Étiquettes trompeuses : 5 pièges marketing à éviter au supermarché

Un tiers des consommateurs estime que les allégations figurant sur les emballages sont claires et fiables. C'est pourtant loin d'être le cas. Derrière une typographie rassurante, une imagerie champêtre et des mots évocateurs, la réalité industrielle est souvent bien différente. L'UFC-Que Choisir a récemment levé le voile sur ces pratiques, révélant que de nombreuses mentions, censées garantir la qualité, relèvent davantage de la stratégie commerciale que de la vérité culinaire.

Pourquoi la mention « artisanal » est-elle si controversée ?

Prenons l'exemple du miel, produit phare de nos placards censé incarner la nature brute. En 2023, une enquête a révélé un chiffre stupéfiant : 62% des miels testés étiquetés "artisanal" provenaient en réalité de mélanges industriels, parfois importés de l'autre bout du monde. Pour la DGCCRF, le terme "artisanal" impose théoriquement que le fabricant soit un artisan inscrit au registre des métiers.

Or, cette règle est massivement contournée. Que ce soit sur les pots de miel, les savons ou les cosmétiques, les industriels n'hésitent pas à utiliser ce mot-clé pour vous vendre une image d'authenticité et de fabrication manuelle qui n'existe tout simplement pas. Le constat est amer : derrière ces promesses, vous achetez souvent une production standardisée.

Quelles sont les 5 mentions qui vous induisent en erreur ?

Il est temps de faire le tri entre promesse et réalité légale. Voici les pièges les plus fréquents repérés dans les rayons, où le marketing joue sur les mots.

D'abord, le très populaire "sans sucres ajoutés". Selon la réglementation européenne de 2006, cela signifie qu'aucun édulcorant n'a été additionné lors de la fabrication. Mais attention à la nuance : cela ne veut pas dire "sans sucre". Votre jus de fruit ou votre compote peuvent être naturellement très riches en fructose. Il est donc crucial de bien saisir la différence entre "sans sucres ajoutés" et produits faibles en sucre, d'autant que certaines marques trichent en intégrant des édulcorants de synthèse pour compenser le goût.

Ensuite, méfiez-vous du terme "naturel". S'il évoque un produit non transformé, le flou juridique qui l'entoure en fait un paravent idéal pour masquer une faible valeur ajoutée sans régulation stricte. De même, les mentions "à l'ancienne" ou "de tradition" devraient garantir des usages anciens répertoriés sans additifs. Pourtant, faute de liste exhaustive, les industriels l'apposent sur des recettes modernisées contenant parfois des conservateurs.

Enfin, l'appellation "du terroir" est l'une des mentions trompeuses sur les étiquettes alimentaires les plus courantes. Contrairement aux AOP ou IGP, elle n'offre aucune garantie géographique précise et sert souvent à créer une fausse proximité avec le consommateur.

Comment repérer la vraie qualité en rayon ?

Pour ne plus tomber dans le panneau, adoptez trois réflexes simples. Premièrement, privilégiez toujours les signes officiels de qualité (AOP, IGP, Label Rouge, Agriculture Biologique). Contrairement aux slogans marketing, ces labels répondent à des cahiers des charges précis et contrôlés.

Deuxièmement, le décryptage des allégations "artisanal" et "naturel" passe obligatoirement par la lecture de la liste des ingrédients (INCI). C'est le seul juge de paix : traquez les additifs (codes E) et les substituts qui n'ont rien à faire dans une recette traditionnelle.

Enfin, pour vérifier l'origine et la composition des aliments transformés, ne vous fiez jamais au drapeau tricolore imprimé sur le paquet. Cherchez la petite ligne indiquant le pays de fabrication ou l'origine des ingrédients (comme "Miel origine UE et hors UE"). Suivre les conseils de l'UFC-Que Choisir pour choisir ses produits reste aujourd'hui votre meilleure défense contre ces abus.