Prison de la Santé : le dispositif des agents du SDLP, ces policiers qui vivent en cellule pour protéger Nicolas Sarkozy

Publié par Elise Laurent
le 22/10/2025
Prison de la Santé
abacapress
© Lafargue Raphael/ABACA
Incarcéré à la prison de la Santé, Nicolas Sarkozy bénéficie d'une protection rapprochée 24h/24 par des officiers du Service de la Protection (SDLP), un dispositif inédit qui déclenche une vive polémique avec les syndicats pénitentiaires.
 

Depuis son incarcération le mardi 21 octobre 2025 à la maison d'arrêt de la Santé, à Paris, Nicolas Sarkozy fait l'objet d'une mesure de sécurité exceptionnelle. En plus de son placement au quartier d'isolement, deux officiers de sécurité sont logés en permanence dans la cellule attenante à la sienne. 

Un dispositif de sécurité 24h/24

Dès son arrivée, un protocole de sécurité en détention d'une personnalité a été déployé pour l’ancien président de la République. Selon une information de Libération, deux officiers du Service de la Protection (SDLP), l'unité chargée de la sécurité des hautes personnalités françaises et étrangères, ont été installés dans la cellule jouxtant celle de l'ex-chef de l'État, au sein du quartier d'isolement (QB4). Cette "cellule opérationnelle" leur permet d'assurer une surveillance constante.

Leur mission est d'assurer la protection rapprochée de Nicolas Sarkozy 24 heures sur 24. Comme le rapporte Ici, les deux policiers fonctionnent en binôme et sont relevés par une autre équipe toutes les douze heures. Interrogé sur le sujet, le ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez, a rapidement justifié ce dispositif, expliquant qu'il était maintenu "eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui". 

La décision, qui relève de la compétence exclusive du Ministère de l'Intérieur, s'inscrit dans la "tradition républicaine" non écrite qui accorde une protection à vie aux anciens présidents, quel que soit leur lieu de résidence. C'est dans ce cadre que s'opère la protection de l’ancien président incarcéré.

Vous avez aimé cet article ?

“Ces mesures de protection sont accordées sur décision du ministre de l’Intérieur en vertu d’une tradition républicaine non écrite qui prévoit la protection, sans limitation de durée, des anciens présidents de la République”, précise un rapport de l'Assemblée nationale pour le projet de loi de finances 2025.

Ces agents conserveront leur arme de service, un pistolet automatique chacun, sur eux. En temps normal, cela est strictement interdit pour les personnels pénitentiaires en présence des détenus, par mesure de sécurité, notamment pour éviter tout risque de vol ou d’utilisation abusive.

Le personnel pénitentiaire vent debout contre cette mesure

Cette situation a immédiatement provoqué la colère des syndicats. Sur RTL, l'Ufap-Unsa-Justice a dénoncé un "crachat qui est fait au personnel pénitentiaire", estimant que cette décision remet en cause leur professionnalisme et leur capacité à assurer la sécurité de tous les détenus, y compris les plus sensibles. 

Pour Wilfried Fonck, secrétaire national du syndicat, la présence des agents SDLP de Nicolas Sarkozy en prison est une aberration. Il les qualifie de "personnes civiles" qui "ne sont pas rompus au fonctionnement" du milieu carcéral et qui représentent "deux boulets supplémentaires à traîner" pour les surveillants. Il assure n'avoir "jamais vu ça en 25 ans de carrière". L'administration pénitentiaire avait déjà placé l'ex-président sous un régime d'isolement strict, jugé suffisant pour garantir à la fois "la sécurité de M. Sarkozy et le bon ordre de l'établissement".

Google News Voir les commentaires