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Même après plusieurs mois de chute dans l'opinion, le chef de l'Etat sait comment séduire les retraités. Pour y parvenir, il a mis en place un plan savamment orchestré... Et ça marche !

Emmanuel Macron : sa popularité en hausse chez les retraités

Depuis plusieurs mois, déjà, la côte de popularité du chef de l’Etat accuse une lourde chute. Toutefois, récemment, Emmanuel Macron semble en mesure de reconquérir le coeur des retraités. Selon un sondage Ifop-Fiducial publié par le Journal du Dimanche, il gagne 5 points auprès de cette population et 7 chez les 65 ans et plus.Selon certains observateurs, c’est notamment le fait des remerciements qu’il a adressé lors de sa première intervention télévisée, le 12 avril. Il était alors l’invité de Jean-Pierre Pernaut, pour le JT de 13h de TF1.

"C’est indéniable, le président de la République bénéficie d’un regain de popularité auprès de certains corps électoraux. C’est notamment le cas des retraités et des plus de 65 ans", confirme Jean-Daniel Lévy, directeur du département politique et opinion de l’institut de sondage Harris Interactive. "Toutefois, il ne faut pas oublier quand survient cette hausse", nuance-t-il. "L'électorat senior a très largement contribué à l’élection du locataire de l’Elysée. Il était perçu comme un vecteur de changement et de nouveauté", précise le sondeur. Ce qui n’est pas, selon lui, sans importance, puisque "de novembre à mars dernier, il est passé 60% à 49% auprès de cette population". "Ce n’est pas catastrophique, puisqu’avant la remonté constatée, cela signifie qu’un retraité sur deux lui fait confiance. Mais c’est une baisse quand même."

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Emmanuel Macron : la confiance nait-elle de l'autorité ?

Comment, dans un contexte de chute généralisée, Emmanuel Macron a su s’attirer les grâces des retraités ? Pour Jean-Daniel Lévy, il y a plusieurs éléments à mentionner pour répondre. "D’abord, n’oublions pas qu’il s’agit, globalement, d’un électorat plutôt marqué à droite qui est prompt à lui accorder des gages de confiance", rappelle-t-il d’entrée de jeu. Sur l’impact des remerciements et des émissions télévisées, il reste plus prudent. "Il est difficile d’isoler l’effet précis ces interventions. Ce qui est certains c’est qu’elles participent à une attitude générale, sur laquelle il est jugé plutôt positivement." C’est l’un des enjeux principaux pour le directeur du département politique et opinion d’Harris Interactive : la position plus ou moins claire qu’adopte le président. "Il a récemment clarifié son projet politique, notamment sur les enjeux internationaux, et réitéré sa promesse de faire ce qu’il dit. En remerciant les retraités, mais aussi en restant tenace lors des entretiens, il montre qu’il ne se déjuge pas, qu’il garde le contrôle sur la situation." Un visage qu’il montre aussi quand il ordonne l’évacuation de Tolbiac ou envoie 2500 gendarmes sur la ZAD de Notre-Dame des Landes.

Emmanuel Macron : une stratégie mûrement réfléchie

D’autres éléments structurels interviennent dans l’évolution de la situation et, d’une façon plus générale, participent à la confiance qu’ont les retraités pour le président de la République. "La France est un pays de finalité. Emmanuel Macron est donc jugé à l'aune de toute son action politique. Pour au moins la moitié des retraités, la fin justifie les moyens, y compris la hausse de la CSG", insiste Jean-Daniel Lévy qui estime également que tout cela est réfléchi. "C’est peut-être la véritable personnalité du président de la République. Cependant, je peine à croire que cela ne soit pas mûrement pensé. Les enjeux, certes électoraux, sont trop importants pour qu’il ne fasse pas l’objet d’une réflexion stratégique derrière", indique le sondeur qui pointe du doigt un "positionnement vis à vis de l’opinion et de ce que les Français souhaitent entendre". "C’est systématique, quelque soit le dirigeant."

Est-ce à dire que, compte-tenu de cette stratégie longuement étudiée, Emmanuel Macron ne court plus le moindre risque ? "Du tout", conteste Jean-Daniel Lévy. Certains sujets restent sensibles. "C’est notamment le cas sur les questions économique et sociales. Une partie de la population aspire à davantage de solidarité, à plus d’égalité - et pas seulement d’équité. Le président essuie encore de nombreuses critiques sur ces thématiques."