Vin à 1 centime chez Lidl : l’erreur d’étiquetage qui scandalise les vignerons
C'est une étiquette qui a du mal à passer. Ce lundi 8 décembre, au rayon alcool d'un supermarché de Sérignan, dans l'Hérault, des clients et professionnels sont tombés nez à nez avec une offre défiant toute concurrence, et surtout toute logique économique : une bouteille de vin rosé affichée au prix dérisoire de un centime d'euro.
Une étiquette à prix cassé repérée dans l'Hérault
L'affaire débute par une simple photo prise dans les rayons du Lidl de Sérignan. On y voit une bouteille de Côtes-de-Gascogne, habituellement commercialisée aux alentours de 2,99 euros, proposée à 0,01 euro. L'information remonte très vite aux oreilles des représentants syndicaux locaux, déclenchant instantanément la colère des viticulteurs de l'Hérault contre Lidl. Pour la profession, voir le fruit de leur travail bradé à un tarif inférieur à celui de l'eau du robinet est un affront insupportable.
Alerté, Jean-Pascal Pelagatti, coresponsable de la FDSEA 34, s'est rendu sur place pour constater les faits. L'image de ce produit, soldé à un niveau symboliquement nul, a été vécue comme une provocation alors que la filière traverse une crise économique majeure. Si le produit a été rapidement retiré de la vente, le mal était fait, et l'incident est devenu le symbole des relations parfois houleuses entre le monde agricole et la grande distribution.
Erreur technique ou dévalorisation brutale ?
Face au tollé, l'enseigne de hard-discount a tenté d'éteindre l'incendie en plaidant la maladresse informatique. Selon les explications fournies par la direction régionale, cette erreur d'étiquetage du vin rosé à 1 centime ne serait pas une promotion commerciale, mais le résultat d'un bug. "Ils ont dit qu'il s'agissait de produits déréférencés, un vin qui ne se vendait pas, dont la valeur en stock avait été mise à zéro. D'où la méprise avec le prix de vente", a expliqué la FDSEA 34, dont les propos sont relayés par Marie France. Une erreur de mise en rayon aurait donc conduit ces bouteilles, théoriquement destinées à la destruction ou au retrait, directement sous les yeux des clients.
Cet argumentaire technique peine toutefois à convaincre la FDSEA de l'Hérault qui dénonce ce montant comme une attaque contre la valeur du travail agricole. Pour Guilhem Vigroux, membre du syndicat, le compte n'y est tout simplement pas : "1 centime, c'est incroyable. Techniquement, c'est impossible. Rien que l'étiquette sur la bouteille coûte entre 2 et 3 centimes", s'insurge-t-il. Au-delà de l'aspect comptable, c'est le message envoyé au consommateur qui inquiète. En voyant un tel prix, le client pourrait imaginer que le vin ne vaut rien, ou à l'inverse, que les bouteilles vendues plus cher sont une arnaque.
La filière sous tension maintient la pression
Cet incident n'est pas anodin car il survient dans un contexte explosif. La viticulture française, et particulièrement occitane, "bat de l'aile" et peine à écouler ses stocks. Les conséquences de cette erreur de prix sur le Côtes-de-Gascogne dépassent le simple cadre d'un magasin : elles touchent à la dignité des producteurs. Plutôt que de détruire ou de brader virtuellement ces bouteilles via des processus comptables obscurs, les syndicats suggèrent des alternatives plus solidaires.
"Ils auraient pu proposer un carton offert pour un acheté s'ils voulaient déstocker. Ou alors les donner aux Restos du Cœur", regrette Jean-Pascal Pelagatti cité par CNews. Cette affaire illustre le risque permanent de dévalorisation du vin par la grande distribution, un sujet sur lequel les agriculteurs restent intransigeants. La FDSEA a d'ailleurs prévenu : une surveillance accrue des rayons sera effectuée dans les semaines à venir. Si une telle "erreur" venait à se reproduire, le syndicat promet qu'une "mobilisation aura lieu" pour bloquer les enseignes fautives.