Cet hôpital des Hauts-de-France pourrait avoir transmis le VIH à 4500 patients
C'est une nouvelle qui a fait peu de bruit. Elle est pourtant effrayante, et surtout très étonnante, car on pensait que les leçons de l'affaire d'Etat qui avait éclaté au grand jour en 1991 avait été tirées. Cette affaire, c'était celle du sang contaminé. A partir de 1983 dans toute la France, même si on connaissait encore peu de choses de la maladie, le sida, des centaines de patients, essentiellement hémophiles, vont être contaminés par le virus du VIH (ou par l'hépatite C) lors de transfusions sanguines ou de dérivés sanguins.
Une nouvelle affaire du "sang contaminé" ?
Politiques, médecins et laboratoires pharmaceutiques seront mis sur le gril, les motivations financières et mercantiles de chacun étant pointées du doigt plutôt que la négligence. Judiciairement parlant, le dernier procès aura lieu en... 2003. Près de 35 ans après les révélations de la presse qui avait fait un énorme travail d'enquête, un tel scandale est-il sur le point de se reproduire ? Depuis le 4 août 2025, environ 4 400 à 4 500 patients passés par un hôpital de Maubeuge, dans le département du Nord, sont invités à se faire dépister du VIH, selon une information de RMC. En 2022 selon l'Inserm, 180 000 personnes vivaient en France avec le VIH. Un chiffre qui augmenterait de 2,5 % dans l'hypothèse où tous les dépistages étaient positifs...
Un cabinet dentaire à l'origine de l'inquiétude
C'est en effet parce qu'ils été soignés dans un cabinet dentaire au sein de l'établissement hospitalier des Hauts-de-France que des milliers de patients ont reçu un courrier lundi dernier leur recommandant d'effectuer des tests de dépistage de certains virus: les hépatites B, C et le VIH. Le nombre très important de personnes concernées interroge. La raison fait froid dans le dos, elle a été révélée par l'Agence régionale de santé (ARS).
Les instruments étaient mal stérilisés depuis... 2 ans !
Nos confrères ont été avisés que l'ARS des Hauts-de-France avait remarqué "un écart dans la stérilisation de certains instruments utilisés." Cela durait depuis 2 ans, ce qui explique le volume de patients à contrôler. Mais pose de sérieuses questions sur cette faute grave. Comme pour les poches de l'affaire du sang contaminés, la stérilisation a-t-elle été peu rigoureuse par souci d'économies, s'agit-il de négligence ou du manque de moyens dont souffre notre système de santé, les hôpitaux étant en première ligne ?
"C'est hallucinant" déplore un mère de famille
Interrogée par RMC, la mère d'un enfant de 10 ans soigné par le cabinet dentaire en cause : "J'ai lu 'votre enfant a été exposé après à une erreur de stérilisation'. Savoir qu'il peut avoir le VIH, c'est quand même stressant." Elle ne décolère pas : "C'est hallucinant, aberrant. Ce qui me navre un peu c'est la durée finalement. L'événement s'est passé en août 2024 et je ne reçois le courrier que maintenant. Je ne suis pas prête de l'oublier." Elle est toujours en attente d'un rendez-vous pour le test de son fils. Fort heureusement, les risques de contamination seraient infimes.
Un risque de contamination de 0,003 %
D'après la radio, le risque d'être contaminé par le VIH dans cette nouvelle affaire serait de 0,003%, de 0,005 % pour l'hépatite C et un peu plus important pour l'hépatite B à 0,3 %. Mais la direction de l'hôpital se veut rassurante, et explique que pour qu'une éventuelle transmission des virus se produise, les instruments mal stérilisés doivent avoir été en contact direct avec l'un d'entre eux. Mais on imagine l'angoisse des patients qui attendent les résultats.