TÉMOIGNAGES. Pénurie de carburant : comment les Français se débrouillent sans essence
Pénurie de carburant : ces derniers jours, le mot est sur toutes les lèvres, et le sujet, de toutes les conversations. En raison d’une grève dans plusieurs raffineries de l'Hexagone, de nombreuses stations service ne sont plus approvisionnées correctement depuis près d’une semaine. Et à la pompe, il n’y a plus rien pour les autombolistes en mal d’essence.
Des stations à sec ont ainsi été contraintes de fermer, d’autres acceptent les voitures au compte-goutte, et les autorités ont même adopté une série de mesures, pour “réguler” l’afflux d’automobilistes et permettre à tout le monde de remplir, à minima, son résérvoir.
Par exemple :
- Le plein est limité à 30 litres dans certains départements
- Il est désormais interdit de remplir des jerricans ou des bidons
- Dans certains départements, certaines professions sont prioritaires
Pénurie de carburant : jusqu’à quand ?
Mais pour l’heure, malgré ces nouvelles règles, c’est la croix et la bannière pour de nombreux Français. Files interminables, peur de tomber en rade et économies du moindre centilitre… Planet a interrogé six autombolistes de tous horizons afin de savoir comment ils faisaient face à cette situation critique. Découvrez leurs témoignages et leurs astuces dans notre diaporama.
Et ils n’en ont pas fini de devoir ruser face à la pénurie de carburant. Lundi 10 octobre, les grévistes de la raffinerie Total du Havre ont voté la reconduction de leur grève. Et même si les négociations promises par le gouvernement portent leur fruits, il faudra attendre plusieurs jours pour que les stations de l’Hexagone soient à nouveau livrées correctement, et que la situation revienne à la normale.
Faire preuve de patience... et avoir de la chance
Lucas, 25 ans, a eu ce qu’il appelle une “opportunité” du premier coup. Lundi, le jeune homme qui habite dans la région perpignanaise a trouvé de l’essence dans la première station venue. Seul bémol : la queue. “J’ai du patienter pendant plus de 20 minutes. Mais j’ai bien fait, parce qu’aujourd’hui, je suis repassé devant, et la station est fermée”, explique t-il.
Bien choisir sa station service... et faire le plein quand c'est possible
Mia, une trentenaire des Hauts-de-Seine, a tout essayé, de son côté, pour trouver de quoi remplir son réservoir ce week-end. “C’était la galère : j’ai dû faire cinq stations avant d’en trouver une qui soit ouverte. Mais j’étais sur ma réserve, et je n’avais pas le choix, c’était très stressant”, nous confie t-elle.
Sans surprise, ce n’est ni chez Total, ni chez Esso qu’elle est parvenue à gonfler sa jauge à essence. “La seule station à 5 kilomètres autour de chez moi qui avait encore du carburant, c’était BP. Le gérant m’a conseillé de faire un plein, car même lui n’était pas sûr d’être livré à nouveau en carburant cette semaine”.
Elle conseille aux automobilistes de se renseigner au maximum sur les approvisionnements avant de se déplacer.
Privilégier certaines heures pour trouver de l'essence
Anne-Sophie, une jeune maman bien organisée, explique quant à elle qu’elle s’est rendu à la pompe après 10h, à l’heure où la plupart des gens sont déjà au bureau. Elle précise toutefois : “on a tout de même attendu 20 minutes”.
Ne pas avoir peur de s'éloigner (un peu)
Autre technique pour ceux qui ne craigenent pas la panne : faire de nombreux kilomètres pour trouver l’or noir… Audrey, jeune parisienne, a dû, à l’image de Mia, sillonner l’Île-de-France dimanche après-midi pour trouver de l’essence. Elle a fini par trouver une station à une vingtaine de kilomètres de la capitale. “Il y avait des réserves, et presque pas d’attente. En même temps, c’était un peu un coin perdu… Et j’ai tout de même perdu du temps”, relate la trentennaire.
En réalité, il est difficile, donc, de sortir gagnant de la pénurie.
Surtout que contrairement à Mia, Anne-Sophie, Audrey et Lucas, de nombreux Français n’ont pas eu la chance de pouvoir faire le plein, ces derniers jours…
Prendre les transports en commun
Face au risque de panne sèche, la galère des transports en commun
Eric, 60 ans, a dû prendre les transports en commun pour aller travailler ce mardi matin. Pour se rendre sur son lieu de travail, à Rungis (Val-de-Marne), depuis son appartement du treizième arrondissement de la capitale, le sexagénaire met d’ordinaire une quinzaine de minutes en voiture.
Mais aujourd’hui, c’était métro et tramway, pour une durée de trajet de plus d’une heure. “Ma voiture est sur la réserve, et je n’étais pas sûr de pouvoir revenir ce soir. Donc, j’ai pris les transports en commun. Ils étaient bondés : je ne pense pas être le seul dans cette situation…”, déplore le père de famille.
Pour Ahmed, 35 ans, c’est le même combat. “J’habite à Cergy, et je devais rejoindre ma copine à Paris lundi soir. Sauf que je n’ai jamais trouvé d’essence. J’ai du prendre le RER.” Avec un hic, majeur : Ahmed est en béquilles. “C’était assez compliqué”, souffle t-il.
L’idée de prendre un taxi lui a traversé l’esprit, mais la plupart de ceux qui l’ont contacté ont refusé, ou alors, pour un prix faramineux. “L’un d’eux m’a dit qu’ils galèraient aussi à trouver de l’essence…”
Faire du covoiturage
Quoi qu’il en soit, même ceux qui sont parvenus à faire le plein tiennent à veiller précieusement sur leur jauge. “Car on ne sait pas quand on pourra à nouveau remplir notre réservoir”, confie Mia.
La jeune femme limite ses déplacements au maximum. “Je m’arrange pour ne pas aller trop loin, marcher ou prendre les transports quand c’est possible. Mon voisin est également mon collègue, nous avons décider de nous alterner en co-voiturant avec nos voitures pour limiter la descente de nos jauges respectives”, explique t-elle.
Dans tout ça, le prix de mon plein a doublé. J’ai l’habitude de mettre pour 35 euros maximum dans mon véhicule, et hier, j’ai payé 60 euros. - Mia, automobiliste en région parisienne
Optimiser ses déplacements
Anne-Sophie optimise également ses déplacements depuis quelques jours. “On mutualise tout : crèche, courses, colis à récupérer… On doit gagner un ou deux kilomètres à chaque fois, mais c'est toujours ça”, précise la mère de famille.