À 76 ans, un retraité de l’Oise vivait une double vie de proxénète

Publié par Alice Ernult
le 17/11/2025
Justice
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Pendant près de 10 ans, Jean-Michel L., 76 ans, aurait prêté son logement social à des prostituées, en échange d’argent et de faveurs sexuelles.
 

Une vie parallèle. Le procès de Jean-Michel L., décrit par Le Parisien comme un “papy proxénète”, s’est ouvert sur une scène aussi bancale que la situation pour laquelle il est jugé au tribunal correctionnel de Beauvais (Oise). À 76 ans, ce retraité poursuivi pour proxénétisme aggravé, manque d’abord de s’effondrer après avoir raté une marche en entrant dans le box de la salle. 

Derrière ses cheveux blancs en bataille et ses fines lunettes rectangulaires, Jean-Michel assure qu’il n’était qu’un “bon samaritain”, prétendant rendre service à des femmes dans le besoin. Mais selon le média, les faits révélés dressent un portrait bien différent : celui d’un homme qui, depuis au moins 2019, aurait tiré profit de trois prostituées, utilisant son logement social comme espace de rencontre moyennant des avantages sexuels. Malgré la gravité des faits, l’âge avancé de l’accusé lui épargne l’incarcération.

Le tribunal correctionnel a toutefois prononcé une lourde peine financière : 360 jours-amendes à 50 euros, soit 18 000 euros, qu’il devra régler sous peine de prison. Dans l’appartement social à son nom, qu’il n’occupait pas réellement, les enquêteurs ont trouvé un lieu organisé : préservatifs, lubrifiants et aménagements destinés à accueillir clients et travailleuses du sexe. Selon Le Parisien, l’homme vivait en réalité avec sa compagne, totalement étrangère à cette double vie.

Un logement social transformé en lieu de passes

C’est l’OPAC, le bailleur social, qui donne l’alerte après des plaintes. Un voisin témoigne anonymement : “Il vient le matin, relève son courrier et ouvre ses volets. Puis il vient toujours avec des femmes et fait des allers-retours pour accueillir des hommes qu’il raccompagne ensuite.” Jean-Michel organisait les rendez-vous, fixait les tarifs et fournissait l’appartement aux prostituées, lesquelles affirment qu’il prélevait une part sur leurs prestations.

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L’une d’elles confie au journal : “Je trouvais ça normal de donner une partie, c’est un vieux monsieur, il n’a jamais été méchant.” Une autre évoque son voyeurisme : “Au début, c’était gratuit, mais il voulait se masturber quand j’étais avec un client.” Une troisième confirme : “Ça pouvait arriver qu’il regarde ce qu’il se passe.” L’intéressé nie, ou reconnaît partiellement, selon les moments, brouillant plus encore son image.

Les incohérences d’un homme “égocentrique”

Lors de la perquisition, 2 500 euros en liquide sont découverts. L’homme explique les retirer chaque mois : “Tous les 5 du mois, je retire 250 à 300 euros de ma retraite, pour avoir de côté pour les vacances ou payer un peu de champagne pour les fêtes.” Le tribunal l’interrompt : aucune trace bancaire ne correspond. “Si, si, c’est marqué en bas ! », insiste-t-il, sans convaincre. 

Interpellé sur les faveurs sexuelles reçues, il répond : “Non, juste quelques fellations, et seulement de l’une d’entre elles. La dernière, elle n’a rien fait, absolument rien.” L’expertise psychiatrique évoque une personnalité “égocentrique” et “manipulatrice”, minimisant ses actes et ne reconnaissant que ce qui lui est opposé de manière irréfutable.

Dix années d’activité clandestine

Selon le substitut du procureur Stéphane Billiet, cité dans Le Parisien, “1 285 pages de conversation SMS” et “2 844 pages de photos” d’annonces montrent une gestion méticuleuse remontant jusqu’à 2016, au-delà de la prescription. Le vidéophone dédié, les prises de rendez-vous et les envois de messages en se faisant passer pour une femme établissent une véritable organisation.

“Les gentils proxénètes ça n’existe pas !”, rappelle le procureur. “Ce n’est qu’une exploitation de la misère de l’autre.” Malgré les preuves, Jean-Michel assure : “Je n’ai jamais pensé que ça pouvait finir en eau de boudin.” Après des années à jouer double jeu, il reconnaît finalement que la situation dure “depuis une dizaine d’années”. Une conclusion qui met fin au vernis d’innocence dont il tentait encore de se draper.

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