L'ancien chef de l'Etat et député de Corrèze doit diffuser ce samedi 9 novembre le premier épisode de cette émission audio ou "podcast" dans laquelle il recevra des invités pour les interviewer.
Nous avions déjà évoqué le cas de Jérôme V., cet homme de 46 ans, ex-employé de supérette, brisé par la mort accidentelle de son fils.Ce qui ne l'avait pas empêché de retourner six fois violer Gisèle Pélicot comme l'ont prouvé les vidéos et photos retrouvées par les enquêteurs sur le disque dur de son mari Dominique.Seul trois autres accusés ont été aussi "assidus" que Jérôme V. dans l'horreur.
"Je n’y retournais pas parce que le 'mode viol' me correspondait, mais parce que je ne pouvais pas contrôler ma sexualité" déclare-t-il.Ses propos rapportés par le Huffington Post font froid dans le dos. Lui qui comparait en tant que détenu se décrit comme quelqu'un de "soumis". A Dominique Pélicot ?
C'est en tout cas ce que laisse penser sa ligne de défense :"j’avais une incapacité à m’affirmer face à monsieur Pelicot. Je ne sais pas dire 'non' à monsieur Pelicot, et je renonce." Il veut dire par là qu'il renonce à ne pas violer la victime. Difficile de se justifier de façon plus maladroite pour tenter de convaincre juges et jurés.
Un violeur multirécidiviste aux multiples conquètes
"Je pense avec le temps, à cause de mon addiction,avoir été de moins en moins regardant sur ce que j’attendais de mes partenaires, ce qui m’a aussi poussé à aller voir des travestis notamment" poursuit Jérôme V. "En effet, vous avez tout exploré en matière sexuelle" lui répond de façon sarcastique le président de la cour, Roger Arat, soulignant qu'il avait également fréquenté "de nombreux clubs libertins."
Chez lui, les enquêteurs ont mis la main sur une liste de 89 conquètes, qu'il comptait de manière compulsive, mais sur laquelle n'est pas inscrit le nom de Gisèle Pélicot. "Je n’estime pas que c’est une conquête."
A propos de la façon dont il aurait été attiré dans les filets de Dominique Pélicot, il se défend à nouveau maladroitement :"son mode de fonctionnement était de balancer des photos (de Gisèle) dans la foulée, pour espérer que cela puisse faire une réaction, et pour un profil comme le mien, ça en a eu une. Je voulais m’extraire de ça, je fuyais, j’espérais qu’il ne me contacte plus, mais je n’ai rien fait pour que cela cesse." Un début de reconnaissance de sa reponsabilité, mais qui ne dure pas.
"C’est compliqué de vous dire pourquoi je n’ai pas été capable de dire 'il faut que ça cesse'. J’avais peur de l’impact, qu’il diffuse les photos." Il déclare ensuite avoir été "sous l'emprise" du mari prédateur, argument balayé par l'avocate de ce dernier, Béatrice Zavarro, sur la base des rapports d'experts : "il s’agit d’une excuse que vous sortez auprès du juge pour vous justifier et éviter de perdre votre compagne."
Car celle-ci, en réalité son ex-compagne, surnommée "Marie" pour conserver son anonymat, avait défendu Jérôme V. lors de son audition le lundi précédent.Elle espère en effet que leur relation "reprenne".
Au tour de Thierry, 61 ans et adepte de pédopornographie
Thierry P., frigoriste de 61 ans,est déjà inculpé pour détention de centaines de vidéos et photos à caractère pédopornographique et zoophile, découvertes chez lui durant l'enquête."Des images nombreuses, d’une violence rare" affirme Antoine Camus, avocat de Gisèle Pélicot. Comme le rapporte Le Nouvel Observateur, il évoque les difficultés qu'il a rencontrées avec le sexe opposé dans sa vie."J’étais dans la souffrance de ne pas sauver les femmes."
