Mort de Philippine : ses parents expriment leur colère un an après le drame

Publié par Alice Ernult
le 17/09/2025
Enterrement de Philippine Le Noir de Carlan
abacapress
© Paoloni Jeremy/ABACA
Un an après le meurtre de leur fille Philippine, tuée dans le bois de Boulogne par un Marocain sous OQTF, ses parents sortent du silence. Ils rendent hommage à une jeune femme “lumineuse” et dénoncent une série de défaillances qui, selon eux, ont conduit à l’irréparable.

Le 20 septembre 2024, Philippine, 19 ans, sortait de l’université Paris-Dauphine pour rejoindre sa chambre étudiante, boulevard Lannes. En passant par le bois de Boulogne ce jour-là, sa route croise celle de Taha Oualidat, un Marocain de 22 ans visé par une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Il venait d’être libéré après avoir purgé une peine de prison pour pour le viol d’une étudiante dans une forêt du Val-d’Oise à l’été 2019. L’autopsie révèle que Philippine a été étranglée.

Depuis, une lumière fluorescente reste allumée chaque nuit dans sa chambre à Montigny-le-Bretonneux, dans les Yvelines. Une manière pour ses parents de conserver sa présence, comme si elle n’était jamais vraiment partie. Philippine était l’avant-dernière d’une fratrie de six. “Philippine est parfaite, elle sait tout faire et fait tout bien”, confie l’une de ses grandes sœurs. Ses parents, Loïc et Blandine, vivent toujours dans la maison familiale, à deux pas du cimetière où repose leur fille. 

“Philippine voulait toujours donner le meilleur d’elle-même”

Un an après le drame, ses parents ont choisi de témoigner dans les colonnes du Figaro. “C’est important pour nous de parler de Philippine, elle était merveilleuse”, confie sa mère, Blandine, enseignante. “Philippine voulait toujours donner le meilleur d’elle-même”, se souvient-elle. “C’était une enfant pleine de vie”, ajoute son père, Loïc. Tous deux évoquent une jeune fille "courageuse, rayonnante, intelligente"

“Il n’aurait jamais dû se trouver sur son chemin”

Mais derrière l’émotion, la colère ne faiblit pas. Pour Loïc et Blandine, le drame aurait pu être évité. Le suspect, Taha Oualidat, venait de sortir de prison. Il avait été assigné à résidence dans un hôtel près d’Auxerre, mais ne s’y est jamais présenté. Et pourtant, aucune mesure n’a été prise. “Cet individu n’aurait jamais dû se trouver sur son chemin, donc c’est encore plus révoltant”, s’indigne Blandine.

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“Elle traversait le bois de Boulogne à deux heures de l’après-midi, à un endroit où des gens passaient”, insiste-t-elle. Et de prévenir : “Les gens doivent comprendre que leurs petites peuvent être toutes mignonnes, habillées en pantalon, en tee-shirt, il y a des gens qui veulent du mal.” Un sentiment d’injustice renforcé par le silence des institutions : “Ceux qui ont failli à leur fonction n’ont pas eu un mot pour Philippine, aucun n’a envoyé une gerbe sur sa tombe. Cela montre à quel point ils ne se sentent ni coupables ni responsables.”

Une colère contre la censure de la loi Marleix

Au-delà du drame personnel, les parents de Philippine dénoncent aussi des dysfonctionnements. En août, le Conseil constitutionnel censurait la proposition de loi portée par le député LR Olivier Marleix, décédé peu avant, visant à allonger la durée maximale de rétention pour les étrangers dangereux. “L’abrogation de la loi Marleix m’a écœurée et anéantie. Comment des hommes et des femmes peuvent prendre le risque que nos jeunes soient assassinés ?”, interroge, bouleversée, la mère de Philippine qui espérait que ce texte puisse “sauver” d’autres vies.

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