En cas de décès, la pension de réversion peut être accordée aux proches du défunt. Qui peut en bénéficier et à quelles conditions ? On fait le point.
Misophone, "je ne supportais pas d’entendre mes parents mastiquer, parler la bouche pleine ou avaler bruyamment"
Tout a commencé il y a dix-huit ans, mais cela s’est véritablement concrétisé à l’adolescence. Lors des repas, je ne supportais pas d’entendre mes parents mastiquer, parler la bouche pleine ou avaler bruyamment. C’était terrible, parce qu’à cet âge-là, nous ne sommes pas totalement libres de nos mouvements : nous ne pouvons pas quitter la table lorsque nous le souhaitons.
En cas de "crise", je devenais incontrôlable : je les insultais, claquais les portes, et me griffais violemment les bras pour essayer de penser à autre chose. Ils m’ont alors forcée à aller voir une psychologue. Aujourd’hui, avec du recul, je ne pense pas en avoir tiré un quelconque bénéfice.
Avec l’arrivée à l’âge adulte, je me suis petit à petit créée ma propre vie. Cela m’a aidée à moins souffrir de la misophonie, mais malheureusement, le problème s’est accentué. Au début, les symptômes ne se manifestaient que lorsque mon entourage était en train de manger. Aujourd’hui, je suis également dérangée par les reniflements, les respirations ou les bruits de salive. Autre nouveauté : l’aspect visuel. Il m’arrive d’être agacée par quelqu’un qui va se toucher le nez ou la bouche avec insistance.
"Beaucoup de personnes ont conscience que les bruits me dérangent, mais elles ignorent à quel point"
Dans ces moments-là, c’est comme un bouillonnement à l’intérieur de moi. La colère monte, je ressens de la haine envers la situation et envers celui qui en est à l’origine. J’ai envie de le pousser violemment, de tout casser. C’est douloureux : une tension dans tout le corps, une boule qui serre le ventre… C’est presque une torture, comme si j’étais prise au piège et que quelqu’un venait empiéter sur mon territoire.
Être misophone, c’est se sentir vulnérable à chaque instant. Il n’y a pas un jour où je ne pense pas aux stratégies d’évitement que je pourrais mettre en place pour améliorer mon quotidien. Je suis obligée de porter des boule-quies au travail, lors d’un dîner entre amis, ou encore au cinéma. Cela veut dire garder les cheveux détachés, même lorsqu’il fait très chaud, pour que cela ne se voit pas. Beaucoup de personnes ont conscience que les bruits me dérangent, mais elles ignorent à quel point. Seuls mon mari et ma meilleure copine, à qui j’en ai parlé récemment, sont au courant.
Le pire, c’est lorsque cela se manifeste quand je suis entourée de mes proches. Il m’est par exemple difficile de lire un roman à côté de mon époux sans être sur le qui-vive à cause de sa respiration. Nous avons un fils de 3 ans, et pour le moment, les symptômes n’apparaissent pas quand je suis avec lui. Mais je n’ai qu’une crainte, c’est que cela vienne tôt ou tard... Comme le prédisent les nombreux témoignages que j’ai pu lire sur des forums dédiés.
J’attends un deuxième enfant, et la misophonie se manifeste de façon encore plus prononcée. Parfois, cela devient un véritable cauchemar. Il arrive que je perde espoir, que je me dise que je n’y arriverai jamais : cela gâche ma vie et celle des personnes que j’aime le plus.
Pour m’en sortir, j’ai tenté beaucoup de choses. Entre mes 22 et 26 ans, j’ai été suivie par une psychologue, qui m’a permis de résoudre de nombreux problèmes. Plus récemment, je suis allée voir un hypnothérapeute, et j’ai rencontré un spécialiste qui pratique la méthode EFT. Elle consiste à aider le patient à vivre ses émotions bloquées. De nature optimiste, j’espère que je pourrai bientôt tourner cette page de ma vie.
*A la demande de l’intéressée, le prénom a été modifié