Confinement : jusque quand faudra-t-il rester cloîtré chez soi ?IllustrationIstock
Le président de la République a finalement décidé de mettre la France sous cloche. Pour lutter contre l'épidémie qui touche désormais le pays entier, il a exigé des Françaises et des Français qu'ils restent chez eux. Mais pour combien de temps ?
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"Vous ne vous protégez pas et vous ne protégez pas les autres", s'est agacé le chef de l’État, lundi 16 mars 2020, à l'occasion de son allocution télévisuelle. Le président de la République, qui a tenu à répéter que le pays tout entier est désormais en guerre contre le virus qui a déjà fait près de 130 morts dans l'Hexagone et plus de 2000 sur l'ensemble du vieux continent, rappelle Le Parisien. Face aux comportements constatés à Paris, notamment, Emmanuel Macron a donc décidé du confinement de la population française. "Nous avons vu aussi du monde se rassembler dans les parcs, dans les marchés bondés, des bars qui n'ont pas respecté la consigne de fermeture, comme si la vie n'avait pas changé", s'est-il justifié.

Une question demeure, cependant. Combien de temps cette situation pourrait-elle durer ? " Dès demain (mardi 17 mars) midi et pour 15 jours au moins, nos déplacements seront très fortement réduits ", a fait savoir le locataire de l'Elysée. Mais cela ne signifie pas nécessairement que le confinement prendra fin au terme de la quinzaine annoncée par l'exécutif. " Nul ne peut savoir combien de temps ça va durer ", a aussi prévenu le président, avant d'expliquer que le délai pourrait donc tout à fait être prorogé, précise le quotidien régional.

Peut-on sortir en période de confinement ?

" Seuls doivent demeurer les trajets nécessaires, avec de la discipline ", a poursuivit Emmanuel Macron, qui parlait notamment de " faire ses courses ", mais aussi de " se soigner " ou de " travailler " quand il n'est pas possible de le faire chez soi, indique Le Point.

Le chef de l'Etat a aussi évoqué la nécessité d'avoir " un peu d'activité physique ". Un conseil, souligne le Huffington Post, qui n'a pas manqué de faire rire les internautes...

Les Françaises et les Français, a insisté le ministre de la Santé, doivent " rester chez eux, réduire leurs interactions sociales, réduire les contacts au maximum, réduire au strict minimum leurs activités ".

Confinement des mesures similaires à celles prises en Italie ?

Olivier Veran, ministre de la Santé, est revenu en long en large et en travers sur sa philosophie de confinement, rappelle France Info. Il explique que le gouvernement français s'est notamment inspiré des politiques menées dans le reste de l'Union Européenne, notamment en Italie ou en Espagne.

"Nous avons les mêmes mesures. Il y a parfois des recommandations qui peuvent varier, à la marge, dans les choix de commerce par exemple, mais nous sommes dans une situation extrêmement proche de celle de nos voisins", a-t-il affirmé, avant d'alerter les autres pays du vieux continent qui ne sont pas encore assez aussi loin. "Les voisins qui n'ont pas encore pris ces mesures seront contraints de les prendre demain", a-t-il ajouté.

Et lui de poursuivre : "La solidarité, en période d'épidémie, ce n'est pas de tendre la main, mais de la retirer. Ce n'est pas rendre visite, c'est d'éviter de le faire. Je suis persuadé que nous ne sommes pas un peuple d'individualistes et que nous sommes donc capables d'accepter des mesures collectives". Avant de conclure d'un "la distanciation, ce n'est pas la division".

Plusieurs signes laissent penser que le confinement pourrait durer plus longtemps qu'initialement annoncé. Comme le choix, par exemple, de reporter le second tour des élections municipales, rappelle LCI.

Confinement : quand aura lieu le pic de l'épidémie ?

"Le nombre de cas double désormais tous les trois jours", déclarait Jérôme Salomon, directeur de la Santé, à l'occasion d'un point presse organisé le dimanche 15 mars 2020.

Pour autant, rien ne permet d'affirmer quand aura lieu le pic de l'épidémie, explique le Journal des Femmes, qui se base entre autres sur les informations de Capital. "On y est pas du tout", affirme en effet François Bricaire, professeur, infectiologue et membre de l'Académie nationale de médecine. Il ajoute : "Ce n'est qu'à partir du moment où l'on constatera une diminution du nombre de cas quotidiens qu'on aura franchi le pic épidémique".

Une récente étude, publiée le 31 janvier 2020 dans la revue spécialisée The Lancet jugeait probable que le pic de l'épidémie, à échelle mondiale, se déroule entre les mois d'avril et de mai 2020. Les chercheurs se sont appuyés sur plusieurs courbes prédictives, réalisées sur la base de différents facteurs : mesure d'hygiène et de confiments, ainsi que capacité et vitesse de transmission du virus.

En prenant exemple sur le modèle chinois et en jouant sur les paramètres sus-évoqués, ils en sont arrivés à la conclusion que le coronavirus Covid-19 devrait atteindre son pic d'ici la fin du mois de mai 2020. "S'il n'y a pas de réduction de la transmissibilité, l'épidémie atteindrait un pic vers avril 2020 et les épidémies locales dans les villes de Chine continentale seraient en retard de 1 à 2 semaines. En revanche, si la transmissibilité est réduite de 25% dans toutes les villes du pays, le taux de croissance et l'ampleur des épidémies locales seraient considérablement réduites : le pic épidémique serait retardait d'environ 1 mois et son ampleur serait réduite d'environ 50%", écrivent les chercheurs.

Attention, cependant. La valeur de ces calculs n'est pas entièrement fiable, puisqu'il s'agit de prédictions. En outre, affirme Christophe d'Enfert, professeur à l'Institut Pasteur et directeur de l'Unité Biologie & Pathogénicité Fongiques, il est impossible de prédire comment le virus pourrait muter.