Femme enceinte dévorée : que se passe-t-il dans son village ? AFP
Elisa Pilarski vivait avec son compagnon à Saint-Pierre-Aigle, dans l'Aisne. Un village qui ne lui a pas rendu d'hommage.
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Ce village de l’Aisne a été le théâtre d’un drame. Elisa Pilarski est morte le 16 novembre dernier dans la forêt de Retz, à quelques mètres seulement de la maison de son conjoint, qui se situe à Saint-Pierre-Aigle. Un mois après le décès de la jeune femme, qui était âgée de 29 ans et était enceinte de six mois, de nombreuses questions se posent toujours. Le procureur de la République de Soissons a ouvert une information judiciaire contre X pour "homicide involontaire par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement résultant de l’agression commise par des chiens". Les prélèvements génétiques effectués sur plus d’une soixantaine de chiens n’ont pas encore livré leurs résultats.

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Femme enceinte dévorée : pas d’hommage dans son village

Depuis le drame, sa famille et son compagnon Christophe Ellul n’ont cessé de lui rendre hommage. Une page de soutien a été créée sur Facebook et rassemble des centaines de personnes qui adressent leurs pensées et leurs condoléances aux proches d’Elisa Pilarski. Les obsèques de la jeune femme ont eu lieu à des centaines de kilomètres de Saint-Pierre-Aigle, à Rébénacq, dans le Béarn. Plus de 300 personnes se sont réunies le 30 novembre pour lui rendre un dernier hommage et des marches blanches sont prévues dans les semaines à venir. Sa mort a en effet entraîné une vague importante de soutien. Pourtant, comme l’explique Le Progrès, aucun hommage ne lui a été rendu à Saint-Pierre-Aigle, où vit Christophe Ellul.

Interrogé par le quotidien régional, un habitant du village explique que "peu de gens osent parler à voix haute de cette affaire, aucun hommage n’est rendu à la victime, aucune communication, rien !". Il décrit le compagnon d’Elisa Pilarski comme quelqu’un qui serait "très renfermé" et va même jusqu’à prédire "des rebondissements dans cette affaire". Auprès du Progrès, une habitante de Saint-Pierre-Aigle affirme qu’elle ne connaissait "pas ce monsieur, ni sa femme". Alors qu’aucun hommage ne semble vouloir être rendu dans ce village où s’est noué le drame, les réseaux sociaux s’en sont emparés. C’est sur Facebook que de nombreux inconnus font part de leur chagrin, de leurs condoléances et de leurs pensées sur l’affaire. Le décès d’Elisa Pilarski semble aussi s’inscrire dans un cadre bien plus grand, celui d’une opposition entre les amateurs de la chasse à courre et ceux qui la proscrivent. A Saint-Pierre-Aigle, on ne croit pas à l'implication des chiens de la chasse à courre.

Femme enceinte dévorée : un village de chasseurs ?

Depuis la découverte du corps d’Elisa Pilarski le 16 novembre, certains sont persuadés qu’une meute de chasse à courre est impliquée dans son décès. Selon les résultats de l’autopsie, la mort de la jeune femme "a pour origine une hémorragie consécutive à plusieurs morsures de chiens aux membres supérieurs et inférieurs ainsi qu’à la tête". A Saint-Pierre-Aigle, on ne croit pas à l’implication de ces animaux. Interrogée par Le Progrès, une habitante du village explique : "C’est tragique, mais je ne crois pas à la culpabilité de la meute de chasse à courre, bien qu’étant complètement opposée à ce genre de pratique". Une institutrice du village abonde, rapportant ce que lui ont dit certains de ses élèves, enfants de chasseurs : "Impossible que ces chiens qui chassent le chevreuil s’attaquent à un humain". C’est aussi la thèse défendue par la société de vénerie dont sont originaires ces animaux.

Les chasseurs se sont défendus et ont rapidement mis les chiens hors de cause, affirmant qu’ils ne présentaient aucune traces de morsure et ne pouvaient donc pas avoir été impliqués dans une confrontation avec le chien de la victime, qui a été blessé. Dans le village se trouve notamment Le Rallye de la passion, dont les chiens ont été aperçus en forêt le 16 novembre. "On respecte le deuil d’une famille et la plus grande discrétion dans une affaire tragique, avec la conviction que cette affaire ne nous regarde pas", explique au Progrès Antoine Gallon, qui s’occupe de la communication de la société de vénerie. "Il y a une coïncidence entre la présence de l’équipage en forêt et cette mort dans des conditions atroces, c’est tout", conclut-il.

L’implication des chiens de la chasse à courre est une des pistes suivies par les enquêteurs, qui attendent toujours les résultats des analyses ADN faites sur les chiens. Avant même de les connaître, ces derniers ont récemment écarté une des théories évoquées pour expliquer le décès d’Elisa Pilarski. Peu avant son décès, elle avait expliqué sur Facebook avoir croisé un homme qui promenait un chien de type malinois non tenu en laisse. Citée par BFMTV, l’avocate de la famille de la victime explique qu’"elle avait rencontré cet homme sur les plateaux, à un endroit où elle avait promené son premier chien. Ensuite, elle est partie dans la forêt pour ne pas avoir à le rencontrer à nouveau. On savait qu’il n’y avait pas de risque que ce soit ce chien malinois et son maître".

Femme enceinte dévorée : un début de peur ?

A Saint-Pierre-Aigle, la vie semble avoir très vite repris son cours après le décès d’Elisa Pilarski. Son compagnon Christophe a rejoint la famille de la jeune femme dans le Béarn, expliquant alors au Parisien qu’il souhaitait désormais y faire sa vie, comme ils l’avaient prévu avec sa compagne. Dans ce village entouré par la forêt, où la chasse au chevreuil est commune et où de nombreux habitants possèdent des chiens, certains expliquent tout de même avoir un peu peur. Interrogée par Le Progrès, une famille affirme qu’elle ne se promène plus "au fond de Chafosse", nom donné à l’endroit où a été retrouvée Elisa Pilarski. "Nous avons changé nos habitudes de promenade en forêt", ajoute ces habitants.

S’agit-il d’autres chiens que ceux de la chasse à courre ? Peu de temps après le drame, certains chasseurs n’ont pas hésité à pointer du doigt l’animal de la victime, Curtis. Cet American Staffordshire âgé de deux ans pourrait s’être retourné contre sa maîtresse pour se défendre en se trouvant encerclé par d’autres chiens. Une hypothèse rejetée d’emblée par Christophe Ellul, qui affirme que le chien était "le bébé" d’Elisa Pilarski. Pourtant, un habitant de Saint-Pierre-Aigle ne cache pas son dégoût auprès du Progrès, expliquant, à propos des American Staffordshire : "Ces chiens sont des saloperies, ils sont bien capables de mordre leurs maîtres". Seuls les résultats des prélèvements génétiques permettront de faire toute la lumière sur cette affaire.