Ces personnalités politiques qui ont fait leur service militaire obligatoire
Le débat sur le retour d’une forme de service national ramène régulièrement le service militaire obligatoire au centre de l’actualité. Cette obligation, héritée de la Révolution française, a été suspendue par le président Jacques Chirac, le 22 février 1996, selon La Croix. Estimant que "la conscription ne répond plus aux exigences d'une armée moderne dans un grand pays moderne", expliquait-il. En juin 2001, un décret officiel met fin au service militaire. Elle a mis fin à près de 200 ans d'histoire du "soldat-citoyen", une institution qui a marqué des générations entières de Français, y compris de nombreux futurs dirigeants.
Avant cette date, passer par la caserne était une étape quasi incontournable pour tous les hommes (il s'est ouvert aux femmes volontaires en 1972) se destinant aux plus hautes fonctions de l’État. L’expérience du service, d'une durée d'un an à la fin de son existence, a souvent été une parenthèse marquante. Pour beaucoup, ce fut un moment de brassage social unique ; pour d'autres, le point de départ d'une réflexion durable sur les enjeux de la Défense nationale.
Des officiers de réserve aux parcours singuliers
Certains, comme François Hollande, dont le parcours militaire s'est achevé au grade de lieutenant de réserve, selon le site de Sciences Politique, ont dû faire preuve de persévérance pour être incorporés après une réforme médicale initiale. Pour d'autres, comme Jean-Pierre Chevènement, l'expérience militaire en Algérie fut une épreuve fondatrice qui a "fait de lui un homme". Ces parcours illustrent la diversité des destins de ces personnalités politiques françaises, tantôt simples conscrits, tantôt officiers de réserve formés dans des unités de prestige.
Des affectations privilégiées au cœur du pouvoir
Enfin, des affectations privilégiées, souvent liées aux réseaux ou aux diplômes, ont permis à certains de concilier service et études. C'est le cas de Nicolas Sarkozy, dont l'affectation à l'État-major de l'armée de l'air, comme le raconte le Huffington Post, lui a permis de poursuivre ses activités politiques locales. Ce diaporama vous emmène à la découverte de ces expériences, où les hommes d'État ont laissé, pour un temps, leur costume de politicien pour endosser l'uniforme.
Jacques Chirac : sous-lieutenant en Algérie, une expérience fondatrice
L’ancien Président a effectué son service militaire en 1954 à l'Ecole de Cavalerie de Saumur, selon le site de la ville de Saumur.
comme sous-lieutenant en Algérie, une expérience qui l'a profondément marqué. Affecté dans une zone de combat près de Souk-el-Arba, comme le rapporte Le Monde. Il aurait été blessé au visage lors de cette afectation.
Une célèbre anecdote de son service militaire en Algérie raconte qu'il aurait agi sans attendre les ordres pour sauver ses hommes lors d'une embuscade.
Il gardera de cette période le souvenir du "seul moment où j'ai eu le sentiment de commander", la qualifiant de "plus passionnante de mon existence", selon des propos cités par le site spécialisé Opex360. Cette initiative lui aurait cependant valu "pas mal d'ennuis par la suite".
Jean-Pierre Chevènement : l'épreuve du service en pleine guerre d'Algérie
Également marqué par ce conflit, Jean-Pierre Chevènement a effectué deux ans de service militaire, en Algérie, pendant la guerre. "Elle (la guerre NDLR) a fait de moi un homme. Je n’étais pas un homme quand je suis parti en Algérie. J’étais un enfant, ou un grand adolescent. Je sortais de ma bibliothèque de Sciences Po, j’étais un élève brillant.", raconte-t-il à la revue Charles.
Dans un texte publié sur son site personnel, chevenement.fr, il a affirmé que cette expérience "a fait de moi un homme", marquant une rupture nette avec sa vie d'étudiant parisien avant son entrée à l'ENA en 1965.
Lionel Jospin : officier de chars et chef de peloton en Allemagne
L’ancien Premier ministre Lionel Jospin a effectué son service militaire entre 1961 et 1963, après la fin de la guerre d'Algérie. Formé à la prestigieuse École de Cavalerie de Saumur, il est devenu officier de chars dans l'arme blindée, comme le précise sa biographie sur le site Maitron.
Il a été affecté à Trèves, en Allemagne, où il a servi en tant que chef de peloton d’instruction. Cette expérience militaire a précédé de peu son entrée à l'ENA.
François Hollande : lieutenant de réserve après un refus initial
Le parcours militaire de François Hollande est singulier. D'abord réformé en raison d'une forte myopie, il a insisté pour être finalement incorporé en janvier 1977, une information rapportée par le NouvelObs.
Affecté comme chef de section au 71e régiment du Génie à Oissel, près de Rouen, il a terminé son service avec le grade de lieutenant de réserve. Cette parenthèse fut un moment de sociabilité important avant son entrée à l'ENA dans la promotion Voltaire en 1978.
Alain Juppé : un service post-agrégation entre Paris et l'Armée de l'Air
Alain Juppé, déjà agrégé de lettres classiques, a effectué son service militaire de 1969 à 1970. D'après les informations biographiques publiques, son parcours l'a d'abord mené à la caserne de Balard à Paris, alors siège de l'Armée de l'Air.
Il a ensuite poursuivi à la base aérienne d'Évreux avant de terminer son service à Mont-de-Marsan, sa ville natale, juste avant d'intégrer l'École nationale d'administration.
Gérard Larcher : la conscription au sein de la Garde républicaine
Vétérinaire de formation, le président du Sénat Gérard Larcher a accompli son service militaire au cœur de la capitale. Les détails de son service militaire, le placent au sein de la prestigieuse Garde républicaine, comme le raconte Le Parisien.
Cette affectation, souvent réservée aux conscrits dotés de diplômes ou de profils spécifiques, lui a permis de servir au plus près des institutions de la République à Paris.
Arnaud Montebourg : du régiment du train à la rédaction de discours
L'ancien ministre Arnaud Montebourg a effectué son service de décembre 1985 à décembre 1986. Selon les informations publiques relatives à son parcours, il a été incorporé au 120e régiment du train de Fontainebleau.
D'abord homme du rang, il a ensuite été affecté à des tâches plus intellectuelles grâce à son profil. Il a notamment été employé pour rédiger des discours dans un ministère, illustrant comment les compétences des conscrits diplômés pouvaient être utilisées à des fins administratives.