Prix du tabac : une petite hausse avant l'interdiction de fumer ?

La nouvelle est tombée en fin de journée. La ministre de la Santé Catherine Vautrin a dévoilé à Ouest-France que de nouvelles mesures seraient effectives pour lutter contre le tabagisme dès le 1^er juillet. Il sera interfid de fumer sur toutes les plages de Frances, dans tous les jardins publics, aux abords des écoles (y compris les lycées), des abris de bus mais aussi dans les équipements sportifs. La cigarette électronique ne sera pas concernée. Toute infaction sera sanctionnée d'une amende de 135 euros.

"Là où il y a des enfants, le tabac doit disparaître"

C'est ce qu'a déclaré la ministre à nos confrères, avant d'assurer qu'il n'y aura pas de nouvelle hausse dans l'immédiat.  Si l’interdiction de la cigarette aux moins de 18 ans n’est pas à l'ordre du jour,  "je ne m’interdis rien à l’avenir", répond-elle. Pourtant, une augmentation des prix du tabac est prévue pour entrer en vigueur le 1er juin depuis 2025, après celle du 1er mars, mais elle ne va cette fois-ci impacter qu'un nombre restreint de fumeurs. Etrangement, elle concerne principalement des paquets de cigarettes que les fabricants ne commercialisent pas en France métropolitaine et que l'on ne peut donc pas trouver en point de vente. Même sur le marché noir, après que nous ayons fouiné dans un coin de Paris peu fréquentable où la contrebande et la contrefaçon font loi. Peut-être chez nos voisins ?

Une nouvelle hausse qui n'en est pas vraiment une

Nous avons contacté Philip Morris France, filiale de Philip Morris International, propriétaire des marques en question pour en savoir plus sur ces hausses, sans réponse pour le moment (Idem pour la douane, qui liste tous les tarifs et le ministère des Finances). Un fabricant, Imperial Tobacco a baissé en revanche ses prix sur plusieurs références (découvrez lesquelles en fin d'article) d'une de ses marques phares : jusqu'à 1 euro en moins ! Pour le tabac à rouler, seul le pot de 30 grammes de Gauloises à tuber S augmente, de 17,90 euros à 18,40 euros. Pour les autres conditionnements, à part quelques marques de cigares dont les prix gonflent de quelques dizaines de centimes, c'est le statu quo. Aussi, cette hausse est elle due aux fabricants, ou aux taxes et à l'accise sur le tabac ? Affaire à suivre. Notez pour les habitués que les Gauloises Blondes, en Bleu ou Rouge 25 unités, mais aussi les News & Co Bleu 100s en 20 unités, News & Co Bleu en 30 unités et News & Co Rouge en 25 unités, seront-elles retirées des présentoirs de vos buralistes. Définitivement.

Fumer, même une alternative, reste ancré dans les mentalités

D'après les statistiques de Santé publique France, les dernières datant de 2022, 12 millions de Français fument quotidiennement (15 millions en tout en comptant ceux qui le font occasionnellement). Ce chiffre est stable depuis 2019 mais la baisse continue de leur nombre depuis les années 70 s'était très fortement ralentie cette année-là. Parmi eux, 60 % souhaiteraient arrêter le tabac. Concernant le vapotage, la tendance était à l'augmentation : 41,2 % des 18-75 ans déclaraient avoir déjà expérimenté la cigarette électronique, 5,5 % la pratiquaient tous les jours (et cela a sans doute explosé depuis). Cette dernière est de plus en plus contestée par les scientifiques. Le Comité national contre le tabagisme (CNCT) tente actuellement d'interdire de nouvelles cigarettes électroniques présentées comme "saines" mais contenant de la a 6-méthyl-nicotine ou métatine, nous apprend BFM TV. Cette substance serait trois fois plus addictive que la nicotine (qui l'est déjà plus que l'héroïne !), dont elle est très proche chimiquement, et plus nocive pour les poumons. Le CNCT aura-t-il gain cause comme pour les "puffs", leurs versions jetables ? Mais une question se pose : peut-on vraiment prendre les statistiques pour argent comptant, sachant que presque partout en France, on peut acheter des cigarettes contrefaites à chaque coin de rue, à l'unité pour 50 centimes ou 5 euros le paquet ?

Le tabac reste un facteur d'intégration chez les jeunes 

C'est le constat, là aussi rapporté par BFM TV, d'une étude publiée mardi dans le bulletin d'épidémiologie hebdomadaire (BEH) de Santé publique France, à quelques heures de la Journée mondiale sans tabac ce samedi 31 mai. Une analyse de 18 pages nommée "Perceptions du tabagisme parmi les 18-75 ans", basée sur un panel de 3 229 personnes interrogées en 2022, révèle que "Les individus plus jeunes et avec un niveau de diplôme moins élevé sont plus enclins à percevoir le tabagisme comme un comportement socialement acceptable." Les données recueillies ont été recoupées avec toutes celles des études réalisées depuis 2005. Ainsi, ses auteurs remarquent que "certains signes semblent indiquer un inversement de tendance." L'argument : "27,3% de personnes sont en accord avec l'affirmation 'fumer permet d'être plus à l'aise dans un groupe'", un chiffre qui augmente depuis 2017. Mais les Français aiment les paradoxes. Eux peuvent fumer, mais pas les autres. Preuve en est un récent sondage sur la cigarette en terrasse.

Fumer en terrasse sera bientôt interdit dans toute la France ?

Le débat fait rage depuis des années maintenant. Bannis des salles des restaurants et cafés, les fumeurs se réfugient en terrasse, même l'hiver depuis que les parasols chauffants sont interdits. Une nouvelle interdiction les privera-t-elle bientôt de cette "pause cigarette." Nous sommes bien partis pour. Un sondage réalisé par YouGov pour le Huffington Post dévoile que 68 % des Français (1 003 personnes interrogées du 20 au 21 mai) sont pour faire le ménage en terrasse : plus de fumeurs, ni même de vapoteurs, plus de tabagisme passif. Et puisqu'on vous dit que les Français aiment les paradoxes, nos confrères révèlent que "La majorité est même encore plus nette chez les jeunes (79 % des 18-24 ans sont favorables à l’interdiction)"... Au final, ce sont peut-être les hausses répétées qui visent à fixer le prix d'un paquet à au moins 25 euros qui auront le dernier mot.