Quatre octogénaires d'un Ehpad de la Drôme ont été intoxiqués après avoir bu du liquide de rinçage pour lave-vaisselle, dans la soirée du 30 novembre. Deux ont dû être hospitalisés dans un état grave. Les...
Le 13 novembre 2024 marque le neuvième anniversaire des attentats de Paris et de Saint-Denis en 2015, une soirée noire qui a changé à jamais la mémoire collective de la France. Neuf ans plus tard, les blessures psychologiques et émotionnelles des survivants et des familles des victimes sont toujours présentes, malgré un procès historique et des efforts accrus pour soigner les traumatismes.
Pour beaucoup de survivants, le véritable combat commence après les événements. Le trouble de stress post-traumatique (TSPT), un syndrome psychologique lié à des événements extrêmes, affecte un grand nombre d’entre eux.
“Certaines personnes vont ressentir un stress aiguë, ils vont revivre les scènes pendant quelques jours avant de reprendre une vie normal. Si les symptômes persistent après un mois, on parle de trouble de tress post-traumatiquequi se manifeste par des intrusions : ce sont des reviviscences d’images, d’impressions sensorielles diverses ou d’odeurs qui reviennent à la conscience de la personne de façon intempestive”, explique Francis Eustache, neuropsychologue à l'université de Caen qui a travaillé sur les conséquences des attentats du 13 novembre à Paris.
Les images intempestives du passé sont à nouveau au présent. La personne ressent quelque chose qui est à nouveau là, ce traumatisme va la poursuivre et l’accompagner, ce qui va être au coeur de l'identité même de la personne.”
“La mémoire du traumatisme va prendre beaucoup de place dans l'autobiographie de la victime”
Planet : Quel est le cheminement fait par la victime ?
Francis Eustache : “La victime se rend compte que ces intrusions empoisonnent sa vie, elle va tenter de les éviter pour les mettre à distance et qu'elles ne se déclenchent pas à nouveau. Elle va éviter des lieux et des situations qui risque de jouer le rôle d’indice pour susciter les intrusions.
Le problème de l'évitement c'est que ça devient un autre symptôme à cause de la démesure, car elle va se couper socialement des personnes qui peuvent la soutenir. Il y a aussi les réactions physiologiques tels que les cauchemars et les réactions de sursauts démesurés. La mémoire du traumatisme va prendre beaucoup de place dans l'autobiographie de la personne".
"Les victimes peuvent réagir de façon extrêmement différentes d’une personne à une autre"
Planet : Les victimes peuvent-elles un jour oublier ?
"C’est une situation particulière car la personne est confrontée à un évènement. Il y a malheureusement des personnes qui vont retrouver des symptômes très longtemps après le traumatisme initial. Le cerveau va essayer de mettre à l’écart et à distance ces pensées intrusives pour recouvrer un certain équilibre mental.
Ce que font les thérapeutes et les personnes de l’entourage c’est de faire en sorte que cette mémoire de l'événement traumatique prenne progressivement moins de place. Il faut qu’une distance s'opère et que de nouveaux intérêts prennent le pas sur cette mémoire traumatique.
Généralement l'entourage souhaiterait que ça aille beaucoup plus vite, que la personne tourne la page mais il faut avant tout un travail de prise en charge d’un point de vue médical. Les victimes peuvent réagir de façon extrêmement différentes d’une personne à une autre".
Les commémorations, comme celle du neuvième anniversaire, jouent un rôle crucial dans ce processus : elles permettent aux victimes de partager leur histoire et guerrir leur traumatisme.