Affaire Mazan : cette avocate de la défense est poursuivie en conseil de discipline

Publié par Elise Laurent
le 25/11/2025
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Déjà sous le coup d’une suspension d'un an avec sursis, l’avocate Nadia El Bouroumi est de nouveau convoquée en conseil de discipline. Elle s'était fait remarquer notamment pour ses vidéos sur les réseaux sociaux en marge du procès de Mazan.
 

Sa défense controversée lors du procès des viols de Mazan l'a placée sous le feu des projecteurs. Maître Nadia El Bouroumi, avocate du barreau d'Avignon, se retrouve une nouvelle fois dans le viseur de ses pairs. Une nouvelle procédure a été lancée à son encontre pour des vidéos publiées sur les réseaux sociaux durant le procès des viols de Mazan. 

Chargée de défendre deux des cinquante accusés, Jean-Marc Leloup et Omar Douiri, l’avocate avait multiplié les interventions controversées dans la salle d’audience. Très vite, Nadia El Bouroumi s’est fait remarquer des journalistes en interpellant vivement Gisèle Pelicot, jusqu’à faire éclater la sexagénaire : "On cherche quoi dans cette salle ? À ce que je sois coupable ?". 

Des vidéos polémiques au cœur de la nouvelle procédure

Le 26 novembre 2025, Me Nadia El Bouroumi devrait de nouveau comparaître devant le Conseil Régional de Discipline (CRD) de la cour d'appel de Nîmes. Selon les informations de Libération, cette procédure a été initiée en décembre dernier par le Bâtonnier d'Avignon, suite à plusieurs publications de l'avocate sur les réseaux sociaux entre septembre et décembre 2024, en plein cœur de l'affaire Mazan.

Il lui est reproché des "manquements à la modération et à la délicatesse", des principes essentiels de la profession. Dans le viseur de l'Ordre, une vidéo en particulier, publiée sur son compte TikTok et son Instagram, où l'avocate se filmait dans sa voiture sur la chanson "Wake me up before you go-go" (Réveille-moi avant que tu ne partes NDLR) du groupe Wham. Cette publication a été largement interprétée comme une provocation envers la victime, Gisèle Pelicot, qui a été drgouée par son mari et violée par des dizaines d'inconnus pendant des années. 

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Entre liberté d'expression et déontologie de l'avocat

Cette affaire met en lumière le débat complexe entre la liberté d'expression de l'avocat sur les réseaux sociaux et la déontologie stricte qui encadre la profession. Les avocats sont en effet tenus de faire preuve de dignité, de délicatesse et de modération dans toutes leurs communications publiques. De leur côté, Me El Bouroumi et ses conseils plaident la mauvaise interprétation des extraits vidéo et invoquent la liberté d’expression.

La défense de l'avocate soulève également un vice de procédure potentiel. Selon elle, les vidéos en question, qui ont été supprimées depuis, n'auraient pas été versées au dossier dans leur intégralité. Cet argument pourrait, si la juridiction disciplinaire le retient, faire "tomber les poursuites à l'eau", rapporte Libération. Ce nouvel épisode s'inscrit dans le climat déjà houleux du procès de Mazan, où les prises de position de l'avocate avaient suscité une vive polémique.

Le risque d'une suspension ferme plane sur l'avocate

L'avocate avait déjà été condamnée en avril dernier par le CRD à un an de suspension avec sursis pour des faits antérieurs, notamment pour avoir été actionnaire majoritaire d'une société de coaching, une activité jugée incompatible avec la profession d'avocat. Elle avait fait appel. Dans cette nouvelle confrontation, elle entend aller jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme, préviennent ses défenseurs.
 

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