Retraite : faites-vous partie des professions aux plus faibles pensions ?

Publié par Elise Laurent
le 15/12/2025
Petite retraite
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La pension moyenne cache de profondes disparités. Si vous n'avez pas suivi le parcours classique du "salarié en CDI à temps plein", la chute de revenus à la retraite peut atteindre 50 voire 70 %. Explications.
 

On souhaiterait tous ne plus avoir à se soucier de l'argent une fois la vie active terminée. Pourtant, la réalité statistique est implacable : le système français, conçu après-guerre pour des carrières linéaires, se montre souvent sévère envers les parcours atypiques. Il ne s'agit pas ici de céder à la panique, mais de regarder les chiffres en face pour mieux anticiper. Une prise de conscience vers 40 ans, alors qu'il reste encore vingt à vingt-cinq ans de vie active, permet encore d'inverser la tendance.

Pourquoi un tel écart de revenus ?

Le constat est sans appel. Alors que la pension moyenne brute des Français se situe aux alentours de 1 666 euros par mois selon les dernières données de la DREES, ce chiffre masque un fossé énorme selon votre statut. Les travailleurs non-salariés (TNS) perçoivent en moyenne 20 % de moins que les salariés du privé. Cette différence mécanique s'explique par des cotisations historiquement plus faibles et une assiette de calcul moins favorable. Si vous n'avez pas préparé de complément par vous-même, la perte de pouvoir d'achat peut être brutale.

Les 5 profils qui doivent agir maintenant

Certaines situations professionnelles nécessitent plus de vigilance. Le premier profil à risque est celui du Travailleur Non-Salarié (TNS) classique (artisan, commerçant). En cotisant souvent sur des bases minimales pour préserver leur trésorerie immédiate, ils réduisent mécaniquement leurs droits futurs. Vient ensuite le cas spécifique du Micro-entrepreneur. Piégé par le seuil de chiffre d'affaires, il ne valide pas toujours ses quatre trimestres annuels, ce qui conduit à un calcul sur un revenu annuel moyen dérisoire.

Les salariés à temps partiel et les employés des services à la personne forment le troisième bataillon des pensions les moins élevées. Avec des contrats souvent intermittents et de multiples employeurs, la reconstitution de carrière est un casse-tête qui aboutit fréquemment à une pension minime, peinant à dépasser le minimum contributif. 

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Il ne faut pas oublier les expatriés dont les périodes à l'étranger, si elles n'ont pas fait l'objet de cotisations volontaires (CFE), créent des "trous d'air" dans le relevé de carrière. Enfin, le dernier profil concerne les carrières "hachées", marquées par des périodes de chômage non indemnisé ou des congés parentaux longs, qui font chuter la moyenne des fameuses "25 meilleures années".

Le piège des années incomplètes

Pour ces profils, le danger porte un nom : la décote. Il suffit parfois de quelques trimestres manquants pour subir une pénalité qui grève l'ensemble de la pension à vie. Avec une durée de cotisation exigée de 172 trimestres (43 ans) pour la plupart des actifs actuels, le moindre trimestre perdu coûte cher. C'est pourquoi la barre des 40 ans est charnière : vous avez encore devant vous assez d'années pour lisser l'effort d'épargne ou amortir un rachat de trimestres.

Étape 1 : L'audit immédiat

La première action ne coûte rien, mais elle est décisive. Il est impératif de créer son compte sur le site officiel Info-Retraite pour vérifier son relevé de carrière.  Les oublis administratifs sont plus fréquents qu'on ne le pense, surtout concernant les jobs d'été étudiants ou les contrats courts en début de parcours. Récupérer ces trimestres oubliés est la manière la plus rentable d'augmenter sa future pension.

Étape 2 : Arbitrer entre rachat et capitalisation

Une fois le diagnostic posé, deux leviers s'offrent à vous. Le rachat de trimestres (limité à 12) est un outil puissant pour effacer une décote, mais il représente un investissement lourd qu'il faut calculer précisément. L'alternative, ou le complément idéal, reste le Plan d'Épargne Retraite (PER). Ce produit a conquis les Français, avec des encours qui dépassent désormais largement les 100 milliards d'euros en cette fin 2025. Il permet de se constituer un capital tout en réduisant ses impôts actuels, une double efficacité pour les actifs imposables.

Étape 3 : La résidence principale comme bouclier

Enfin, n'oubliez jamais que la meilleure épargne retraite reste souvent d'être propriétaire de sa résidence principale. Ne plus avoir de loyer à payer une fois à la retraite équivaut à une augmentation de revenus de 30 à 40 %. Si l'on y ajoute une bonne prévoyance santé pour couvrir les pépins physiques, vous disposez là du rempart ultime contre la précarité, quel que soit votre statut professionnel.

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