Un retraité, veuf et dialysé, a été escroqué de 167 000 euros Istock
Ce lundi 9 septembre, Aïcha M., 53 ans, a été condamnée à une peine de cinq ans de prison après avoir escroqué un retraité de 81 ans. Récidiviste, elle purge déjà une peine de trois ans pour des faits similaires.
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167 000 euros subtilisés. Le lundi 9 septembre, le tribunal de Paris a condamné Aïcha M., 53 ans, pour avoir escroqué Roger (le prénom a été modifié), un retraité de 81 ans. Au total, elle lui a subtilisé plus de 167 000 euros. La cinquantenaire n’en est pas à son coup d’essai, elle purge déjà une peine de trois ans pour des faits similaires.

Pour Roger, elle s’appelait Sophie. Ils se sont rencontrés au lendemain du confinement, dans un PMU. Pendant deux ans, elle lui rendait visite quotidiennement, en partageant des repas et des moments à deux dans son appartement d'Aubervilliers. Le retraité, veuf et dialysé, avait été séduit par ses attentions.

Elle lui avait promis de s'occuper de lui et de l’empêcher d’aller en Ehpad. Prête à tout pour tromper sa victime, elle était même prête à lui donner un rein. Mais en novembre 2022, lorsque la police débarque pour arrêter Aïcha, Roger tombe des nues.

Une escroc professionnelle

En réalité, Aïcha, sous contrôle judiciaire pour avoir déjà escroqué un autre retraité, avait vidé les comptes de Roger en effectuant des virements, des achats et des crédits. Ce lundi 9 septembre, Aïcha a été condamnée par la 13e chambre correctionnelle de Paris à cinq ans de prison, dont deux probatoires. La justice l’a également condamnée à rembourser cette somme et à verser 7 000 euros de dommages pour préjudice moral. Elle est également interdite, pendant cinq ans, d'exercer toute profession liée au service à la personne.

“J’ai déconné. Je m’en veux”

Lors de son procès, Aïcha, incarcérée depuis novembre 2022 pour sa précédente escroquerie, semble exprimer des remords face à ces actes. “J’ai déconné. Je m’en veux, je suis écœurée par moi-même, je m’excuse, je rembourserai autant que je peux.” Elle a évoqué son passé difficile, marqué par des années de prostitution forcée, son addiction aux jeux et son fils né d’un viol.

La procureure fait rapidement le lien entre “deux profils meurtris”. Roger a également un passé compliqué, il a été placé par sa mère en nourrice lorsqu’il était tout petit, il a perdu un enfant en bas âge et sa femme a été emportée par la maladie en 2009. 

“Mais la relation d’amitié, qui aurait pu tourner au compagnonnage, s’est transformée en totale domination par Madame, qui a profité de la fragilité de la victime, de sa vulnérabilité, dans une relation marquée par le mensonge.”  

Un fils témoin de la détresse de son père

Lors de l'audience, le fils de Roger, qui ignorait l'existence de “Sophie”, a raconté la souffrance de son père. “Il dit qu’il a plongé comme une andouille”, a confié son avocate. “Quand il voyait les faits divers, il se demandait comment les gens pouvaient se faire avoir… Après la mort de mon frère, je voulais qu’il vienne vivre près de chez moi (à 400 km). Il était trop attaché à son quartier, ses habitudes, il ne voulait pas”, rapporte le Parisien. “Il voulait se jeter par la fenêtre, c’était le coup de trop, il a pu être bête par amour et gentillesse”, raconte le fils.

Reconnu victime dans cette affaire, le fils de Roger a reçu 1 500 euros de dédommagement pour le préjudice moral subi. Selon lui, son père, économe et prudent, n’avait jamais eu de gros mouvements bancaires en quarante ans. D’autant plus que la banque n’a pas alerté Roger, ni sa famille, en le laissant contracter plusieurs prêts.

Aujourd'hui, Roger vit dans une maison pour seniors, loin de son ancien quartier. Son fils, qu'il surnomme son “sauveur”, l'a convaincu de se rapprocher de lui après cette terrible expérience.