Quand la justice transforme un consensus scientifique en « vérité officielle » non débattable
Par une décision rendue ce 6 novembre 2025, la plus haute juridiction administrative a rejeté le recours de la chaîne d'information, confirmant une sanction de 20 000 euros prononcée par l'Arcom en juillet 2024. Au-delà du cas de la chaîne, ce verdict soulève une question fondamentale sur la place du débat scientifique dans l'espace public et la responsabilité des médias. Planet.fr décrypte les enjeux d'un arrêt qui fera date.
Une sanction pour désinformation climatique validée
L'affaire trouve son origine le 8 août 2023, sur le plateau de l'émission Punchline Été. L'économiste Philippe Herlin y déclarait que le réchauffement climatique anthropique est « un mensonge, une escroquerie ». Face à l'absence de contradiction de la part des autres personnes présentes, l'Arcom, le régulateur des médias, avait sanctionné la chaîne pour manquement à son obligation d'honnêteté et de rigueur de l'information.
En rejetant le recours de la chaîne, la décision du Conseil d'État concernant CNews (n° 497471) vient graver dans le marbre juridique une ligne rouge en matière de désinformation climatique. Le jugement initial de l'Arcom sur ces propos climatosceptiques est donc définitivement confirmé, établissant que la diffusion « de propos grossièrement erronés et manifestement non conformes aux données acquises de la science » sans recadrage constitue une faute.
Une distinction cruciale entre modèle et loi scientifique
Le cœur du débat repose sur la notion de « données acquises de la science ». En se basant notamment sur le rapport du GIEC de 2021, la justice traite l'origine humaine du réchauffement climatique non plus comme une opinion, mais comme un fait établi. De fait, la décision trace une limite entre le consensus scientifique et ce que certains critiques qualifient de vérité officielle imposée aux médias. Pour ces derniers, le terme même de « consensus scientifique » est un « bel oxymore », car la science avancerait par la réfutation et non par l'adhésion majoritaire.
C'est l'un des arguments de Philippe Herlin qui, pour justifier sa position, affirme que la théorie du réchauffement anthropique « n'est pas une loi de la science ». Cette phrase souligne une distinction entre un modèle climatique, aussi robuste soit-il, et une loi de la science immuable comme la gravité. Les modèles sont des outils de prévision basés sur des équations complexes, tandis qu'une loi décrit un phénomène vérifié et universel. L'amalgame entre les deux est, pour les climatosceptiques, le péché originel de ce débat.
Les conséquences sur la liberté d'expression
Les opposants à cette jurisprudence dénoncent une forme de censure et un risque d'instaurer une « vérité officielle » sur le climat. Les conséquences de l'arrêt CNews sur la liberté d'expression inquiètent ainsi de nombreux observateurs, qui craignent que toute remise en cause des modèles du GIEC devienne impossible sur un plateau de télévision. La crainte est que le débat se ferme sur les faits scientifiques pour ne s'ouvrir que sur les solutions politiques qui en découlent.