Ce prénom oublié fait un retour fracassant… avec juste une lettre de plus

Publié par Anouk Dufresne
le 11/07/2025
Bébé avec son doudou dans le lit
Istock
En 2024, un prénom tire son épingle du jeu dans les classements. Ce succès n’est pas un hasard : il s’agit d’une version moderne d’un grand classique du siècle dernier.
 

Comme chaque année, l’INSEE a publié le 9 juillet 2025 son classement des prénoms les plus attribués aux nouveau-nés en France. Vous pouvez d'ailleurs consulter notre article sur les prénoms les plus attribués, région par région. Le cru 2024 reste dominé par des incontournables : Gabriel, Raphaël, Louis, Léo et Noah continuent de séduire les jeunes parents, sans réelle surprise.

La tendance des prénoms court, toujours intacte

Une autre tendance s'affirme avec constance (pas le prénom, mais la qualité) : celle des prénoms courts, doux, et souvent terminés par un "A", très en vogue dans les maternités depuis quelques années. Alba, Anna, Noa, Luca...

Le retour discret des prénoms d’antan

Les prénoms plus anciens, que beaucoup d’entre nous associent à nos parents ou grands-parents, connaissent une nouvelle jeunesse. Des patronymes naguère jugés “passés de mode” comme Léon, Gaspard, Lucien ou Basile font désormais partie des choix prisés par les trentenaires d’aujourd’hui, et peuplent les cours de récréation ! La génération actuelle redécouvre avec tendresse ces sonorités d’autrefois, dans un mouvement qui touche aussi bien les filles que les garçons. Il ne s’agit pas seulement de nostalgie, mais aussi d’un retour aux racines familiales et culturelles. 

André, un patronyme délaissé

Certains prénoms pourtant emblématiques ne profitent pas encore de cette vague rétro. André, prénom classique, en est un exemple marquant. Issu du grec “andros”, il signifie “homme”, mais aussi “force” et “courage”. Autant dire qu’il ne manque ni de noblesse ni de signification !

Et il fut un temps où André dominait littéralement les naissances : en 1920, il était le 2e prénom le plus donné en France, avec 18 295 attributions cette année-là. Il a conservé sa popularité jusqu’au début des années 1930, avant de décliner progressivement. Une ultime remontée en 1946 n’a pas suffi à enrayer sa lente disparition. En 2024, seuls 110 bébés ont reçu ce prénom.

Andrea, une renaissance sous un autre visage

Mais comme le rapporte Magicmaman, tout n’est pas perdu pour ce pilier de l’état civil français. Le prénom Andrea, sans accent, séduit de plus en plus de jeunes parents. Plus fluide, plus international, souvent associé à une influence italienne, il coche toutes les cases de la tendance actuelle !

Résultat : Andrea se hisse à la 50e place du classement 2024, avec 1 045 attributions contre 955 en 2023. Un gain de près de 100 naissances en une seule année. Autre fait intéressant, sa version accentuée, Andréa, connaît elle aussi un joli succès avec 635 naissances, ce qui la place à la 96e position du top 100. Deux versions, un même héritage, et une montée en flèche qui montre bien que le “vieux” André n’a pas dit son dernier mot !

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Le prénom, reflet du milieu social

Au-delà des tendances, faut également noter que choisir un prénom marque l’appartenance à un milieu social, à un capital culturel et aux aspirations d’une famille. Ainsi, les milieux les plus aisés privilégient les prénoms traditionnels, notamment les prénoms anciens, liés au calendrier chrétien ou à l’histoire familiale (comme Amaury, Côme, Madeleine, Philippine), tandis que les classes populaires sont plus influencées par les prénoms à la mode, anglo-saxons ou d’origine étrangère... Comme le soulignent les travaux de Baptiste Coulmont, professeur d'université et maître de conférence sur la sociologie des prénoms. Idée qu'il met en avant en 2017 notamment, lorsqu'il étudie la corrélation entre prénom et réussite à l'examen du baccalauréat : "Les parents ne choisissent pas les prénoms au hasard, et la réussite scolaire est en partie liée à l’origine sociale. Des cadres parisiens n’auront pas les mêmes goûts que des employés bretons. Des ouvriers marseillais ne choisiront pas les mêmes prénoms que des intermittents du spectacle, marseillais eux aussi." De son côté, Andrea se situe à mi-chemin entre tradition et modernité : d’origine ancienne, il séduit aujourd’hui les classes moyennes supérieures pour son élégance internationale et sa sonorité douce.

Un prénom qui traverse les générations

Si André n’a plus la cote dans sa forme originale, son dérivé Andrea prouve que les prénoms anciens peuvent se réinventer, à condition de s’adapter aux sensibilités du moment. Et qui sait ? Dans quelques années, peut-être verra-t-on le prénom André revenir lui aussi sur le devant de la scène, porté par cette génération qui redonne déjà ses lettres de noblesse à des prénoms oubliés.

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