Vendin-le-Vieil : les appels intrigants des narcotraficquants aux numéros verts entraînent un durcissement des règles
L'administration pénitentiaire a repéré une anomalie troublante : des détenus ultra-sécurisés contactent massivement des associations comme "France Victimes" ou "Narcotiques anonymes" sans antécédents de suivi. Face à ce risque de faille sécuritaire majeure, des mesures immédiates ont été prises pour verrouiller le système. Planet fait le point sur cette affaire révélée par Le Parisien.
Une inflation d'appels inexpliquée vers les associations
La direction du centre pénitentiaire de haute sécurité de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) a tiqué sur les relevés téléphoniques récents. Les surveillants ont constaté une augmentation inhabituelle des communications émises depuis le Quartier de Lutte contre la Criminalité Organisée (QLCO), une zone censée être hermétique. Les détenus y multiplient les contacts vers des plateformes d'aide sociale et psychologique.
Parmi les structures sollicitées, on retrouve "Croix Rouge écoute les détenus", "Écoute Dopage" ou encore "France victimes". Le problème soulevé par l'administration est que ces prisonniers n'avaient, pour la plupart, jamais manifesté le moindre intérêt pour ces soutiens par le passé. Ce soudain engouement ressemble fort à un détournement de numéros verts à la prison de Vendin-le-Vieil pour des motifs bien moins avouables que la détresse psychologique.
Une faille de sécurité exploitant la confidentialité
Le cœur du problème réside dans le statut juridique particulier de ces lignes d'écoute. Contrairement aux appels passés aux proches, qui sont systématiquement écoutés et enregistrés par le renseignement pénitentiaire, la confidentialité des appels entre détenus et associations est garantie par la loi. C'est précisément cette "zone d'ombre" auditive que les autorités soupçonnent les caïds d'exploiter.
L'objectif redouté est simple : maintenir la communication des narcos en détention avec leurs réseaux criminels. Selon un expert cité par Le Parisien, le mode opératoire pourrait être redoutable d'efficacité : "Il suffirait de corrompre un bénévole d’une association pour que l’appel soit renvoyé vers le complice d’un narcotrafiquant". Ces détenus, décrits comme "intelligents", chercheraient ainsi à contourner l'isolement strict du QLCO pour continuer à diriger leurs affaires.
Des restrictions immédiates imposées par le ministère
Face à ce risque avéré, la réaction de l'État ne s'est pas fait attendre. Le Garde des Sceaux a validé des mesures du ministère de la Justice suite aux appels suspects pour colmater cette brèche. Une circulaire datée du 16 octobre, relative au "dispositif de téléphonie sociale", encadre désormais sévèrement ces échanges.
Les restrictions d'appels pour les QLCO et narcotrafiquants sont désormais la norme dans les établissements de Vendin-le-Vieil et de Condé-sur-Sarthe. Le but premier de ces quartiers est de "couper du monde les cent narcotrafiquants les plus dangereux". Il est donc impératif de rétablir l'étanchéité de ces prisons pour empêcher la poursuite des trafics depuis la cellule.