Affaire Cantat : ces éléments inconnus des enquêteurs qui ont relancé l'enquête
Un nouveau sursaut auquel personne ne s’attendait. Le 24 juillet 2025, le Parquet de Bordeaux a annoncé la réouverture d'une enquête pour violences volontaires par conjoint afin d’éclaircir les causes de la mort de Krisztina Rády, ex-compagne de Bertrand Cantat. Mariés en 1997 puis séparés en 2002, ils se réinstallent ensemble en 2008, peu après la libération de l’ex-chanteur de Noir Désir, condamné pour avoir tué Marie Trintignant.
Le 10 janvier 2010, Krisztina Rády est retrouvée morte à son domicile bordelais qu’elle partageait alors avec Bertrand Cantat. Ce dernier se trouve sur place et dort au moment des faits. Leurs deux enfants, un garçon de 12 ans et une fille de 7 ans, ne sont pas présents. C’est le fils aîné qui découvre le corps de sa mère en rentrant chez lui en milieu de journée. L'autopsie conclut à un suicide par pendaison. Bernard Cantat est rapidement mis hors de cause.
Quatre procédures classées sans suite
Mais quinze ans plus tard, ce n’est pas un nouvel élément judiciaire qui a relancé l’affaire, mais la série-docu De Rockstar à tueur : le cas Cantat de Netflix, visionnée plus de 100 millions de fois. Ce documentaire en trois épisodes dévoile “plusieurs affirmations et témoignages ne figurant pas” dans les quatre procédures déjà ouvertes et toutes classées sans suite, indique le procureur dans un communiqué publié ce jeudi 24 juillet.
Parmi les témoignages qui intéressent le plus la justice, celui, anonyme et troublant, d’un infirmier intérimaire ayant travaillé dans un service d’urgences de la région bordelaise. Il affirme avoir consulté par curiosité le dossier médical de Krisztina Rády après son décès. Selon lui, ce dossier faisait état d’un passage aux urgences à la suite d’une altercation avec son compagnon. Il y était mentionné un "décollement du cuir chevelu", ainsi que des "bleus et hématomes". La patiente "pleurait beaucoup mais ne voulait pas porter plainte pour protéger ses deux enfants".
Un autre élément interpelle : un message vocal laissés à ses parents, où la victime évoque les coups, les insultes, la terreur. “Salut maman, salut papa, c'est moi. Il y a très longtemps qu'on ne s'est pas parlé. J'en suis rendu à un point... Hier, j'ai failli laisser une dent. Il m'a jeté un truc tellement fort que mon coude est complètement tuméfié.”
Les faits pourraient être prescrits
L’ouverture de cette nouvelle procédure pourrait faire émerger de nouveaux éléments. Yael Mellul, présidente de l'association Femme et libre et avocate spécialiste des violences faites aux femmes, affirme disposer “de nouveaux témoignages à transmettre au parquet de Bordeaux”, sans en dévoiler le contenu. En plus de l’enquête pour recherche des causes de la mort lancée en 2010, deux des “trois autres procédures subséquentes” ouvertes en 2013, 2014 et 2018 font suite à des plaintes déposées par Yael Mellul. Elle reproche à l’enquête initiale d’avoir été menée trop rapidement et cherche à faire reconnaître la notion de “suicide forcé”, qu’elle considère comme résultant de violences psychologiques.
Elle n’est pas la seule : la journaliste Anne-Sophie Jahn, coréalisatrice du documentaire, a également indiqué à franceinfo qu’elle détenait des documents supplémentaires, non diffusés pour préserver l’anonymat des personnes concernées. “Il y a des documents en effet. La justice ne nous a pas contactés, on verra si elle nous contacte par la suite”, précise-t-elle.
Bertrand Cantat pourrait être entendu en tant que suspect dans les prochaines semaines. Mais les faits étant anciens, la prescription pourrait s’appliquer.