"Plan 2030" : en quoi consiste la stratégie de l'UE pour préparer la guerre ?

Publié par Nina Parage
le 10/07/2025
Drapeaux de l'union européenne
Istock
Le mercredi 9 juillet, l'UE a dévoilé le plan "Préparation 2030", une stratégie pour stocker des biens essentiels face aux crises à venir : pandémie, guerre, catastrophe naturelle.

Mieux vaut prévenir que guérir. Ou tout du moins, « Plus vous vous préparez, moins vous paniquez », comme le résume la commissaire chargée des Situations de crise au Parlement européen, Hadja Lahbib. Pour l’Union Européenne, le ton est donné. Ce mercredi 9 juillet, a été proposé un plan baptisé « Préparation 2030 », visant à disposer de stocks de produits de première nécessité en cas de catastrophe naturelle, épidémie ou guerre.

Ne pas répéter les erreur du Covid

La pandémie de Covid-19 et la pénurie de masques nous l’auront bien appris : il faut être prêt, en cas de pépin. Et la conjonction de multiples facteurs de crise (instabilité géopolitique, résurgence des tensions militaires, crise environnementale) alimente les préoccupations. “Le changement climatique exacerbe les phénomènes météorologiques extrêmes, tandis que la pandémie de Covid-19 a révélé des vulnérabilités dans les chaînes d’approvisionnement et les services de santé essentiels", appuie la Commission européenne dans sa feuille de route.

Se préparer à la menace russe

Cette stratégie ne vient pas de nulle part. En effet, elle s’inscrit dans le contexte des mises en garde de l’Otan concernant une éventuelle attaque de la Russie contre un pays européen d’ici trois à cinq ans. L’objectif est de constituer des réserves de certains produits essentiels afin d’assurer l’approvisionnement en cas de catastrophe naturelle ou de conflit armé. « C’est une première pour l’Union européenne », a déclaré Hadja Lahbib, précisant que le but est « très simple : garantir la disponibilité permanente des biens indispensables au bon fonctionnement de nos sociétés ».

Plan 2030 : de quoi a-t-on besoin, face au pire ?

Vous l’aurez compris, l’idée est d’anticiper les situations d’urgence en constituant des stocks de biens dits « essentiels ». Mais de quoi parle-t-on concrètement ? Pas de simples réserves : Bruxelles vise tout ce qui permet à une société de tenir debout en cas de coup dur. Cela inclut des fournitures de secours (tentes, couvertures, kits d’eau), des contre-mesures médicales (vaccins, médicaments, équipements), des matières premières critiques indispensables à l’industrie, des équipements énergétiques stratégiques, ainsi que des réserves alimentaires et d’eau. Pas de liste rigide, mais des catégories pensées pour faire face à l’imprévisible. 

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Une organisation huilée

Ce plan marque une première à l’échelle de l’UE : il s’agit d’assurer que, quoi qu’il arrive, les piliers de nos sociétés restent debout. Pas question pour autant de remplir des hangars à ras bord. La taille exacte des stocks n’est pas encore précisée, tout comme l’emplacement des futurs entrepôts. Ce que l’on sait, c’est qu’un réseau européen de stockage verra le jour, avec logistique adaptée et soutien des États membres. Des partenariats public-privé seront aussi mobilisés « afin de garantir l'efficacité, l'évolutivité et le rapport coût-efficacité ». 

Mais attention : ces réserves communes ne viendront pas remplacer la responsabilité individuelle des États. Elles seront mobilisées uniquement si c’est « la solution la plus efficace pour garantir l’approvisionnement en biens essentiels en cas de crise ». En somme, chacun doit rester prêt, mais l’Union fait la force.

La Commission européenne insiste : « Cette stratégie adopte une approche intersectorielle et transfrontalière, axée sur les domaines où l'action de l'UE apporte la plus grande valeur ajoutée ». En clair : on centralise, on organise, et on évite que les pays se battent entre eux pour les mêmes ressources ! Tout un programme.
 

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