Cyberattaque au ministère de l’Intérieur : des fichiers confidentiels consultés, vos informations en font-elles partie ?

Publié par Suruthi Srikumar
le 17/12/2025
Cyberattaque au ministère de l’Intérieur : des dizaines de fichiers confidentiels consultés, vos informations en font-elles partie ?
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Ce mercredi 17 décembre, le ministre de l’intérieur a confirmé que les services de Beauvau ont été la cible d’une cyberattaque massive, évoquant "un acte très grave", qui a engendré la publication de fichiers contenant des données personnelles sensibles.

La semaine dernière, une intrusion a visé les serveurs de messagerie du ministère de l'Intérieur, permettant à des pirates d'accéder à des correspondances professionnelles. Si l'événement suscite l'inquiétude, c'est parce qu'il touche aux nerfs de la sécurité nationale : les fichiers de police.

Une intrusion confirmée mais minimisée par l'État

L'attaque, survenue il y a quelques jours, a permis à des hackers de s'infiltrer dans le système via des boîtes mail professionnelles, récupérant ainsi des codes d'accès. Le ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez, a formellement démenti le pillage massif évoqué par les pirates. Il a reconnu une intrusion, mais a précisé que le nombre de fichiers volés au ministère de l'Intérieur se limite à "quelques dizaines de fichiers confidentiels", réfutant le chiffre de 16 millions avancé en ligne. "Des fichiers importants pour nous", a expliqué le ministre, rapporte Le Monde

Une enquête a été immédiatement confiée à l'Office Anti-Cybercriminalité (OFAC) sous l'autorité du parquet de Paris pour faire toute la lumière sur cette brèche. "On continue à investiguer […] on a saisi immédiatement la justice, on a saisi la Cnil [Commission nationale de l’informatique et des libertés] comme la loi nous l’impose et puis il y a une enquête administrative que j’ai demandée", a poursuivi Laurent Nuñez.

Le fichier TAJ : victimes et suspects fichés

Au cœur des inquiétudes se trouve le Traitement des Antécédents Judiciaires (TAJ). Contrairement aux idées reçues, ce fichier ne recense pas uniquement les grands criminels. Pour comprendre qui est fiché dans le fichier TAJ en France, il faut savoir qu'il centralise les informations de toutes les personnes mises en cause dans une enquête pénale, même si l'affaire a été classée sans suite ou s'est soldée par un acquittement.

"On ne connaît pas encore l’ampleur de la compromission, on ne sait pas ce qui a été extrait : à date, quelques dizaines de fiches ont pu être sorties du système", poursuit M. Nunèz. "Quelqu’un de malveillant a pu récupérer un certain nombre de mots de passe de boîtes mails", a détaillé M. Nunèz, précisant que cette personne "a pu récupérer des codes (…) pour accéder à certains de nos systèmes d’information". "Les données publiées proviennent de nos bases", conclut le ministre, précise encore Le Monde. 

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Plus surprenant pour le grand public, le TAJ contient également les données personnelles des victimes d'infractions. Identité complète, adresse, profession, situation familiale et même photographies peuvent y figurer. Avec plus de 24 millions de fiches enregistrées, c'est une base de données colossale utilisée pour les enquêtes administratives, comme l'accès à certains emplois sensibles ou la naturalisation. 

FPR et sécurité nationale : des données critiques

L'autre fichier concerné par cette consultation illicite est le Fichier des Personnes Recherchées (FPR). Il s'agit d'un outil de surveillance recensant environ 642 000 fiches actives. Il regroupe les individus faisant l'objet d'une mesure de recherche judiciaire ou administrative, incluant les étrangers sous OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) ou les débiteurs du Trésor public.

C'est aussi dans ce fichier que l'on retrouve les fameuses fiches S ("Sûreté de l'État"), destinées à prévenir les menaces graves pour la sécurité publique. Les données sensibles extraites du ministère de l'Intérieur, même en faible volume selon la version officielle, touchent donc potentiellement à des profils à haut risque ou à des informations stratégiques pour la sûreté nationale.

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