Libération de Nicolas Sarkozy : quelles contraintes lui sont imposées ?
L'audition (en visioconférence) pour la remise en liberté de Nicolas Sarkozy, exactement 20 jours après son incarcération à la prison de la Santé, avait lieu de matin devant la Cour d'appel de Paris, débutant aux alentours de 9h30. Quatre heures plus tard, nous nous y attendions après la prise de parole de l'avocat général, elle a pris la décision de laisser sortir, sous contrôle judiciaire, l'ancien président de la République, qui vient de regagner son domicile du XVIe arrondissement. Le dispositif gardant les journalistes à distance a même été allégé.
Un contrôle judiciaire version "light"
La Justice a-t-elle voulu faire son mea culpa après avoir envoyé Nicolas Sarkozy pour 3 semaines derrière les barreaux seulement, alors que ses supporters continuent d'affirmer que le dossier qui a mené à sa mise en détention est vide (rappelons que 3 Français sur 4 estimaient qu'il était un justiciable comme un autre selon un sondage un sondage RTL-Toluna Harris Interactive publié le 22 octobre) ? Car les conditions qu'il doit désormais respecter dans le cadre de son contrôle judiciaire sont très "légères." Premièrement, contrairement à ce que y était pressenti, il n'aura pas à porter de bracelet électronique.
Deuxièmement, il ne devrait être pas assigné à domicile. En revanche, il ne pourra pas avoir de contact avec toute personne ayant un quelconque rapport de près ou de loin avec l'affaire libyenne, à l'exception de sa femme Carla, mais pourra voir sans contrainte tous les membres de sa famille. Enfin, la décision fait polémique, il lui est strictement interdit de parler, même au téléphone, de parler au Garde des Sceaux, son ami Gérald Darmanin, qui avait été très critiqué par les syndicats de magistrats et La France Insoumise (qui avait elle-même essayé...) pour lui avoir rendu visite il y a quelques jours. "Le garde des Sceaux applique toujours les décisions de justice" a réagi l'entourage du ministre de la Justice. Nicolas Sarkozy ne peut pas non plus quitter le territoire national.
Nicolas Sarkozy n'est pas tiré d'affaire"
Il ne faut pas oublier que se profile un procès en appel pour l'ancien président. Il était présumé innocent quoiqu'emprisonné et l'est toujours une fois libre. L'in de ses avocats rappelle que "Cette décision est une application normale du droit. C'est une étape. La prochaine c'est le procès en appel." Celui-ci aura lieu en mars 2026, sans que l'on n'en connaisse la date précise.
L'avocat général Damien Brunet avait affirmé ce matin que "Les risques de concertation frauduleuse, de pression sur les témoins fondent des réquisitions sous fins de placement sous contrôle judiciaire." Mais en reconnaissant qu'il ne représentait pas un danger pour la société, il ouvre peut-être la porte à un assouplissement progressif de ce contrôle judiciaire déjà "light." Au contraire rapporte Le Parisien, comme le plaidaient ses avocats C'est "La détention constitue une menace pour Nicolas Sarkozy, pas le contraire. C'est ce qui lui vaut d'être placé à l'isolement."
Proches et amis se réjouissent sur les réseaux
La réaction la plus "touchante" à cette sortie de prison est sans doute celle de son fils Louis qui a publié une photo de lui petit avec son père sur X (ex-Twitter) avec pour message "Vive la liberté." Laurent Wauquiez a lui réagi sobrement : "Une décision juste et digne, à la hauteur de l’homme qui a tant donné à notre pays." Christian Estrosi, à son tour : "Comme tous ses amis et de très nombreux Français nous avons vécu ces 3 semaines dans la douleur et en pensant à lui à chaque instant."
Le député RN Laurent Jacobelli a lui déclaré : "La libération de Nicolas Sarkozy est une bonne nouvelle pour notre démocratie. Nous saluons cette décision de justice et réaffirmons notre attachement à l’État de droit ainsi qu’à la présomption d’innocence." Un appel du pied à la justice pour que Marine Le Pen bénéficie d'une décision clémente ?