En vingt ans, l’écart entre les plus aisés et le reste des Français a bondi de 119 %

Publié par Matthieu Chauvin
le 19/11/2025
Homme pauvre et homme riche
Istock
Une étude publiée l'Insee le 18 novembre 2025 révèle un chiffre impressionnant : le revenu moyen des foyers français les plus aisés a bondi de 119 % en deux décennies. Ce constat met en lumière une concentration croissante des richesses au sommet de la pyramide sociale, relançant avec force le débat sur les inégalités dans notre pays.
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L'étude "France, portrait social" édition 2025 publiée par l'Insee le 18 novembre est basée sur les revenus déclarés en 2022. Elle dresse le portrait d’une population très restreinte mais dont la fortune a connu une croissance qualifiée de "remarquable." En pleine discussion budgétaire, au moment où s'annonce une pluie de nouvelles taxes qui va peser sur les ménages aux revenus moyens, les chiffres qui vont suivre interrogent.

Un club très fermé et très concentré

Selon l'Insee, un club très fermé comptant 0,1 % des foyers fiscaux les plus aisés regroupait 40 700 ménages en 2022. Pour en faire partie, il fallait afficher un revenu déclaré d'au moins 463 000 euros par an. Le seuil d'entrée pour ces privilégiés est élevé, mais leur revenu moyen l'est encore plus : il s'établit à 1 027 700 euros annuels (contre 469 000 euros en 2003 !). Sociologiquement, le profil est bien défini : près de la moitié (48 %) réside en Île-de-France, majoritairement à Paris et dans les Hauts-de-Seine, l’âge moyen est de 56 ans, et 82 % des membres de ce groupe sont mariés ou pacsés, contre seulement 32 % pour le reste des foyers.

Des revenus boostée par les capitaux mobiliers

Contrairement à la majorité des Français, dont les revenus proviennent essentiellement du travail, la moitié de la fortune (50 %) de cette élite est issue des revenus de capitaux mobiliers (dividendes, revenu des obligations, etc.) et rentes foncières. Les salaires et retraites ne représentent que 38 % de leurs rentrées d'argent. En 2022, le revenu moyen des 0,1 % était ainsi environ 33 fois plus élevé que celui des 99,9 % de Français restants (31 000 euros de revenu annuel moyen). Par rapport à 2003, il a même bondi de 119 % !

Cette accélération creuse un peu plus l'écart avec le reste de la population. Sur la même période, l'augmentation du revenu s'est limitée à une fourchette de 40 % à 50 % pour les catégories sociales intermédiaires (+ 46 % en moyenne), et n’atteint qu’environ 20 % pour les 10 % les plus modestes, comme le rapportent Les Echos.

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Un système fiscal favorable mais plus de contribution

L'étude souligne un paradoxe : malgré la très forte augmentation de leurs revenus, le taux d'imposition moyen de ces ménages aisés a légèrement diminué. Il est passé de 29 % en 2003 à 25,7 % en 2022. Pour autant, leur contribution reste majeure : grâce à leurs revenus colossaux, ces 40 700 foyers fiscaux s'acquittent de 13 % de la collecte totale de l'impôt sur le revenu, selon l'Institut. 

Au total, ce club sélect a déclaré 42 milliards d'euros en 2022, soit 3 % du revenu total des foyers français. Ces données, qui documentent de manière stupéfiante l'augmentation du revenu des 0,1 % les plus riches, viennent alimenter une controverse politique déjà vive sur la taxation des plus hauts patrimoines.

 L'Insee fait ainsi remarquer qu'en 2003, les capitaux mobiliers ne représentaient que 26 % de leurs revenus, contre 47 % aujourd'hui, donc. Après le rejet de la taxe Zucman, d'un retour de l'ISF, et d'une modifications de l'ISI, les députés vont devoir trouver un autre moyen de toucher au patrimoine des plus aisés.

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