Surprime émeutes : pourquoi votre assurance auto et habitation va augmenter en 2026

Publié par Matthieu Chauvin
le 23/12/2025
Emeutes
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Le Sénat a voté mi-décembre un amendement au projet de loi de finances 2026 instaurant une surprime obligatoire sur les contrats d'assurance pour financer un fonds dédié à des évènements bien indépendant de votre volonté. Et le motif est surprenant. Voici de quoi il s'agit.

Alors que le budget des ménages est déjà sous tension, une nouvelle ligne pourrait bientôt s'ajouter à vos factures d'assurances. Dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances (PLF) pour 2026, le Sénat a adopté un amendement gouvernemental instaurant une garantie obligatoire contre les violences urbaines. Même avec la loi spéciale, elle devrait s'appliquer.

Vous paierez pour les émeutes urbaines

C'est une décision qui ne passera pas inaperçue auprès des assurés. Les sénateurs ont validé la création d'une garantie contre les émeutes, financée par une surprime spécifique, nous apprend le Midi Libre. Cette mesure vise directement les contrats de dommages aux biens, ce qui signifie qu'une augmentation de l'assurance auto et habitation pour 2026 semble désormais inéluctable si le texte est définitivement adopté. Concrètement, tous les contrats incluant une garantie dommages, qu'il s'agisse de votre multirisque habitation (MRH) ou de votre assurance véhicule, seront impactés par ce prélèvement supplémentaire.

Le montant exact de cette contribution reste encore flou, mais des fourchettes se dessinent. Selon plusieurs sources, le taux pourrait osciller entre 2 % et 5 % du montant de la prime dommage. Si le ministère de l'Économie évoque plutôt une hypothèse basse autour de 2 %, certaines estimations rapportées par Assurland et MoneyVox pointent vers un coût plus élevé. Le chiffre définitif de la surprime obligatoire assurance émeutes et son montant seront fixés par décret, laissant planer une incertitude sur la facture finale pour les particuliers, les entreprises et les collectivités locales.

Un fonds mutualisé inspiré des catastrophes naturelles

La mise en place de ce mécanisme répond à une urgence financière constatée par l'État. Les violences urbaines de l'été 2023 ont coûté environ 730 millions d'euros aux assureurs, tandis que les récents événements en Nouvelle-Calédonie ont avoisiné le milliard d'euros. Face à ces montants colossaux, les compagnies d'assurance tendent à durcir leurs conditions, voire à se désengager de certaines zones. Pour éviter que des sinistrés ne se retrouvent sans couverture, le gouvernement a imaginé un système de mutualisation permettant la création d'un fonds d'indemnisation des violences urbaines obligatoire.

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Le fonctionnement de ce nouveau régime est calqué sur celui des catastrophes naturelles (Cat Nat). L'indemnisation ne sera pas automatique : elle sera conditionnée à la qualification officielle de l'événement par une commission dédiée. L'amendement apporte d'ailleurs une définition légale d'émeute pour assurance, précisant qu'il s'agit d'une "action collective occasionnant des violences, dirigée contre l'autorité publique, exprimant une protestation ou visant à obtenir la satisfaction de revendications d'ordre politique ou social", comme le relève Breizh-Info. C'est cette qualification précise qui permettra de savoir comment va fonctionner la surprime émeutes et à quel moment les victimes pourront prétendre à une prise en charge par ce fonds spécifique.

Un impact financier contesté par les professionnels

Pour les assurés, l'addition commence à être salée. Pour un contrat d'assurance habitation moyen de 350 euros par an, une taxe de 2 % représenterait une hausse d'environ 7 euros. Si cela peut sembler modeste, il faut rappeler que l'impact de la surprime émeutes sur le PLF 2026 s'ajoute à d'autres taxes existantes, comme celle sur les attentats (6,50 euros) ou la récente hausse de la surprime Cat Nat. C'est donc une accumulation de charges qui pèse sur le budget des Français.

Du côté des professionnels, la mesure passe mal. Citée par le Midi Libre, l’association pour le management des risques et des assurances de l’entreprise (AMRAE) a effectué le calcul suivant : "Pour une prime de 100 euros, cette nouvelle contribution viendrait alourdir la facture de 5 euros. Ajoutez à ça la surprime catastrophe naturelle (20 euros), celle sur le terrorisme (16) ainsi que les différentes taxes sur les conventions d’assurance et vous réglerez une facture finale de 154 euros." 

"Autrement dit, plus d’un tiers de la prime ne sert plus à assurer le risque", s'indigne l’association, dans L’argus de l’assurance. "Il n’existe pas, aujourd’hui, de difficulté structurelle pour assurer le risque émeutes en France", insiste-t-elle.

Les assureurs dénoncent ce qui s'apparente selon eux à une "taxe casseurs" sur les contrats d'assurance, estimant que la sécurité des biens face aux émeutes relève des missions régaliennes de l'État, c'est-à-dire du maintien de l'ordre, et non d'un risque assurantiel classique. "Les assureurs dénoncent une taxe casseurs", rapporte notamment L'Argus de l'Assurance. De plus, le texte prévoit que l'État ne pourra pas être tenu civilement responsable des dommages couverts par cette garantie, une disposition qui protège les finances publiques au détriment des cotisants privés. Le texte doit encore être examiné par l'Assemblée nationale avant une entrée en vigueur prévue l'année prochaine.

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