parallèlement, il a été décidé de supprimer le malus ayant permis d’engranger des réserves financières importantes avec deux dates à retenir. Le dispositif va donc disparaître pour les personnes qui vont liquider leur retraite à partir du 1er décembre 2023 alors que les retraités actuels seront concernés par la fin du processus le 1er avril 2024.

Agirc-Arrco : une ponction réalisée par le gouvernement

Pour l’Agirc-Arrco, les réserves actuellement cumulées sont une manière de faire face aux chocs conjoncturelscomme la crise sanitaire sans avoir pour vocation de peser sur les générations futures. Désormais, l’Etat espère établir une ponction sur cette somme d’argent afin de pouvoir revaloriser les petites retraites.

Le gouvernement espère, dès lors, tenir la promesse faitedurant les longs mois de mobilisation sociale contre la réforme des retraites en augmentant les petites retraites grâce aux réserves de l’Agirc-Arrco. D’après les informations de nos confrères de TF1, l’Etat souhaite ainsi réaliser un prélèvement d’au moins 300 millions d’euros l’an prochain et d’un milliard d’ici 2026.

Agirc-Arrco : vers une utilisation de la loi par l’Etat ?

Le gouvernement a ainsi en tête d’effectuer plusieurs prélèvements auprès de l’Agirc-Arrco avec, notamment, un premier d’ici 2024 et 2025, d’au moins 300 millions d’euros l’an prochain. Ceux-ci pourraient atteindre les trois milliards à l’horizon 2030. Pour être sûr d’arriver à ses fins, l’Etat a d’ores et déjà prévu d’utiliser la loi et notamment des amendements sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale.

Pour l’heure, l’Agirc-Arrco s’oppose avec fermeté à cette décision, qui est qualifiée de “hold-up” en précisant que les excédents présents dans les réserves, soit 5 millions d’euros obtenus l’année passée, sont le fruit des efforts des seuls salariés du privé. Les discussions à venir promettent donc d’être animées.