Lundi 2 décembre, Michel Barnier a déclenché le 49-3 pour faire passer en force le projet de loi sur le budget de la Sécurité sociale. Une décision suivie du vote des motions de censures déposées par le RN et...
Lundi 6 juillet 2020, de nouveaux ministres ont été nommés au gouvernement dans le cadre du remaniement. Ce jour-là, Eric Dupond-Moretti devient ministre de la Justice. Grand avocat fortement opposé à la magistrature, celui qu'on appelle "l'ogre des assises" fait beaucoup parler de lui. Depuis sa nomination, maintes rumeurs circulent à son sujet, déterrant notamment d'anciens propos de l'actuel Garde des Sceaux. Quelles sont-elles et quelle est leur véracité ?
Dupond-Moretti : "Il faut en avaler des couleuvres pour faire de la politique"
"Moi, franchement, jamais je n'accepterais un truc pareil, non. Ce n'est pas mon métier, il faut en avaler des couleuvres pour faire de la politique", affirmait Eric-Dupond Moretti sur le plateau de LCI en 2018. Interrogé par la journaliste Audrey Crespo-Mara sur la possibilité de devenir ministre de la Justice, l'avocat pénaliste était formel, rapporte France Inter. A cette époque, il est tout bonnement inimaginable pour l'avocat pénaliste d'occuper un tel poste. "Ce sera un bordel, mais alors… Personne n'aurait jamais l'idée sotte, totalement saugrenue, incongrue, invraisemblable de me proposer cela. Et moi franchement je n'accepterai jamais un truc pareil, non", assurait-il. Il ajoutait alors : "C'est une discipline, c'est un exercice, je n'en ai pas les compétences (...) je n'aimerais pas faire ça". Une déclaration fortement relayée sur les réseaux sociaux, pointant du doigt la supposée hypocrisie du ministre...
Cette petite phrase fait également sensation chez les membres de la sphère politique. Le 8 juillet 2020, le Garde des Sceaux s'est exprimé pour la première fois à l'Assemblée nationale, une séquence relayée par Cnews. Une première qu'Eric Dupond-Moretti ne risque pas d'oublier : d'emblée, il a été attaqué sur ces propos par le député LR Antoine Savignat. Il lui a répondu : "C'est vrai qu'à un moment, j'ai dit que je n'accepterai pas cette tâche, il doit y avoir une dizaine ou une quinzaine d'années". En réalité, ces affirmations sur le plateau de LCI ne datent que de 2018... L'Acquitator a été immédiatement hué par les élus présents... D'autres l'accusent d'être un militant d'extrême gauche.
Dupond-Moretti : un militant d'extrême gauche ?
La réaction des politiques à cette nomination ne s'est pas fait attendre. Quelques minutes après les annonces d'Alexis Kohler, Marine Le Pen, présidente du RN, s'est emparée de son téléphone et a réagi sur Twitter. Elle a qualifié Eric Dupond-Moretti de "militant d'extrême gauche" souhaitant réduire son parti à néant.
Libération remet en contexte ce tweet à charges. En 2015, Léa Salamé interroge l'avocat sur l'exclusion de Jean-Marie Le Pen du Front National. Sa réponse ? "Ah moi, je pense qu'il faut l'interdire, oui. Mais c'est compliqué parce qu'après, il y a reconstitution de ligue dissoute, vous savez… Et puis on est tellement habitués, non seulement à ces gens, mais à ce qu'ils véhiculent comme idées, que ce serait difficile aujourd'hui", accorde-t-il. Si Eric Dupond-Moretti a effectivement confessé son souhait de dissoudre le parti de Marine Le Pen, il a également nuancé son propos. Cela n'indique pas pour autant qu'il est un "militant d'extrême gauche" comme l'a affirmé Marine Le Pen, ni ce dont l'accuse une troisième rumeur...
Dupond-Moretti : ses propos face à Eric Zemmour
Le 7 juillet 2020, Myjournal.fr titre un article comme suit : "Pour Éric Dupond-Moretti, les immigrés, dont les Arabes, ne sont bons qu'à faire le ménage". Un énorme raccourci pris par le site, dénoncé par le quotidien 20 minutes. En effet, ce titre vient d'une discussion houleuse entre le ministre et Eric Zemmour en 2017, sur le plateau de "Zemmour & Naulleau".
Lors d'un débat sur la place des immigrés en France, Eric Zemmour déclare : "On n'est plus en France, on ne vit plus comme des Français et à la française". Contrarié, l'avocat répond : "Si tous les Français de 'seconde catégorie' à laquelle j'appartiens, se mettaient en grève après-demain (…), vous verriez un peu comment on aurait du mal à circuler en taxi, à ramasser nos poubelles". En effet, le ténor du barreau est fils d'une femme de ménage italienne et petit fils d'immigré. Il ajoute : "Si demain les Arabes, et tous les immigrés, et tous les gens qui sont venus ici se barrent, vous êtes dans la merde pour faire votre ménage, vous avez compris ?".