Suspension de la réforme des retraites : qui est pour, qui est contre ?
La suspension de la réforme des retraites s'impose comme une possible porte de sortie face à la crise politique actuelle. Élisabeth Borne, ancienne Première ministre à l’origine de la très décriée réforme de 2023, s’est récemment dite ouverte à un tel scénario. Mais pour l’heure, aucun détail n’a été donné.
Du côté du Parti socialiste, Olivier Faure demande un “gel de l’âge légal” et un gel de “l’accélération de la durée de cotisation”. Deux mesures clés de la réforme actuelle, qui fait progressivement reculer l’âge légal de départ à 64 ans et accélère le passage à 43 annuités de cotisation. Actuellement, l’âge de départ recule trimestre par trimestre.
Âge légal : 62 ans et 9 mois ou 63 ans ?
En octobre 2025, il est fixé à 62 ans et 9 mois. Si cette étape devenait la nouvelle borne d’âge gelée, la génération née en 1964 pourrait partir dès octobre 2026, au lieu de janvier 2027. Environ 600 000 personnes seraient concernées. Une autre hypothèse évoquée serait un gel à 63 ans. Dans ce cas, ce sont les personnes nées en 1965 qui pourraient partir plus tôt, dès janvier 2028 au lieu d’avril.
La réforme de 2023 a aussi accéléré l’application de la réforme Touraine de 2014. Revenir à l'ancien calendrier avec la suspension de la réforme, comme le demande Olivier Faure, reviendrait à maintenir les 170 trimestres nécessaires pour les personnes nées en 1964, et retarder les 171 ou 172 trimestres aux générations suivantes.
Qui défend quoi ?
La CFDT défend l’idée d’un gel immédiat, à 62 ans et 9 mois, jusqu’à la présidentielle de 2027. D’autres, comme LFI ou la CGT, réclament une abrogation pure et simple, bien plus complexe à mettre en œuvre, notamment pour des raisons d’égalité entre générations déjà impactées. De plus, suspendre la réforme aurait un coût. Selon les estimations, le gel partiel pourrait représenter plusieurs milliards d’euros pour les finances publiques : “des centaines de millions en 2026 et des milliards en 2027”, a affirmé mercredi le ministre de l’Économie démissionnaire, Roland Lescure.
Voici les récentes réactions face à une éventuelle suspension de la réforme des retraites.
Élisabeth Borne
L’ancienne Première ministre s’est dite “ouverte à la suspension” de la réforme des retraites qu’elle-même avait portée en 2023. Dans une interview accordée au Parisien, l’ancienne ministre de l’Éducation nationale a précisé qu’il s’agit avant tout d’une mesure provisoire, destinée à faire le lien en attendant le “débat qui devra se tenir lors de la prochaine élection présidentielle”.
Parti socialiste (PS)
Boris Vallaud, député socialiste, a fait de la suspension une des principales revendications du parti. Invité de Lundi c'est politique sur LCP en septembre, le président du groupe Socialistes à l'Assemblée nationale a expliqué qu'une suspension de la réforme ne serait pas “suffisante” : “La suspension, on prend. Est-ce qu'on est au bout du chemin ? Non”, a-t-il affirmé.
La CGT
Invitée sur France Info le mercredi 8 octobre, Sophie Binet est revenue sur la suspension de la réforme des retraites, soulignant qu’il ne peut s’agir que d’une première étape vers son abrogation.
Yaël Braun-Pivet
Ce mercredi 8 octobre sur RTL, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a fait part de sa “gêne” face à la volonté de Sébastien Lecornu de suspendre la réforme des retraites afin de rallier les socialistes pour trouver un compromis sur le budget.
Le Medef
Le président du Medef, Patrick Martin, se montre “très réticent” à toute suspension ou abrogation, craignant les impacts sur l’activité économique, comme il l’a déclaré sur France Inter.
Les Républicains (LR)
Le président du parti, Bruno Retailleau, et d’autres membres comme Agnès Evren disent être “fermement opposés” à la suspension de la réforme. “On défend cette réforme depuis des années, c’est la seule que le pays ait faite en sept ans. Revenir dessus serait catastrophique pour notre économie, l’accepter serait suicidaire pour la droite”, a confié un proche du ministre démissionnaire de l'Intérieur à BFMTV.
Une partie du centre / groupe “Ensemble” / Horizons
Certains députés de ces groupes (centre ou centre-droit) seraient défavorables à cette suspension, selon une source parlementaire à CNEWS.