Que sait-on de l’AMOC, ces courants océaniques dont l’effondrement pourrait plonger le continent dans un chaos climatique

Publié par Alice Ernult
le 19/08/2025
Océan
Istock
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Cet immense système de courants océaniques régule la température de l’Atlantique Nord. S’il venait à s’arrêter, les conséquences seraient terrifiantes, allant de vagues de froid polaire jusqu’à l’effondrement de l’agriculture en Europe du Nord.
 

Un bouleversement climatique d’ampleur planétaire pourrait frapper l’Europe bien plus tôt qu’on ne le pense. Peu connue du grand public, la “circulation méridienne de retournement atlantique”(ou AMOC selon son acronyme anglais) est pourtant l’un des piliers invisibles du climat européen

Ce système de courants marins, souvent confondu avec le Gulf Stream dont il est une composante, agit comme un gigantesque tapis roulant : il transporte des eaux chaudes depuis l’Équateur jusqu’au nord de l’Europe, avant de ramener les eaux froides en profondeur vers le sud. Ainsi, il est à l’origine d’un climat relativement tempéré dans nos régions, même en hiver.

Un régulateur essentiel du climat

Mais ce régulateur thermique est en train de vaciller comme l'explique The Economist. En cause : le réchauffement climatique. La fonte des glaces au Groenland, qui adoucit et allège les eaux de surface, perturbe le mécanisme de plongée de l’eau froide, essentiel au bon fonctionnement de l’AMOC. Résultat : les flux ralentissent, et certains spécialistes s’inquiètent de plus en plus d’un effondrement de ce système.

Si l’AMOC venait à s’arrêter, l’impact sur le climat européen serait d’une violence extrême. À Bruxelles, les températures hivernales pourraient chuter à -20 °C, et pourraient même atteindre -50 °C à Oslo. La Grande-Bretagne verrait jusqu’à 80 % de ses terres agricoles devenir impropres à la culture sans irrigation. Et les précipitations dans certaines régions de Scandinavie pourraient s’effondrer.

À l’inverse, le sud de la planète deviendrait plus chaud, et plus sec. La bande de pluie qui entoure les tropiques migrerait vers le sud, avec des conséquences dramatiques pour le Sahel et l’Amazonie, déjà fragilisés par la sécheresse. 

Pire encore : les tempêtes s’intensifieraient, les vagues de chaleur deviendraient plus fréquentes, et la capacité des océans à absorber le CO₂ serait réduite. Cela reviendrait à retirer un frein crucial dans la machine climatique déjà en surchauffe.

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Des incertitudes persistent

Toutefois, la date de son effondrement reste incertaine. Dans leur dernier rapport publié en 2021, les experts du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) estimaient avec une "confiance moyenne" que l’AMOC ne s'effondrerait probablement pas avant 2100. 

Un risque jugé "sous-estimé" par les auteurs d’une lettre ouverte adressée au Conseil nordique en novembre 2024, qui anticipent, eux, un basculement possible "dès les prochaines décennies". La même année, une étude menée par des chercheurs australiens et publiée dans Nature Geoscience a conclu que ce système océanique complexe pourrait voir sa puissance diminuer de 30 % dès 2040, soit deux décennies plus tôt qu’estimé jusqu’alors.

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