Pass sanitaire dans les centres commerciaux : leur astuce pour tenter d'y échapper AFP
Grâce à un amendement du gouvernement, ce sera aux préfets d'imposer ou non au cas par cas le pass sanitaire à l'entrée des centres commerciaux. Pour échapper à cette perspective, les professionnels du secteur proposent d'installer des centres de vaccination dans leurs centres pour accélérer la campagne.
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Les centres commerciaux échapperont-ils au pass sanitaire ? C'est un des points litigieux du projet de loi sur le pass sanitaire anti-Covid qui vient d'être adopté ce dimanche 25 juillet au soir après un dernier vote au Sénat et à l'Assemblée nationale. La mesure sur l'application du pass sanitaire dans les centres commerciaux a fait l'objet de beaucoup de débats après l'avis du Conseil d'État qui a estimé que cette disposition était "susceptible de concerner tout particulièrement l’acquisition de biens de première nécessité, notamment alimentaires", ce qui serait "une atteinte disproportionnée aux libertés". Le sujet a été débattu ce dimanche en commission mixte paritaire. Elle avait acté que le pass sanitaire ne serait demandé que dans les restaurants situés dans les centres commerciaux. Toutefois, un amendement gouvernemental de dernière minute a autorisé de manière très encadrée les préfets à imposer l'application du pass sanitaire pour certains centres commerciaux et a finalement été validé.

Vaccination : "Nous pourrions toucher 1 million de personnes par semaine"

En pratique , il reviendra donc aux préfets d'imposer au non le pass sanitaire à l'entrée des centres commerciaux de plus de 20 000 mètres carrés. L'accès aux biens et au services de première nécessité ainsi qu'aux transports devra en tous les cas être assuré. Face à ce statut au cas par cas qui dépendra donc des décisions préfectorales, les professionnels du secteur ont tout tenté et adopté une nouvelle stratégie : proposer la vaccination dans leurs centres. "En contrepartie d’une non-obligation de présentation du pass sanitaire, nous proposons au ministère de la Santé d’installe r des centres de vaccination dans l’ensemble de nos 21 centres commerciaux", a en effet suggéré auprès du Parisien Anne-Sophie Sancerre, directrice générale Europe du Sud d’Unibail-Rodamco Westfield (URW), qui exploite en autres le Forum des Halles à Paris, Les 4 temps à la Défense, ou encore La Part-Dieu à Lyon.

La responsable de centres commerciaux appuie son argumentaire sur la force de frappe vaccinale que pourrait représenter un tel dispositif. "Si on vaccine 500 personnes par jour dans chaque centre commercial visé par cette mesure, nous pourrions toucher 1 million de personnes par semaine", précise Anne-Sophie Sancerre. Le  Conseil national des centres commerciaux (CNCC) a rédigé une lettre ouverte au ministre de la Santé ce vendredi 24 juillet dans laquelle les professionnels du secteur demande cette "accélération du déploiement des centres de vaccination dans tous les grands centres commerciaux afin de massifier et démocratiser la campagne".

Des centres "en mesure d'assurer les protocoles sanitaires"

Reste à savoir si les préfets seront sensibles à cet argument sanitaire. Gontran Thüring, délégué général du Conseil national des centres commerciaux, s'était déjà insurgé contre l'application du pass sanitaire dans les plus gros centre commerciaux, estimant que ce sont eux qui "sont les plus stricts" en matière de protocole sanitaire. "Si les 400 plus grands centres commerciaux visés par cette mesure vaccinaient ne seraient-ce que 500 personnes par jour, en 5 jours, ils auraient déjà vacciné 1 million de Français !", insiste désormais auprès du Parisien le délégué général du CNCC.

Il s'insurge également sur le coût faramineux que le contrôle à l'entrée des centres commerciaux engendrerait. "Il faut compter 30 000 euros par mois pour le contrôle d’une seule porte d’entrée. Imaginez-vous un centre commercial avec une dizaine d’entrées ? Au total, il faudrait recruter plus de 5 000 agents", s'indigne-t-il auprès du Parisien. La directrice générale Europe du Sud d’Unibail-Rodamco Westfield assure que le coût total serait de "5 millions d’euros par mois pour tous nos centres".