Pourquoi la taxe sur les ordures pourrait exploser d'ici 2030 ?

Publié par Matthieu Chauvin
le 21/10/2025
Taxe ordures ménagères
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C'est une autre hausse d'impôts prévue dans le Projet de loi de finances 2026. Sébastien Lecornu la présentera aux députés de l'Assemblée nationale, et elle pourrait faire mal au pouvoir d'achat si le budget du Premier ministre n'est pas censuré. Une taxe environnementale va augmenter progressivement durant les quatre prochaines années et impacter directement celle que vous payez au niveau local sur les ordures ménagères, que vous soyez propriétaire ou locataire.

 

La mesure est inscrite dans le Projet de loi de finances 2026, présenté le 14 octobre à l'Assemblée nationale par Sébastien Lecornu. Et si elle est adoptée, vous allez regarder vos poubelles autrement ! Le gouvernement, révèle RMC, a proposé un texte qui vise à augmenter directement la Taxe Générale sur les Activités Polluantes (TGAP), ce qui aura pour effet de relever indirectement celle sur l'enfouissement des déchets. Que les particuliers, propriétaires ou locataires, payent en partie via la fameuse TEOM : la taxe d'enlèvement des ordures ménagères.

Une augmentation de la taxe sur les ordures de 62 %

A la page 107 du Projet de loi de finances relatent nos confrères, un calendrier est même précisé et prévoit "Une augmentation des tarifs d’environ 10% par an sur la période 2026-2030" pour la TGAP. Le prix de la tonne de déchets passerait progressivement de 65 euros actuellement à 105 euros d'ici 4 ans, soit une hausse vertigineuse de 62 %

Un impôt environnemental payé par les ménages

L'objectif affiché de cette mesure est environnemental : alourdir le coût de l'enfouissement et de l'incinération pour inciter les collectivités et les ménages à développer massivement le tri et le recyclage. La France reste en effet à la traîne en Europe, avec un taux de recyclage de 25,9 % en 2023, bien loin de la moyenne de 41,9 % dans l'Union européenne.

Toujours relayé par RMC, un communiqué a été publié le 15 octobre par l'association Villes de France en réaction à cette éventuelle augmentation : "Cette hausse de la TGAP sera forcément répercutée sur les habitants par l’augmentation de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM)" que prélève chaque commune.

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L'augmentation mécanique d'une taxe "injuste et inefficace"

Concrètement, l'impact de l'augmentation TGAP sur la TEOM est mécanique. Cette taxe est d'abord payée par les entreprises qui gèrent les décharges et incinérateurs. Celles-ci la répercutent sur leurs clients : les collectivités locales. Pour compenser ce surcoût (entre 240 et 450 millions d'euros d'ici 2030 selon France Info), les intercommunalités n'ont d'autre choix que d'augmenter la taxe d'enlèvement des ordures ménagères (TEOM), que vous retrouvez sur votre avis de taxe foncière si vous êtes propriétaire, et que vous répercutez en une ou plusieurs fois à votre locataire si êtes bailleur... 

Les collectivités se révoltent déjà contre la potentielle hausse de cette taxe qu'elles jugent "injuste et inefficace." Elles voudraient appliquer le concept du "pollueur-payeur" en mettant à contribution les industriels, qui sont ceux qui produisent les déchets non recyclables. Le gouvernement l'a bien compris et aussi inscrit dans son texte "La création d'une taxe sur les emballages plastiques non recyclés : de 30 euros la tonne dès 2026 jusqu'à 150 euros en 2030." Mais là encore, une partie sera immanquablement répercutée sur la TEOM des particuliers...

Quel coût final pour les particuliers ?

Cette hausse de la taxe poubelle pour les ménages s'ajoute à une tendance déjà inflationniste. D'après l'UFC-Que Choisir, la TEOM coûtait en moyenne 144 euros par habitant en 2023, un montant en hausse de 7 % en un an et de 20 % en seulement cinq ans. Le nouveau calendrier de TGAP va donc inévitablement accentuer cette pression sur le budget des Français.

Face à cette envolée, comment réduire sa taxe d'enlèvement des ordures ménagères ?  Certaines collectivités, comme le souligne Le Parisien, pourraient aussi faire le choix de remplacer la TEOM par une redevance incitative, la REOM, pour laquelle la facture dépend directement de la quantité de déchets produits par le foyer : 15 % des ménages français la payent déjà.

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