Allocution d’Emmanuel Macron : ce que ses gestes ont trahiEmmanuel Macron le 28 octobre.AFP
INTERVIEW. Les propos d'Emmanuel Macron, lors de son allocution du 28 octobre, ont été abondamment commentés, mais pas sa gestuelle. Qu'a-t-elle dévoilé de son état d'esprit ? On fait le point avec Pascal Poetto, synergologue.
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De nouvelles annonces et beaucoup de pédagogie. La prise de parole d’Emmanuel Macron était très attendue mercredi 28 octobre, alors que la situation sanitaire s’aggrave en France. Pendant 25 minutes, le chef de l’Etat a dressé le bilan des deux dernières semaines, expliquant pourquoi le couvre-feu était nécessaire, mais surtout les raisons pour lesquelles il n’était pas assez efficace. Emmanuel Macron est aussi revenu sur le premier confinement, au printemps dernier, rappelant pourquoi il avait été décrété avant d’annoncer les toutes nouvelles mesures.

Allocution d’Emmanuel Macron : "Une absence de clignement des paupières"

Les réactions au discours du président ne se sont pas fait attendre, du côté des citoyens comme de celui de l’opposition. Certains dénoncent une gestion "erratique" de l’épidémie, quand d’autres évoquent une "injustice" pour les commerces qui sont obligés de fermer leurs portes dès jeudi soir. S’il y a une chose qui a frappé, c’est aussi le ton adopté par Emmanuel Macron, solennel et pédagogique. Qu’ont exprimé les gestes du président et les expressions de son visage ? Faut-il voir un message dans cette communication non-verbale ?

Interrogé à ce sujet par Planet, Pascal Poetto – synergologue et fondateur d’Evocom-consulting, précise qu’avec cet exercice "il y a plein de facteurs qui rentrent en compte" car il s’agit d’une "communication préparée", et rappelle que le chef de l’Etat lit un prompteur. Contrairement à l’exercice de l’interview, il ne s’adresse pas à une autre personne, mais à une caméra, ce qui rend difficile le décryptage de ses expressions non-verbales. "On a une focalisation active au niveau des yeux et il y a une absence de clignement des paupières, comme on peut le voir chez des enfants qui récitent une poésie", ajoute le synergologue. Ses mains ont aussi trahi quelque peu sa pensée...

Allocution d’Emmanuel Macron : des gestes "platoniques"

Pascal Poetto explique à Planet que les mains du président ont bien montré, mercredi soir, que son discours était préparé. "Il a les mains jointes et il fait des gestes platoniques, la main se décolle parfois du bureau et parfois pas. On voit aussi qu’il fait des gestes de haut en bas, comme une hache. On dit que c’est platonique, ce qui signifie que ‘c’est comme ça et pas autrement’".

A plusieurs reprises lors de son discours, Emmanuel Macron rétracte ses lèvres, souvent au début d’une nouvelle phrase. S’il tient à rappeler le contexte particulier dans lequel a eu lieu cette allocution, sans personne à qui s’adresser réellement, Pascal Poetto explique que "la bouche en huitre, lorsque les lèvres se rétractent, ça signifie qu’on va retenir quelques propos, généralement liés à des propos négatifs".

Selon le synergologue, "si on s’attarde sur sa stature – c’est-à-dire sa propre identité corporelle – on voit qu’il est très épuisé, professionnellement parlant". Une fatigue qui se voit surtout "au niveau de ses yeux".

Allocution d’Emmanuel Macron : ce que révèle son œil droit

Pour comprendre ce que traverse Emmanuel Macron, il faut donc s’attarder sur ses yeux. Seul face aux Français, Emmanuel Macron a affirmé "assumer" la gestion de la crise sanitaire, tout comme les nouvelles décisions qu’il s’apprêtait à annoncer. Pour le fondateur d’Evocom-consulting, si le président dit "je", cette décision ne vient pas seulement de lui, mais de toutes les personnes et instances qui l’ont entouré. Il est donc "le messager" de cette décision mais, au-delà, "il subit et on le voit dans sa stature, au niveau de la paupière inférieure de son œil droit, qui tombe un peu, c’est lié à un burnout de sa fonction de président", ajoute-t-il. "Il faut dire que lors de son accession au pouvoir, Emmanuel Macron n’imaginait pas traverser une telle crise", conclut Pascal Poetto. Et ça se voit.