Fraude : arrêté en France, un Algérien risque 207 ans de prison
Il n'aurait jamais dû quitter Dubaï, où il avait élu domicile sans doute grâce à l'argent qu'il avait amassé. Sami D. est un ressortissant algérien arrêté en France a l'été 2024 et qui risque désormais... 207 ans de prison ! Pas chez nous évidemment, où le non cumul des peines s'applique, mais aux Etats-Unis, pays qui avait émis à son encontre un mandat d'arrêt international en 2021, et où les peines peuvent au contraire s'additionner. Mais qu'a-t-il fait pour avoir une telle sentence comme épée de Damoclès au-dessus de la tête ?
Fraudeur multirécidiviste et usurpateur d'identité ?
Le cas de Sami D. avait été évoqué la première fois par Le Parisien en janvier 2025. Il comparaissait une troisième fois devant la chambre d'instruction de Paris propos de son extradition, qu'il conteste et refuse évidemment. Le quotidien rapportait alors qu'au cours des différentes audiences, même l'assistance clamait un "ohhh" quand les magistrats et son avocat faisaient état de la peine encourue outre-Atlantique, à trois chiffres. Car en France, même si la délinquance financière est sévèrement punie, ce n'est pas dans les même proportions. Or, l'Algérien de 39 ans est accusé par l'Oncle Sam d'avoir commis de multiples fraudes "électroniques" entre 2017 et 2020, et pire, d'avoir usurpé l'identité d'un juge de l'état de Virginie, ce qui lui a valu le mandat d'arrêt international.
Il aurait gagné jusqu'à 2 millions de dollars par fraude
D'après la justice américaine, Sami D. détournait des noms de domaines de sites internet et les revendait frauduleusement entre 60 000 et 2 millions de dollars chacun. De quoi engranger une véritable fortune. Il est pour l'instant libre, mais sous bracelet électronique, après plusieurs mois de détention nous apprend Le Figaro. Il se dit "complètement innocent" et affirme qu'il a lui-même été victime d'une usurpation d'identité "par le passé" a déclaré son avocat, maître David-Olivier Kaminski, lors de la dernière audience mercredi 9 juillet.
La justice française veut négocier avec les Etats-Unis
Notre pays n'extrade pas ses ressortissants. Mais Sami D. étant algérien, cela change la donne. Toutefois, la justice française estime démesurée la peine qui l'attend. Aussi, "La chambre de l'instruction avait ordonné un complément d'informations sur les conditions d'aménagement et réduction de peines possibles" écrivent nos confrères. Toujours au cours de la dernière audience mercredi, les Américains ont fait un - tout petit - pas en ce sens : ils ont mis en avant une éventuelle grâce présidentielle, difficile à imaginer sous le mandat de Donald Trump. Mais principalement, et seulement si Sami D. plaide coupable, une possibilité de remise de peine : 58 jours par année de détention prévue. Le compte n'y est pas pour son avocat.
Il lui resterait 176 ans à passer derrière les barreaux !
En vertu de la loi américaine, les magistrats ont rappelé pourquoi Sami D. risquait 207 ans de prison : "Chaque fraude informatique est passible de 20 ans de prison, soit un total de 200 ans, auxquels il faut ajouter deux ans pour usurpation aggravée et cinq ans pour falsification de signature." Pour maître David-Olivier Kaminski, qui a demandé le rejet de la demande d'extradition, il n'y a "aucune garantie (que son client, ndlr) soit in fine condamné à une peine qui corresponde" aux valeurs "de la justice française." Et souligné que 58 jours de réduction de peine par an sur un total de 207 laisserait à Sami D. 176 ans à passer derrière les barreaux... "Un loto judiciaire américain" pour l'avocat. Le délibéré aura lieu le 3 septembre.