Comment se protéger contre l'usurpation d'identité : les conseils de 60 Millions de Consommateurs
En temps "normal" est très difficile de lutter contre la machine administrative française. Quand on a été victime d'une usurpation d'identité, ce n'est plus un sacerdoce, mais un chemin de croix. Et ce type d'escroquerie ancienne a su évoluer, comme toutes d'ailleurs, avec la technologie. L'accès à vos données personnelles se fait désormais grâce à du piratage informatique accessible à de simples débutants.
Que faire quand on vous vole votre vie, et que malgré vos protestations et justifications, on vous demande de payer toutes sortes de factures, d'amendes, de rembourser des crédits, des frais médicaux qui vous sont inconnus... et que vous faites face à un mur, ce sans l'aide d'une solide et coûteuse aide judiciaire ?
Usurpation d'identité : 200 000 victimes chaque année en France
Cette statistique du ministère de l'Intérieur est révélée par 60 Millions de Consommateurs, qui publie un guide sur ce fléau : pour ne pas se faire piéger, et pour s'en sortir. Nina, lectrice de nos confrères, raconte sa mésaventure. Elle découvre que son identité a été usurpée de manière brutale via le courrier recommandé d'un cabinet de recouvrement qui lui réclame la somme de 18 300 euros : "Quelqu’un avait ouvert, à mon nom, des comptes et des crédits à la consommation dans trois banques différentes."
Son erreur n'en est même pas une : quelques mois plus tôt, à la recherche d'un appartement à louer, elle avait transmis par mail son dossier, qui comprenait les pièces indispensables (copie recto verso de pièces d'identité, fiches de paie, avis d'imposition...) à différents bailleurs privés et agences, parmi lesquels se cachait un escroc. Une procédure normale aujourd'hui, alors comment imaginer ce qui allait lui arriver ?
Les sites de petites annonces : le paradis des usurpateurs d'identité
Deux types de sites de petites annonces sont des terrains de chasse de choix pour les escrocs. Les premiers, comme vu précédemment, sont ceux qui touchent à l'immobilier. Marie-Camille Eck, avocate spécialisée dans les affaires d’usurpation d’identité, explique à nos confrères : "Se faire voler des documents en répondant à une annonce immobilière, c’est un grand classique. C’est un vrai jackpot pour l’escroc, car il récupère ainsi tout ce qu’il lui faut, vu qu’on communique une somme très importante de documents à cette occasion." Les seconds sont ceux qui touchent à la vente de véhicule. Là aussi, un fraudeur va avoir à disposition sur demande tous les justificatifs "pour tenter de contracter un crédit, encaisser des prestations sociales, justifier d’une résidence…", poursuit 60 Millions de Consommateurs.
Ne communiquez pas de documents sans faire de vérifications
Marie-Camille Eck, toujours : "La première chose à faire pour se protéger, c’est d’user de bon sens : évitez au maximum de communiquer des documents personnels, et vérifiez toujours que votre interlocuteur est vraiment celui qu’il prétend être." Méfiez-vous des annonces immobilières trop alléchantes, des interlocuteurs trop pressés de recevoir vos justificatifs ou de ceux qui refusent de vous faire visiter un bien avant d'avoir votre dossier complet. Dans le cas d'une agence, n'hésitez pas à vous rendre sur place pour constater son existence. Attention également aux exigences indues : "Un bailleur ne peut pas exiger une copie de votre RIB, de votre carte Vitale ou de vos relevés de compte bancaire, par exemple" prévient le magazine.
Constituez facilement un dossier sécurisé
L'immobilier étant le piège par excellence, le gouvernement a créé en 2018 le site DossierFacile. Vous y déposez toutes les pièces nécessaires à ce genre de transactions qui seront vérifiées et validées par des agents du service public, qui vont ensuite les sécuriser à la manière d'un passeport grâce à des filigranes difficiles à reproduire par un faussaire. Elles pourront ensuite être envoyées sous forme de PDF ou via une adresse web à différents propriétaires ou agences. Un autre site, FiligraneFacile, vous autorise à le faire vous-même de manière ponctuelle.
La solution de sécurisation high-tech
60 Millions de Consommateurs rappelle que la nouvelle carte d'identité au format carte de crédit permet de sécuriser ses documents sensibles si vous disposez d'un téléphone portable avec fonction "NFC" (la norme aujourd'hui). Il faut télécharger l'application officielle France Identité, y indiquer le destinataire de la pièce à sécuriser et une date limite d'utilisation, puis photographier cette pièce. L'application va ensuite générer un QR code à usage unique, que la personne demandant le justificatif n'aura plus qu'à scanner pour l'afficher.
Mais que faire si vous avez un doute ? Si vous pensez que votre identité a pu être usurpée ? Voici 6 réflexes à adopter, donnés par nos confrères.
Faites-vous aider
Demandez de l'aide à une association comme France Victimes ou contactez un avocat spécialisé.
Prévenez votre banquier
Contactez immédiatement votre banque et rédigez une attestation sur l'honneur certifiant que vous n'êtes pas l'auteur des faits.
Portez plainte
Rendez-vous au commissariat pour déposer une plainte ou rendez-vous sur la plateforme Thesee dédiée aux arnaques Internet.&
Faites refaire vos documents
Faites annuler les documents volés par les différents organismes (banque, état civil...). Pour une pièce d'identité, faites une déclaration de vol au commissariat là encore. Puis rendez vous en mairie.
Vérifiez que vous n’êtes pas fiché à la Banque de France
Vérifiez que vous n’êtes pas fiché à la Banque de France : l'usurpateur peut avoir tant dépensé que cela peut arriver.
Vérifiez le degré d'usurpation
Très important, 60 Millions de Consommateurs recommande de vérifier "si l’usurpateur n’a pas ouvert d’autres comptes à votre nom, en effectuant une demande d’accès au fichier Ficoba depuis le site impots.gouv.fr."
Bonus : prévenez votre employeur
La Banque de France, outre le banquier, préconise aussi de prévenir son employeur "Si vous avez transmis vos bulletins de salaire ou si vous êtes victime d’une usurpation numérique (indication de l’entreprise dans laquelle vous travaillez sur Internet)."