Usurpation d'adresse : "on a reçu une lettre d'un huissier à la maison qui ne nous concernait pas "IllustrationIstock
INTERVIEW. Après les usurpations de plaque d'immatriculation ou de carte d'identité, certains malfrats n'hésitent pas à utiliser votre adresse postale pour éviter de payer leurs factures. Nous avons interrogé François Petit, victime du phénomène depuis plusieurs années.
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L'usurpation d'adresse est un phénomène qui tend à se multiplier dans l'Hexagone. De nombreuses personnes reçoivent des courriers de différentes natures chez eux, au nom d'individus qu'ils ne connaissent pas. Est-ce dangereux ? Que pouvez-vous faire pour signaler ce problème ? Nous avons interrogé François Petit, 27 ans, qui réside à Roubaix. 

Ce chef de projet événementiel reçoit depuis plusieurs années dans sa boite aux lettres des dizaines de courriers : factures, amendes, frais vétérinaires et toute autre lettre nécessitant de rembourser une somme d'argent. Dès l'achat de sa maison chez le notaire, les anciens propriétaires jouent la carte de l'honnêteté : "il faut qu'on vous dise un truc, ce n'est rien de bien grave, on vit avec depuis longtemps, mais sachez que vous allez avoir plein de courriers de différents noms qui vont arriver chez vous". Rien de bien rassurant à première vue, mais l'information n'empêche pas François et son compagnon de signer l'achat de leur toute première maison. 

Un huissier les menace de récupérer leurs affaires 

Très rapidement, chose promise, chose due.  Les courriers d'inconnus arrivent chez eux, jusqu'à la réception d'une lettre d'huissier, avec mise en demeure, "sous peine de saisir nos biens avec la police et d'amener un serrurier si on ne payait pas dans les temps". À ce moment précis, le couple commence à s'inquiéter : "on a pris peur, on s'est dit que ça allait passer à un stade où ils vont débarquer chez nous, pour prendre notre télévision et nos affaires".  Ils vont en fait découvrir que toute leur rue est victime du même phénomène. 

Une usurpation seulement en surface  

Après avoir contacté le cabinet d'huissier à l'origine du courrier, ils comprennent que les risques sont minimes pour eux : "au téléphone, l'huissier nous explique qu'ils n'ont pas le droit de rentrer chez des gens sans être certains que la personne recherchée est bien domiciliée à cette adresse-là." De plus, ils apprennent en même temps que leur rue est concernée par le même problème : "un courrier sur deux dans notre quartier arrive en fait avec des faux noms". 

Mais François et son compagnon ont de la chance, l'usurpation ne concerne que leur adresse postale, et pas leurs noms : "s'ils étaient utilisés en plus de notre adresse, ça aurait vraiment été problématique". La postière du coin est par ailleurs au courant de ces usurpations d'adresse, mais ne peut prendre le temps de vérifier si les noms et prénoms de chaque adresse correspondent bel et bien à celui des personnes qui y résident : "si je dois vérifier les noms et empêcher les usurpations sur tous les courriers j'y passerais toute la journée" confirme-t-elle. Comment signaler aux autorités une usurpation d'adresse ? 

Renvoyer les courriers en NPAI 

Première étape, renvoyez les courriers à La Poste en indiquant la mention "NPAI" pour "n'habite pas à l'adresse indiquée". Cette appellation a été mise en place en 2013. Vous pouvez également signaler les faits aux principales entités qui envoient des courriers chez vous ( Enedis, impôts, etc). Malheureusement, il n'y a pas de solution miracle pour y remédier concrètement.

Néanmoins, pour éviter que cette usurpation d'adresse postale ne se transforme en usurpation d'identité, avec des courriers utilisant votre nom en plus de votre adresse, voici quelques conseils :

  • avant de jeter un papier dans une poubelle comprenant vos nom et prénom, assurez-vous d'avoir rendu invisible quelconque information vous concernant (nom, prénom, date de naissance) ;
  • si vous êtes victime d'une usurpation d'identité, déposez plainte dès que possible
  • prévenez votre banque
  • vérifiez si des comptes ont été ouverts à votre nom ; 
  • pour davantage de renseignements, consultez le site officiel de la Banque de France