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- 1 - Le plan de relance ne passera pas par "une hausse d’impôt"
- 2 - Impôts : "Le gouvernement ne prendra pas le risque de se tirer une balle dans les pieds"
- 3 - Impôts : "À quoi bon être extrêmement impopulaire pour quelques cacahuètes lorsque le trou est abyssal ?"
- 4 - Impôts : certains Français seront amenés "à faire des efforts"
Comme promis par Bercy, le geste fiscal au profit des ménages les plus modestes a été exécuté : "Une baisse inédite de 5 milliards d’euros de l’impôt sur le revenu, conduisant à alléger substantiellement l’effort fiscal des classes moyennes et populaires". Si ce type de mesure a souvent du mal à se matérialiser pour les portefeuilles des contribuables, cette année, 17,3 millions de foyers ont bénéficié d’une économie moyenne de 300 euros. S’y ajoute le bénéfice obtenu grâce à la réforme de la taxe d’habitation : 80% des ménages en ont été exonérés cet automne. Selon l’Administration fiscale, le gain moyen s’élève à 590 euros.
Le plan de relance ne passera pas par "une hausse d’impôt"
Jean Castex et ses ministres l'ont répété à plusieurs reprises ses derniers mois : "Je veux rappeler l'engagement que nous avons pris avec le président de la République. Il n'y aura pas de hausse d'impôt", a déclaré le Premier ministre lors de la présentation du plan de relance. "Nous ne reproduirons pas l'erreur de procéder à une hausse de la fiscalité qui affaiblirait notre croissance et enverrait des signaux négatifs aux ménages et aux entreprises". L’objectif est de le "résorber entièrement à partir de 2025".
Toutefois, la crise sanitaire et la menace d’une troisième vague pourraient-elles bouleverser ces plans ?
"Pour l’heure, le gouvernement a indiqué clairement son objectif, qui est de ne pas augmenter les impôts durant la crise sanitaire. Cela afin d’éviter tout effet récessif tel qu’on l’avait connu lors de la crise en 2012", nous indique Philippe Crevel, économiste et directeur du Cercle de l’Épargne. "D’autre part, cela n’a échappé à personne, l’élection présidentielle 2022 arrive à grands pas. Toute augmentation d’impôt en 2021 pourrait avoir quelques incidences et répercussions sur celle-ci. De telles mesures pourraient être peu populaires.
Qu'adviendra-t-il après 2022 ?
Impôts : "Le gouvernement ne prendra pas le risque de se tirer une balle dans les pieds"
Les raisons économiques et le calendrier électoral n’incite pas le gouvernement à prendre des mesures d’augmentation des impôts. "D’autant que celles-ci cibleraient les 10 ou 20% les plus riches, et qui constituent également son électorat. Il n’a guère envie de se tirer une balle dans le pied voire dans les deux pieds."
Quant à la modification du calendrier de la réforme de la taxe d’habitation, qui doit être supprimée pour l’ensemble des Français en 2023, la question a été plusieurs fois soulevée. Néanmoins, "le Conseil constitutionnel a rappelé à l’ordre le gouvernement en mettant en avant l’égalité devant les impôts".
Une autre mesure pourrait être trouvée, mais pour l’heure, l’exécutif ne s’engage pas vers ce chemin. Qu’en sera-t-il au sortir de la crise ?
Impôts : "À quoi bon être extrêmement impopulaire pour quelques cacahuètes lorsque le trou est abyssal ?"
La priorité est dans le soutien à l’emploi et à l’activité économique.
"Le montant du déficit est tel que ce n’est pas 2 ou 3 milliards qu’il faudrait, mais des centaines de milliards d’euros", détaille l’expert.
"Donc à quoi bon être extrêmement impopulaire en augmentant les impôts pour quelques cacahuètes lorsque le trou est abyssal ?" Cela ne va pas beaucoup changer le niveau du déficit, mais créer de la grogne sociale. "Aujourd’hui, l’objectif est de restaurer la confiance. Il faut que les Français, malgré le contexte très compliqué continue à produire et à consommer. Élever les impôts sur une certaine catégorie de foyers fiscaux risquerait d’être contre-productif sur le plan économique", ajoute-t-il.
"Après 2022, ce sera une autre époque..."
Impôts : certains Français seront amenés "à faire des efforts"
"En 2022, on peut espérer être sorti de la crise sanitaire grâce au vaccin et aux traitements. Si la croissance est forte, cela facilitera le remboursement", détaille Philippe Crevel. Les conditions monétaires présentent également un fort enjeu : "La banque centrale continuera-t-elle à racheter sur une période plus ou moins longue les obligations d’État ou reviendra-t-elle à un mode de fonctionnement classique ?"
Quoi qu’il en soit, il faudra un jour ou l’autre retrouver une situation budgétaire plus traditionnelle.
"C’est pourquoi il est probable qu’à un moment ou un autre, il soit demandé à une certaine catégorie de Français de faire quelques efforts pour contribuer à l’amélioration de la situation", poursuit l’économiste.
Sur ce point, l’imagination fiscale est sans limite : "impôt sur le revenu, taxe sur le numérique même si cela ne rapporte pas grand-chose, augmentation de la CSG possible bien qu’elle soit déjà très haute, réduction des niches fiscales… Le retour à l’ISF ne rapporterait que 2 à 3 milliards d’euros et donnerait une image négative au moment où l’on a besoin d’attirer des capitaux extérieurs. Le meilleur impôt est celui qui a une base large et un taux faible. Or, la sensibilité de l’opinion publique sur les impôts est très forte", ce qui pourrait engendrer, à l’image des Gilets jaunes, une nouvelle fronde sociale.
Et de conclure : "La France a un niveau excessivement élevé de prélèvements obligatoires, l’idée serait alors, un jour ou l’autre, de peut-être faire des économies."