“Tordu mais malin” : à Goudelin, un mystérieux frappeur terrorise les retraitées depuis plus de deux ans
Depuis plus de deux ans, un mystérieux individu terrorise une vingtaine de retraitées à Goudelin, petit village des Côtes-d’Armor. Il frappe ou sonne aux portes et aux volets, sans jamais entrer dans les maisons. Les victimes vivent dans la peur constante, redoutant le passage de ce prédateur nocturne.
Solange (tous les prénoms ont été modifiés), retraitée, a installé cinq caméras autour de sa maison pour tenter de surprendre l’homme qui bouleverse ses nuits. “J’aimerais enfin réussir à le voir, ne serait-ce que ses chaussures”, confie-t-elle au Parisien. Les passages du frappeur se produisent à toute heure de la nuit. “C’est généralement entre 21h30 et 6 heures du matin. La veille, il est venu à 23 heures”, précise Solange, qui tient un relevé précis de ses visites.
Georgette, 76 ans, garde un pistolet d’alarme et installe des obstacles devant son portail pour se protéger. “On est épuisées. Personnellement, ça me bouffe”, confie-t-elle, les larmes aux yeux, lors d’une visite à Solange après sa balade matinale. Entre avril 2024 et novembre 2025, Solange a recensé pas moins de 120 passages.
Une cible choisie avec soin
“Au début, je me disais que c’était peut-être dans ma tête. Puis, les mois passant, j’ai commencé à en parler autour de moi et je me suis rendu compte que je n’étais pas seule”, raconte-t-elle au quotidien. Marjolaine, 92 ans, est également visée. “Il a sonné plusieurs fois, frappé à la porte qui donne sur ma salle de bains, jeté des cailloux sur mes volets. Il peut continuer à frapper, je suis devenue sourde, je ne l’entends plus”, plaisante la nonagénaire.
Les femmes âgées semblent choisies avec précision. “Il est tordu mais malin, c’est certain. Il connaît tous les angles morts de mes caméras ou les aveugle avec sa lampe torche. Il ne sonne jamais la même nuit chez moi et ma voisine pour avoir le temps de s’échapper”, souligne Solange.
Zoé, aide à domicile de Marjolaine, déplore le manque de considération des autres habitants : “Il faut quand même être bien dérangé pour faire ça. On se demande quel plaisir cette personne y trouve”, explique-t-elle au Parisien. Au fil des mois, certaines victimes ont senti leur parole remise en question. “À partir du moment où on est âgé, votre voix n’est plus entendue”, déplore Zoé. “On nous a prises pour des folles”, confirme Solange.
Les plaintes déposées à la gendarmerie n’ont pas toujours été immédiatement suivies d’effet. “Au début, quand j’appelais, on me disait : Est-ce que vous lui avez demandé ce qu’il voulait ? Ou : on a envoyé une patrouille mais on n’a rien vu”, ironise Solange.
Une enquête enfin ouverte
Face à la persistance du harcèlement, 18 victimes ont signé une pétition pour alerter la mairie. “La mairie ne voulait pas trop que ça se sache, préférant éviter une psychose”, rapporte Solange. Le maire, Laurent Le Faucheur, reconnaît la difficulté à gérer cette situation : “C’est une forme de harcèlement difficile à maîtriser”. Deux caméras de chasse ont été installées chez une habitante pour surveiller le frappeur.
En septembre, le parquet de Saint-Brieuc a ouvert une enquête pour “violence sans ITT sur personne vulnérable”. Malgré les mesures prises, les victimes restent sur le qui-vive. Bientôt l’heure du dîner approche. Solange ferme sa porte à clé, consciente que la nuit tombera à nouveau sur Goudelin. Qui sera la prochaine cible du frappeur ?