Mais Roger Arat ne le laisse pas terminer :"vous avez parlé à l’enquêtrice de personnalité de libertinage et d’une sexualité libre et sans tabou. Jusqu’où ?" Thierry P. s'enfonce : "on peut parler de tout : de pédopornographie, de zoophilie, de scatophilie, toutes ces parties attenantes à la sexualité. Ce qui ne veut pas dire que je pratique." Il glace tout de même l'audience par cette réponse directe.
Mais il ne s'arrête pas là. Si c'est lors du procès qu'il a découvert le terme de "somnophilie"(envie ou désir d’avoir une relation sexuelle avec quelqu’un qui dort, nous apprend L'Obs), ce n'était pas la première fois qu'il pratiquait un acte similaire à celui commis sur Gisèle Pélicot.
Il fait le rapprochement avec des "expériences passées"
Le procès, encore une fois, lui a fait faire le rapprochement entre l'affaire pour laquelle il comparait et des expériences passées avec des hommes qui lui auraient dit : "viens faire l’amour avec ma femme, elle sera endormie, elle ne veut pas savoir, on filme."
Le président de la cour intervient :"ne trouvez-vous pas que cela se rapproche étrangement de ce que l’on examine ?" Et Thierry P. s'enfonce à nouveau :
"ce sont trois expériences que j’ai vécues .A chaque fois la femme était endormie ou faisait semblant de dormir. Je n’étais pas en capacité de savoir si elle dormait ou pas. Une fois, elle s’est réveillée et ça a fini en triolisme. Les deux autres, je suis reparti sans même avoir vu son visage."
"Vous repartiez sans avoir vu son visage ? Comment l’expliquez-vous ?" lui demande un assesseur, relate Le Nouvel Observateur. Thierry P. refige alors la salle :"les maris disent : 'elle ne veut pas savoir vraiment, on le découvrira demain sur les images'. Et puis, tout se fait dans la pénombre et la femme est souvent allongée sur le côté, je les prends par l’arrière."
Il reconnait que ces femmes avaient les "yeux bandés"et qu'il n'avait pas systématiquement leur consentement. Il parle ensuite des bienfaits de sa détention : "je me suis aperçu que j’étais formaté par ce milieu libertin dans lequel on fait confiance à l’homme, au couple, sans jamais demander le consentement. C’est mécanique, dans ce contexte, on oublie de réfléchir. J’évolue beaucoup."
Après avoir longuement parlé de lui, l'accusé a enfin des mots pour la victime, en s'adressant directement à elle : "je suis meurtri de ce qui est arrivé à Madame Pelicot. Je m’excuse de n’avoir pas su la protéger, pas su protéger sa famille. Je m’en veux."
Puis sa défense retombe dans le tragi-comique : "après la prison, j’aimerais créer une association pour permettre aux hommes comme moi de comprendre qu’il faut avoir le consentement, que c’est primordial. J’irai dans les clubs libertins dire 'Attention, n’oubliez pas le consentement !' On oublie, on est formatés. Pour que ce qui est arrivé à Madame Pelicot n’arrive plus, parce que c’est inadmissible."
Et de surenchérir : "ça va peut-être paraître pédant, mais j’espère contribuer à faire évoluer les mentalités." Son propre avocat le questionne alors sur la façon dont il se perçoit aujourd'hui. Thierry P. embraye :"maintenant, ça m’obsède. Je me dis : 'Putain ! Comment j’ai pu être aussi con et oublier le consentement ?' Je me sens ridicule."
Psychiatres et psychologues n'ont pas mordu à l'hameçon. On a ainsi pu les entendre parler pêle-même de "regrets vagues", de "tendance à reporter la responsabilité sur l’extérieur en évitant de se questionner sur son implication personnelle","d'absence de sentiment de honte et d’empathie envers la victime..." Une phrase a surtout choqué l'une des praticiennes : "comment ce couple a pu en arriver là ?" a osé demander Thierry P.
L'experte psychiatre conclut :"il reconnaît le viol, mais ne se reconnaît pas comme violeur car n’ayant pas l’intentionnalité". Pourtant, à l'ouverture du procès, après avoir reconnu les faits, quand le président lui a demandé :"donc vous reconnaissez le viol ?", Thierry P. a repondu "non".